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Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval , Grand louvetier de Normandie

1°) Livrée et Armoiries du louvetier Vaumesle d'Enneval de l'élection d'Argentan . 2°) Equipage de la louveterie provinciale des Vaumesle d'Enneval en Gévaudan .
1°) Livrée et Armoiries du louvetier Vaumesle d'Enneval de l'élection d'Argentan . 2°) Equipage de la louveterie provinciale des Vaumesle d'Enneval en Gévaudan .

1°) Livrée et Armoiries du louvetier Vaumesle d'Enneval de l'élection d'Argentan . 2°) Equipage de la louveterie provinciale des Vaumesle d'Enneval en Gévaudan .

Comme nous l'avons laissé entendre dans les notes en annexe du précédent article , Le louvetier provincial Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval  (1)   avait proposé ses services au roi Louis XV par l'intermédiaire de l'intendant Lavignen d'Alençon et du sieur Cromeau ( commis aux finances auprès du Ministre de l'Averdy ) afin de tenter de débarrasser le Gévaudan de sa Bête tueuse . Le roi accepta sa proposition car des nouvelles désastreuses remontaient un peu plus chaque jour en provenance du Gévaudan , rappelant sans cesse à sa mémoire l'existence de cette bête qui dévorait sans pitié ses faibles sujets avec une terrible sensation d'impunité qui constituait à la longue une ambiance nauséabonde paradant tel un grand flottement d'efficacité autour de son pouvoir .   D'Enneval était un louvetier provincial très expérimenté , gratifié de l'élimination de près de trois mille loups , dont une meute de loups noirs dans la forêt d'Eu en Normandie . Il s'agissait des terres des domaines du comte d'Eu (famille du Maine) , qui avait hérité de la gouvernance du Languedoc (et donc du Gévaudan) , suite à l'assassinat de son frère (Le prince de Dombes) en duel à Fontainebleau par un proche du roi , et qu'on fit passer pour la ''bonne cause'' pour une simple crise d'apoplexie qui le terrassa . Au même titre qu'on avait antérieurement dissimulé au roi la mort du père de ce même vengeur qui avait aussi été tué en duel par le prince des Dombes (le frère du comte d'Eu donc) en lui trouvant comme cause celle d'un simple accident de carrosse qui avait versé au fossé et que la vitre cassée avait égorgé ce noble et dévoué serviteur du roi de la lignée des Coigny . En 1766 , Jean-François Vaumesle d'Enneval , qui accompagna son père en Gévaudan , avait acheté une maison bourgeoise de la rue des Halles à Argentan . Ses voisins de droite et de gauche étaient alors Jacques Louis Legoux , le lieutenant de la Maîtrise des Eaux et Forêts d’Argentan (on connaissait déjà les liens d'amitié qui unissait son père avec le maître Fontaine de la Maîtrise d'Argentan) , et Monsieur de Ligneries , mais surtout rien de moins que Monseigneur le Comte d'Eu en personne . Comme le monde est parfois curieusement petit !                            

En Gévaudan , le comte gouverneur d'Eu , faisait la pluie et le beau temps .  Par la porte de l'Auvergne , Vaumesle d'Enneval arriva en Gévaudan au cours du mois de févier 1765 , accompagné de son fils , Jean-François , écuyer et second de l'équipage , doté d'une permission ''spéciale'' de disponibilité puisqu'il était capitaine au régiment des Recrues stationné à Alençon , du piqueur attitré de l'équipage (valet de chien à cheval) et d'un valet de limier prêté avec son chien par son ami louvetier du Maine , le comte de Montesson . La section canine de cet équipage de louveterie provinciale était constituée de six grands dogues danois de haute stature au garrot , créancés pour les laisser courre à vue du canis lupus , qu'ils finissaient habituellement par colleter (étrangler en mordant au cou ) après une éprouvante poursuite . En Auvergne , ils reçurent le concours des trois frères de Lafayette , trois fins tireurs d'Aurillac  qui étaient accompagnés d'un médecin . Comme à la vénerie , cette fonction n'était jamais subsidiaire car les blessures étaient fréquentes , parfois mortelles , et dans cette mission il pouvait aussi être appelé à prodiguer les premiers secours médicaux aux victimes du monstre .  A l'ensemble cynégétique se joignit aussi le Chevalier de Montluc et ses trois piqueurs . Ce dernier n'était autre que le frère de Pierre Tassy de Montluc (1721-1793) , Subdélégué du Diocèse de Saint-Flour auprès de l'Intendant d'Auvergne  (Mgr de Ballainvilliers) , et fils de Jean-François de Montluc et de Jeanne Chalvet de Rochemonteix  .  Il était domicilié à Saint-Flour et on peut sans risque ironiser en précisant qu'il gardait ''la Porte du Gévaudan'' puisque qu'à partir des d'Enneval tous les officiels ''envoyés'' passèrent par cette voie . Les de Montluc appartenaient à une influente famille languedocienne qui avait ses accointances au sein de  l'Ordre ultra-catholique des Chevaliers de Sainte-Marie .  Il est tout à fait possible que , comme dans le cas de François Antoine qui reçu une laisse locale de quatre dogues pour compléter ses chiens , de Montluc et ses piqueurs avaient aussi apporté avec eux quelques limiers . Ceci expliquerait pour quelle raison certains auteurs parlent de limiers avec les d'Enneval , mais sans liens communs avec leur grands danois qui n'avaient pas de flair et ne prenaient pas la voie de la Bête .  Ce lourd handicap fondera d'ailleurs en partie le socle de l'échec des sieurs d'Enneval en Gévaudan .  Les normands ne furent pas aimés en pays gabalais . Cependant , au Malzieu , terre et cité du prince de Conti dont la famille entretenait de bons liens avec les nobles fratries amies des d'Enneval , on peut dire qu'ils furent comme des coqs en pâte . 

Contrairement à ce qui est souvent prétendu , Jean-Charles-Marc-Antoine ne retint nullement ses efforts pour tenter d'éliminer la Bête . Il alla même jusqu'à empoisonner les cadavres des victimes humaines du monstre espérant qu'il vienne à nouveau les lécher , mais l'animal s'y garda tout autant que des fusils des chasseurs .  Cependant , le 1er mai 1765 , les trois nobles frères Marlet de la Chaumette (2) eurent l'opportunité de surprendre la Bête tapie en retrait , en train d'observer sa future proie en la personne d'un jeune berger .  Par une belle manoeuvre de contournement savamment orchestrée , ils parvinrent à s'approcher suffisamment de l'animal pour le tirer à deux reprises . A chaque fois le monstre encaissa le tir et se releva pour parvenir finalement à s'enfuir . Mais il semble que le coup de fusil de Jean-François Marlet de la Chaumette , qui faisait suite à celui de son frère cadet , ait très sérieusement blessé la Bête au point qu'un témoin qui l'aperçue dans sa fuite , la vit pisser le sang de la gorge tel un cheval qu'on vient d'égorger (sic) .  Il va sans dire qu'il était déjà assez curieux que le monstre ce soit relevé après deux coups de fusils tirés sur une distance aussi rapprochée , mais avec une telle blessure au col dans un milieu naturel hostile et sans assistance de soins , sa chance de survie avoisinait le niveau zéro . Même dans le cas très peu probable où l'animal aurait miraculeusement survécu à cette importante blessure , et après une nuit retiré dans son gîte forestier à lécher sa blessure pour tente de la faire cicatriser , jamais , absolument jamais , après tant d'heures passées accroupi , le corps ankylosé  , il n'aurait été capable dès le lendemain , à cinq heures du soir, d'égorger aussi agilement une femme d'un seul coup de dent , comme cela se produisit sur la paroisse de Ventuejols .  Voyez comme une femelle animale a parfois bien du mal à se lever pour s'alimenter et rependre des forces après  l'accouchement de sa portée , et ô combien l'intervention de l'ami humain est souvent utile pour la faire gagner un temps précieux dans son rétablissement . J'en parle car j'ai été plus d'une fois cet ami humain , allant jusqu'à réanimer un petit prématuré . Donc , si la Bête est décédée à la suite de ce tir , où si , dans le meilleur des cas elle à survécu , il lui a certainement fallu quelque temps pour se remettre sur patte afin de chercher sa nourriture pour une convalescence garantie . Mais quel était donc l'élément qui empêchait cet animal blessé , affaibli , sentant le sang à peine séché à perte de distance et sur ses pas parcourus au sein du massif forestier , d'être choisi et dévoré comme proie par un meute de loups qui pullulaient dans les environs ? La plus sage théorie serait d'admettre qu'une seconde bête avait pris son relais pour tuer cette pauvre bergère le 2 mai 1765 au soir . Mais vient alors juste derrière une autre question : où était cette seconde bête quand la première était toujours alerte ?  Et cela tout en sachant qu'il n'y a jamais eu d'attaque simultanée recensée durant ces terribles années des ravages de la Bête . D'Enneval l'avait bien compris . Quelque chose ne lui convenait pas dans cette partie de chasse . Outre le relief très accidenté du pays Gabalais et ses chiens qui n'avaient pas de nez , il y avait encore bien d'autres problèmes rencontrés qui pouvaient expliquer la raison de son échec  .                         

Diverses chasses furent encore dirigés contre la Bête , qui fut aperçue , parfois tirée de loin , mais qui continua à sévir . Les six grands danois de l'équipage furent même un jour engagés à sa poursuite et l'un d'entre eux fut un temps considéré comme perdu dans les ravines du Gévaudan . Il rentra finalement avec l'empreinte d'un morsure de la Bête au collier . D'Enneval fut très angoissé car l'un de ces beaux canidés ne lui appartenait pas , il était seulement prêté par son ami le comte de Montesson du Maine . Il semble qu'il ait ensuite choisi de les ménager et c'est sans doute de ce comportement que découla la critique des gabalitins qui lui reprochèrent de promener ses chiens sur les bords des chemins sans rien faire . Il n'était pas aimé en pays de Gévaudan où les nobles et les villageois lui reprochaient de ne penser qu'à empocher la prime promise pour la mort du monstre , et ils ne supportaient pas non plus l'arrogance de son fils Jean-François . Quelques battues sans succès furent menées , le poison ne fonctionnait pas davantage , mais d'Enneval avait toutefois réussi  à retarder l'envoi d'un nouveau corps de Paris ou de Versailles qui avait pour mission de se débarrasser de la bête une bonne fois pour toute .  Certains chercheurs de cette affaire ont remarqué que durant le séjour des d'Enneval  , et à chaque fois que la Bête était tirée , et parfois blessée , elle ne laissait sur le champ de ses crimes que des cadavres sans têtes . D'autres y ont vu des coupures nettes et franches à la base du cou des cadavres , trop franche pour être l'oeuvre d'une décapitation par un animal quel qu'il soit . Mais la chose n'est pas si simple puisque quelques témoignages du temps nous rapportent des décapitations instantanées , en une fraction de seconde,  et un cas du bras d'un homme adulte qui fut sectionné net en un seul mouvement de mâchoire de la Bête . Aucun loup n'est capable d'un tel prodige , pas même un imposant fauve semble t-il , ni même une hyène , car il leur faut bien plus de temps en rongeant les vertèbres pour séparer une tête humaine de son corps . Nous sommes , il faut le reconnaître , face à un volumineux dilemme avec cet animal aux facultés surnaturelles , et qui survivait aux multiples tirs des fusils les chasseurs dont les modèles jumeaux militaires - et même civils - tuaient des milliers d'humains un peu partout sur la planète et toutes sortes d'animaux comme les crocodiles et les éléphants , qui n'avaient pas la spécificité d'avoir une peau très tendre et facile à percer . Il est vrai que de nombreux témoins confrontés à l'attaque du monstre , tel Jacques Portefaix et ses petits camarades , avaient remarqué que les lames d'acier de leurs couteaux ne parvenaient pas à percer sa peau .  Si l'on en croit l'histoire de ce temps , Jean-Charles-Marc-Antoine avait fini par circonscrire ses recherches autour de la forêt de la Teynazère , où l'on voyait la bête se rembucher de plus en plus fréquemment . L'idée totalement farfelue qu'il avait eu d'habiller des brebis en bergères pour attirer la bête dans un guet-apens avait peut-être finalement comme origine des raisons connues de lui seul , et que nous ignorons fatalement . Après tout , le capitaine Duhamel , son prédécesseur dans les chasses ,  avait bien eu l'idée d'habiller ses soldats en femmes pour tenter de surprendre le monstre et le tuer au moyen de leurs carabines . Nous étions face à l'évidente conclusion tirée par ces deux chasseurs qui se savaient confrontés aux ruses d'un animal doté d'une intelligence inhabituelle . Devant l'échec constitué de l'équipage des louvetiers provinciaux d'Enneval , le roi Louis XV pris la sage décision  d'envoyer en Gévaudan un nouveau contingent constitué du Chevalier François Antoine, son porte-arquebuse en titre, de son jeune fils Robert-François-Marc Antoine , second porte-arquebuse en survivance ,  de deux membres de son équipage de la Louveterie (un valet de chiens et un valet de limiers ) issu de la Grande Vénerie Royale accompagnant quatre chiens pour le courre du loup , de sept gardes-chasses des capitaineries royales , de deux gardes-chasses du Prince de Condé , deux autres du Duc d'Orléans et de trois gardes des bois du Duché Pairie de Rambouillet . 

D'Enneval conjugua un temps ses chasses à la Bête avec François Antoine et ce nouvel équipage mais fut en quelque sorte ''rappelé'' par le pouvoir . Lui et son détachement cynégétique quittèrent le Gévaudan le 18 Juillet 1765 . Mais il ne fut nullement disgracié comme on peut parfois le lire ou l'entendre ici et là , puisque son fils nous apprend dans l'une de ses lettres qu'il fut invité à un laisser courre royal en forêt de Compiègne . Un rendez-vous de vénerie où il eut le riche privilège de rencontrer Louis XV en personne au carrefour du Pont-de-la-Reine (appellation de 1763 pour Marie Leszczinska) , et de lui faire bien évidement son rapport détaillé de la situation sur place en Gévaudan . N'oublions jamais qu'en ce temps là ,  bon nombre de questions politiques se réglèrent aussi lors de discussions poussées à cheval au cours des chasses .  De cette forêt royale par la voie du Vexin , et doté d'une rente à vie pour ses épuisantes chasses au pays des gabales , Vaumesle d'Enneval regagna ensuite sa Normandie natale , conservant forcement une certaine amertume de n'avoir pas triomphé du monstre Gabalais . Le reste de son existence , il ne cessa de soutenir en tout temps que la Bête du Gévaudan n'était pas un loup mais un animal extraordinaire . Son fils Jean-François , quant à lui , confiait à huit clos dans les milieux louvetiers , que la Bête n'était pas un loup et qu'elle avait tout le long de l'échine une raie noire flottante et une étonnante queue grosse comme un bras . Ces éléments furent repris par le célèbre auteur cynégétique Magné de Marolles dans son traité historique sur la Bête du Gévaudan . Venant d'un tel expert de la chasse au XVIIIe siècle , nous pouvons sans risque considérer que ces précisions reflétaient à ses yeux une certaine réalité .  Comme on sait qu'aucun loup ne possède naturellement de raie noire flottante sur le dos et que la queue du canis lupus est le plus souvent déjà bien plus grosse qu'un bras , on ne peut qu'être convaincu que l'animal en question visualisé par Jean-François Vaumesle d'Enneval et son père en Gévaudan , était effectivement bien autre chose qu'un simple loup . A cela on ajoutera également le sérieux rapport du piqueur de leur équipage qui avait vu la Bête accompagnée d'un étrange animal à la queue retorte (en spirale) pour se convaincre une bonne fois pour toute que la Bête du Gévaudan ne pouvait être un simple loup ordinaire , fut-il de forte taille .

Nous précisons ci-dessous les titres exacts , noms et filiations de Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval et de son fils Jean-François .                                      

Affirmation des d'Enneval, père et fils, au sujet de la Bête du Gévaudan une fois rentrés sur leurs terres en Normandie : la Bête était un animal extraordinaire doté d'une raie noire flottante sur l'échine -  qu'aucun loup ne possède naturellement - et d'une forte queue aussi grosse qu'un bras. Précision qui dans le cas d'un loup serait ridicule car le moindre appendice caudal de loup est déjà bien plus épais qu'un bras humain, et que les individus du XVIIIe siècle n'étaient pas des haltérophiles et encore moins des Schwarzenegger ! Avec la queue d'un félin, comme celle que l'on retrouve figurée sur de très nombreuses illustrations de la Bête, cela pourrait en effet correspondre au niveau de l'épaisseur du corps de l'appendice. La Bête que chassaient les d'Enneval en Gévaudan n'était pas un loup. Ce sont les paroles d'un chasseur crédité de plus de 1200 captures de loups qui le disaient, l'un des meilleurs louvetiers du royaume en son temps. (Sources : Précis historique sur la Bête du Gévaudan de François Gervais Magné de Marolles - BNF Paris). 

Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval , Grand louvetier de Normandie
Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval , Grand louvetier de Normandie

- Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval avait vu le jour à Vimoutiers le 28 septembre 1702 .  Né de l'union de Charles-Yves de Vaumesle d'Enneval et de Marie-Anne-Catherine de Fresnel des Hays , il épousa Jacqueline-Marguerite de Malherbe de la Gravelle en 1730 , qui lui donna un fils , Jean-François de Vaumesle d'Enneval .  Le blason de Jean-Charles-Marc-Antoine était assez proche de celui de son père , Charles-Yves de Vaumesle , Ecuyer , Seigneur d'Enneval et époux de Marie des Hays  :" D'azur à trois aigles d'or 2 & 1 , sur un soleil de même en chef".                                                                                     

Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval  fut considéré , en raison de ses multiples victoires sur la gente lupine , comme le Grand Louvetier de Normandie en la Généralité d'Alençon , dépendant directement de l'Election d'Argentan . Il cumulait tout ceci avec des titres plus secondaires comme celui de ''louvetier du haras d'Exmes'' , qui est en fait une mauvaise interprétation de ce titre par les auteurs .  Il fallait en fait comprendre qu'il possédait alors un office de louvetier au sein de la capitainerie du Haras du Pin , qui était située non loin de la ville d'Exmes . Ce qui n'est pas tout à fait la même chose . La capitainerie sera supprimée sous le règne de Louis XVI , en 1784 . Nous avons relevé lors de récentes recherches en archives que le directeur du Haras du Pin de 1758 à 1765 , ne fut autre que l'écuyer royal Nicolas Augustin de Malbec de Montjoc , Seigneur et Marquis de Briges en Gévaudan . En effet , il était né le 14 mai 1713 au sein de cette petite paroisse du diocèse de Mende (de nos jours associée à d'Arroux en Lozère) et y grandit . Les Malbec de Montjoc étaient connus comme provenant d'une lignée issue la plus ancienne noblesse du Gévaudan . En 1727 , il intégra, en tant que Page, la Petite Ecurie du Roi . Bien plus tard , il passa pour être le grand ami de la Marquise de Pompadour et sans doute même son amant , bien avant Louis XV . Il était également veneur et se joignait fréquemment aux meutes du roi pour des laisser-courre au cerf . De par son expérience de veneur au sein des équipages du roi , d'éminent membre de la noblesse du Gévaudan , sa terre de naissance , et étant quelque part l'employeur de Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval , on le voit très mal laisser partir son confrère louvetier en Gévaudan sur ordre du roi , sans lui avoir au préalable fait un topo complet de la réelle nature végétale et géologique et très accidentée de son pays des Gabales . En arrivant en Gévaudan , d'Enneval ne pouvait de ce fait être véritablement surpris par la nature hostile du terrain et désorienté dans l'organisation de ses chasses . On sait , à la lecture des archives relevées par l'abbé Poucher , que le marquis de Briges se trouvait en Gévaudan en même temps que les sieurs d'Enneval , car il était venu y régler la succession de son défunt père . On est également informé qu'il prévint les autorités du  Gévaudan , par l'intermédiaire du Syndic Etienne Lafont , que le Chevalier François Antoine , porte-arquebuse de Sa Majesté , avait la volonté de descendre en Gévaudan accompagné de très bon tireurs afin de tuer la Bête , dès le début du printemps 1765 . Etienne Lafont précisait dans ses lettres que l'Intendant du Languedoc , Monsieur de Saint-Priest , en contact régulier avec la voie royale , l'avait déjà averti de cette réalité en devenir . Nous apprenons également que les d'Enneval avaient été fort intrigués en apprenant cette nouvelle . Leur confrère chasseur , M. le marquis de Briges , étant informé de la chose en tant qu'Ecuyer et veneur du roi , donc également par la voie royale , on comprendra dès lors qui les avait avertis de cette entreprise souhaitée par François Antoine . Nous avons ainsi la preuve formelle d'une complète connivence entre Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval et son compatriote normand d'adoption et patron , M. Nicolas Augustin de Malbec de Montjoc , Seigneur et Marquis de Briges en Gévaudan . Nous comprenons donc , de ce fait ,  que les d'Enneval ne partirent pas pour le Gévaudan sans savoir ce que leur réservait exactement la nature du terrain sur place . Leur confrère et veneur et marquis de Briges , ne pouvait leur cacher cela vu qu'ils se côtoyaient régulièrement pour le travail et étaient également en très bons termes comme le prouve la divulgation de cette information qui aurait dû en principe rester secrète . C'est donc encore une fois une mauvaise légende colportée dans trop de livres consacrés à l'affaire de la Bête qui s'écroule d'elle-même ! D'Enneval avait-il dissimulé ces informations relatives au relief accidenté du Gévaudan aux hommes de son équipage pour ne pas les décourager par avance ? C'est possible , car il avait une mission à y mener à bien ,  et que celui qui parle des pénibilités du pays des gabales dans ses lettres , n'était pas de son équipage mais de celui du comte de Montesson , et d'une autre province que les d'Enneval , celle du Maine . Lafont signalait aussi dans ses lettres qu'ON avait fait  échouer le projet de François Antoine de venir chasser la Bête en Gévaudan dès les premiers mois de l'année 1765 . On sait que ce sont les d'Enneval qui étaient derrière cela , informés à temps de cette entreprise par leur ami le marquis de Briges , même si ce ne fut qu'un court répit pour les louvetiers normands .                                                                                     

Le pouvoir de pratique de la louveterie fut octroyé à d'Enneval par le Grand Louvetier de la Couronne ( poste principalement occupé par les membres de la famille de Flamarens durant son temps d'exercice ) . En clair, il était détenteur d'un acte de louveterie lui autorisant la pratique de la chasse aux loups sur les terres de son élection (Argentan) . Sa situation le plaçait dans la troisième section de la louveterie : c'est à dire celle d'un noble provincial possédant un équipage de vénerie créancé pour la chasse aux loups . Juste au dessus , dans la seconde catégorie , se classaient les lieutenants de la louveterie provinciale (un peu plus de cent pour l'ensemble du royaume ) nommés par commissions du Grand Louvetier de la Couronne . Les deux catégories se chevauchaient parfois car la nuance était modérée entre ces deux classes de louvetiers .  Il semble qu'en Gévaudan Jean-François Vaumesle d'Enneval connut quelques problèmes en louvoyant quelque peu sur la réelle attribution de ce second titre . Le premier rang étant bien entendu occupé par les hauts officiers et l'équipage de la Louveterie Royale inclus dans la Grande Vénerie du Roy . C'est de l'équipage commissionné de cette formation royale que furent extirpés les trois valets de canidés qui accompagnèrent François Antoine en Gévaudan .  En Normandie ,  d'Enneval joignait de temps à autre son équipage de louveterie provinciale à celui du comte de Montesson du Maine et aussi du marquis d'Oilliamson (famille Oilliamson/Williamson) qui était connu comme un excellent veneur et le premier Louvetier du Perche . Les travaux réalisés au sujet des d'Enneval par l'historien Gérard Kempf , nous avaient permis de visualiser un document où Jean-Charles-Marc-Antoine sollicitait des fonds auprès des autorités royales pour créer un important équipage régional de la louveterie provinciale qui aurait été en mesure de couvrir toute la Normandie pour le contrôle et la régulation des populations lupines .  Au cours de l'année 1768 , Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval hérita de son frère , César Vaumesle de Survie , seigneur en partie de Lisores (Vallée d'Auge) . Outre quelques milliers de livres , il reçut aussi des terres royales sur la paroisse de Lisores et un manoir près de Vimoutiers . Il fut également autorisé à ajouter à ses titres celui de "seigneur en partie de Lisores".  Ce manoir se trouvait sur les terres de la Gosselinaie (Gosselinaye) près de Vimoutiers .  Jean-François Vaumesle d'Enneval y employa même une demi-douzaine de personnes , dont un garde-chasse nomé Picot payé à 48 livres l'an (Sources : Mr Gérard Kempf , historien des d'Enneval et président de l'Association le Pays d'Argentan).
Après de nombreuses années de service et son épuisante aventure en Gévaudan , d'Enneval prit une courte retraite bien méritée et devait s'éteindre à Vimoutiers le 8 novembre 1769 (inhumé le 9 à Pont-de-Vie),  âgé de 67 ans . 

- Jean-François Vaumesle d'Enneval vit le jour au sein de la cité d'Argentan , le 8 mars 1734 , et fut baptisé le 18 de ce mois en la paroisse Saint-Martin . En 1766 , il acheta un hôtel particulier rue des Vieilles Halles pour s'y installer . Ses voisins n'étaient autres que Louis Legoux , le lieutenant de la Maîtrise des Eaux et Forêts d'Argentan , le sieur des Ligneries et rien de moins que Monseigneur le comte d'Eu , celui là même qui gérait le Gévaudan (et tout le Languedoc) au temps de la Bête et qui donna les premiers ordres de chasses au capitaine Duhamel et à son détachement de cavaliers de Clermont-Prince . Comme le monde peut paraître petit parfois !  Jean Charles-Marc Antoine Vaumesle d'Enneval avait , bien avant son expédition en Gévaudan , déjà purgé la forêt du comte d'Eu en Normandie d'une meute de loups noirs qui y faisaient d'importants dégâts . Nous sommes informés que , contrairement à de nombreux louvetiers de ce temps , les sieurs d'Enneval entretenaient d'excellents rapports avec les officiers des Eaux et Forêts . Nous savons , par exemple , que Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval était l'ami du sieur de Fontaine , Maître des Eaux et Forêts d'Alençon , puisqu'il lui adressa de nombreuses correspondances privées lors de son séjour en Gévaudan , et que son fils , Jean-François Vaumesle d'Enneval , acheta donc  en 1766 cet hôtel particulier à Jacques-Louis Legoux , qui n'était autre que le lieutenant de la Maîtrise des Eaux et Forêts d'Argentan en personne, et que nous avons évoqué un peu plus en avant dans le texte . 

Très vite , Jean-François rejoignit son père à la chasse et prit le poste de second de l'équipage . Il reçut , comme son arrière-grand-père , le titre d'écuyer et fit ensuite carrière dans l'armée .  Il commença son service sous les armes comme volontaire dès l'année 1746 , au sein du régiment de la Couronne . Il connut le baptême du feu dans cette dernière unité contre les anglais , le 11 septembre 1758 , à la bataille de Saint-Cast , près de Saint-Malo . Les troupes françaises fortes de 7000 hommes, sous le commandement d'Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis-Richelieu, duc d'Aiguillon et gouverneur de la Bretagne , mirent en déroute une armée anglaise composée de 42 500 hommes dont 10 000 fantassins . Les français avaient reçu à cette occasion le renfort d'une centaine de miliciens (volontaires de Guildo) commandés par Jacques-Pierre Rioust des Villaudrains , qui avaient sérieusement retardé l'avancée de l'armée ennemie . Bien que nettement supérieurs en nombre , les britanniques furent culbutés par une impressionnante force française et durent se ré-embarquer en catastrophe, laissant sur le terrain près de 2000 morts et 740 blessés et prisonniers . Jean-François était l'un de ces officiers triomphant qui venaient de donner à la France sa plus éclatante victoire de la Guerre de Sept Ans avec la prise de Minorque .

Le 30 mars 1762 , Jean-François Vaumesle d'Enneval , fils unique de Jean-Charles-Marc-Antoine , épousa Perrine-Charlotte-Marguerite Morel en l'église Notre-Dame d'Alençon . En avril 1762 , il était capitaine au 83ème régiment de Bresse stationné dans cette même cité .  Cette unité fut dissoute en novembre 1762 ( année officielle -1763 ) et il servit ensuite , toujours au grade de capitaine , au régiment des Recrues stationné à d'Alençon , qui avait été créé , simultanément aux 30 autres régiments de ce type , le 1er février 1763 . Deux ans plus tard , ces régiments furent portés au nombre de trente-trois , à l'époque où Jean-François avait reçu une autorisation spéciale de congé pour accompagner son père et leur équipage en Gévaudan afin d'y traquer sans attendre la redoutable Bête qui désolait cette contrée du royaume . Nous étions en février 1765 et ils demeurèrent là-bas jusqu'au mois de juillet de cette même année .  Jean-François Vaumesel d'Enneval , sans doute un peu trop sûr de lui avec tout ce qu'il avait déjà vécu , fut très mal accepté par le peuple du Gévaudan , tout comme son père , et fut aussi détesté de la noblesse locale , en particulier du comte Jean-François-Charles de Molette de Morangiès qui ne cessa de dénigrer le père comme le fils dans ses missives de plaintes adressées aux autorités .

Le 11 septembre 1795 , soit exactement trente-sept années après la belle victoire française de la bataille de Saint-Cast à laquelle il avait contribué , Jean-François Vaumesle d'Enneval fut condamné à mort par le tribunal de la Convention à Vannes (commission Legrand) et fusillé après 18 heures le soir même . Il s'était retrouvé dans une situation inverse de celle de Saint-Malo , en débarquant à Quiberon à partir de navires britanniques avec l'armée catholique et royale du comte d'Hervilly . Il est tout à fait possible qu'il ait réussi à échapper ensuite à la macabre série des pelotons d'exécution de Vannes . Certains éléments d'archives retrouvés par l'historien des d'Enneval , Monsieur Gérard Kempf , peuvent le laisser croire .   Lors de son interrogatoire par le tribunal révolutionnaire , Jean-François Vaumesle d'Enneval avoua être surnuméraire au sein du régiment Royal Louis - qui fut engagé dans la bataille de Quiberon du 25 juin au 21 juillet 1795 - afin de faciliter l'exportation de ses marchandises , car il se disait commerçant installé à Liège et embarqué , un peu malgré lui , dans cette guerre .
Lors de sa capture , il avait pourtant précisé qu'il était simplement employé à la forge en tant que civil . Mais étant réellement vétéran et Chevalier de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis , il se peut qu'il ait servi comme officier au sein de cette unité . Jean-François était seulement âgé de 61 ans et le régiment Loyal Emigrants employa de bien plus anciens officiers dans les rangs d'une compagnie de la noblesse qui perdit 75 de ses membres sur 120 , lors de la bataille de Quiberon . Possiblement échappé , et en cavale , il est probable qu'il gagna l'Angleterre selon Gérard Kempf ... et cela bien que son nom et son grade de capitaine figurent pourtant gravés sur le marbre blanc du monument aux morts des 942 fusillés de Vannes et d'Auray (champ des martyrs au marais de Kerzo) dans la chapelle expiatoire de Brech (Morbihan) dont la construction fut souhaité so
us la Restauration en 1828 par la Duchesse de Berry puis  construite et inaugurée seize mois plus tard , en 1829 . 

 

Principales sources : Gérard Kempf ,                                     

-Gérard Kempf, Le Pays d'Argentan, Loups et Louvetiers dans l'Orne , XVIIIe et XIXe siècles, n° 16, décembre 1993 . 

-Gérard Kempf, Jean-François Vaumesle d'Enneval, le Pays d'Argentan, n° 23, octobre 1995 .

-A. Pihan de Laforest, Notice sur le monument de Quiberon, suivie de la liste authentique du nom des victimes inscrits sur le mausolée, imprimé pour la première fois, Extrais du voyage de Madame au Berceau de Henri IV, Paris 1829.

-Claudine et Gérard Kempf - Qui était Monsieur D'Enneval premier maire de Vimoutiers (1) , le Pays d'Auge , n° 12 , 31e année, décembre1981 .

-Claudine et Gérard Kempf - Qui était Monsieur D'Enneval premier maire de Vimoutiers (2), le Pays d'Auge , n° 1 , 32e année, janvier 1982 .

-Gérard Kempf , Un exemple d'habitat urbain : Une maison d'Argentan du XVIIe au XIXe siècle (J-F. d'Enneval), in Annales de Normandie, 33ᵉ année, n°3, 1983.

-Louis Duval - les Grands Louvetiers Normands , A. Laverdure , Imprimerie Herpin, Alençon , 1913 .

-La chasse du loup, Les gentilshommes louvetiers de Normandie et du Maine,  Société Archéologique de l'Orne, 20 avril 1926.

 

1)  Le véritable nom du grand louvetier normand n'a jamais été autre que Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval . Le patronyme de Martin d'Enneval ou le titre de marquis d'Enneval n'ayant jamais eu d'autre origine que celle de l'imagination des auteurs qui se sont transmis à la suite ces sources erronées , qui n'ont pas le moindre fondement historique . L'orthographe de son nom , trop souvent déformé dans les livres (Denval , Denneval, etc) a aussi son importance afin de ne pas le confondre avec d'autres personnes comme par exemple le marquis d'Esneval , un autre grand louvetier qui officia surtout de 1800 à 1820 , et qui était un tout autre personnage du siècle suivant . Ce manque de rigueur au niveau du respect des noms propres entraine forcément le lecteur ou le passionné vers une autre voie de compréhension et de recherche , et un puits sans fond et sans fin , déformant par là la totalité de l'histoire comme on a été mesure de le constater pour d'autres protagonistes de cette affaire de la Bête . La plus célèbre de ces erreurs étant sans conteste celle de la confusion du porte-arquebuse royal  François Antoine , au service de Louis XV , et de son tout jeune fils Robert-François-Marc Antoine de Beauterne , surtout connu comme le porte-arquebuse de Louis XVI  et de Napoléon 1er , des règnes suivant donc , et qui nous rendent hors sujet pour comprendre et étudier l'histoire du principal chasseur de la Bête du Gévaudan en 1765 . Cette lourde confusion a aussi affecté de grands auteurs de la chasse au point où l'histoire se retrouve parfois avec un ''de Beauterne'' sous Louis XV , ayant vaincu la bête de Versailles (a) et la Bête du Gévaudan (bête des Chazes) , et un second ''de Beauterne'' sous Louis XVI encore vainqueur de la Bête de Versailles ? Ces auteurs étant considérés comme sérieux et crédibles , nous en arrivons à nous demander qui a fait quoi dans l'histoire en question et quel était véritablement le personnage  . Visiblement , selon les dommageables échos que nous percevons de temps à autres , cette indiscutable réalité ne semble pas évidente et à la portée neurologique de tout le monde . Nous en arrivons surtout à nous demander comment une telle erreur a été en mesure de perdurer durant plus deux siècles alors que toutes les archives de l'époque , qui relatent cette affaire de la Bête du Gévaudan dans le moindre détail , citent bien de Beauterne ( le fils ) présentant la bête à la Cour de Versailles les premiers jours d'octobre 1765, pendant que son père, François Antoine, durant la même période était toujours en Gévaudan pour tenter d'exterminer le reste de la portée de l'animal qu'il avait tué à l'Abbaye Royale du Bois des Chazes. Si bien des auteurs ont suggéré que la Bête avait un don d'ubiquité, ce n'était pas le cas des membres de la famille Antoine . C'était pourtant simple . Pourquoi deux siècles d'erreur au risque de pervertir cette importante partie du fond de l'histoire ?

(a) Nous avons retrouvé la piste du tableau de cette chasse de la bête de Versailles par François Antoine , menée à terme avec le concours de ses grands lévriers d'Irlande à poils ras et de ces matins des Abruzzes  , peint en deux exemplaires en 1746 sur ordre de Louis XV par son peintre officiel des chasses , le sieur Jean-Baptiste Oudry . Le grand exemplaire se trouve , après un certain parcours , au Musée de la Chasse et de la Fauconnerie à Gien , tandis que le petit format fut longtemps la propriété de François Antoine dans sa maison de la rue Saint-Honoré à Versailles avant que ses fils n'en héritent à leur tour .

 

2)  La famille de frères Marlet , originaire de la Chaumette et de Limbertès en Saint-Alban (Saint-Alban sur Limagnole ) , était d'ascendance noble par son union avec celle des Brun du Malzieu . Cette noble famille des Brun avait dans l'une de ses branches celle des Brun du Bois Noir , lieu souvent cité dans l'histoire de la Bête , où fut justement tiré par un garde-chasse de François Antoine au cours de l'été 1765 , un étrange animal au pelage roux et ras qui n'avait rien d'un loup et qui fut d'ailleurs considéré quelques temps comme la véritable Bête du Gévaudan . Les trois frères MARLET de Limbertès - de la Chaumette selon le titre de terre du grand-père - avaient pour père Jean-Baptiste Marlet (1705-1773) [ fils de Jean Marlet de la Chaumette en Saint-Alban et de Marguerite Brun du Malzieu ]  et pour mère Catherine Conroger (1714-1751) . Jean-François Marlet de Limbertès (1735-1812) , qui tira la Bête le dernier , ce mercredi 1er mai 1765 , était l'aîné des quatre enfants de la famille . Juste derrière lui venait son cadet , Jean-Noé Marlet ( 1741-1803) , qui eut l'honneur de porter le premier coup de boutoir au monstre anthropophage .  L'état civil le considère célibataire et décédé le lundi 5 septembre 1803 (18 fructidor An XI) au domicile de Jean-François qui était lui marié avec Marie-Magdeleine Rousset . Le dernier garçon de la fratrie se nommait Jean Marlet . Il était né en 1745 et  était très certainement l'ecclésiastique cité dans cette chasse à la Bête du Gévaudan le mercredi 1er mai 1765 , où il servit principalement de rabatteur .  Ni le lieu ni la date de son décès ne sont connus . Il n'était pas le seul ecclésiastique de la famille Marlet puisqu'on constate que l'oncle  de Antoine Marlet de la Chaumette (fils de Jean-François Marlet et de Catherine Vidal) , n'était autre que le curé de Chaliers . Il signe d'ailleurs son acte de mariage ( union avec Marie Rotquier de la Vallete ), tout comme les frères d'Antoine , dont un était le docteur en médecine de Saint-Alban (Saint-Alban-sur-Limagnole) . On comprendra que les fonctions de médecin des âmes de Jean Marlet de Limbertès (de la Chaumette par son père et grand-père) l'avaient obligatoirement conduit en dehors de sa région  . Le dernier enfant des Marlet de Limbertès était une fille prénommée  Marie-Catherine . Elle avait vu le jour en 1746 .

Pour obtenir davantage d'informations à ce sujet nous vous conseillons de consulter sur le web les sites de généalogie de grande qualité , JAUBART - et de BOISGELIN consacré aux familles Brun et Marlet . Voir aussi : Jean-Marc Moriceau , la Bête du Gévaudan - 2008 .

Capitainerie du Haras du Pin près d'Exmes en Normandie .

Capitainerie du Haras du Pin près d'Exmes en Normandie .

Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval , Grand louvetier de Normandie
AUBERGE DE LA CROIX BLANCHE AU MALZIEU
ou le nid des Vaumesle d'Enneval en Gévaudan .
Les d'Enneval parviennent en Gévaudan au tout début du mois de mars 1765, après avoir passé, dans l'attente de leurs grands chiens, le mois de février en Auvergne. On sait principalement, selon les dires d'un abbé de Cour, que ce ne sont pas les d'Enneval qui se sont proposés au roi par l'intermédiaire de l'Intendant d'Alençon, le sieur de Lévignen, puis le sieur Cromeau, commis aux finances royales auprès du ministre de l'Averdy, mais que c'est le roi Louis XV en personne qui avait souhaité les faire venir à son service afin de résoudre cette affaire sensible en Gévaudan. On a donc constitué cette mascarade de toute pièce pour que cette sollicitation royale demeure des plus discrète afin que le roi ne soit pas encore directement impliqué par l'intervention de ces seconds traqueurs de la Bête en pays Gabalais. On sait ainsi, de surcroît, que dès cet instant l'affaire est déjà politique au plus haut point, bien qu'avec la venue du capitaine d'état-major Duhamel qui était bien en Cour, nous nous trouvions déjà dans une configuration similaire dès l'automne de 1764. Et oui, la presse n'a rien à voir avec la célébrité octroyée à cette histoire de la Bête au départ, comme le disent naïvement les universitaires, puisque dès les premiers pas du monstre sur la terre des gabalitins, il y avait déjà des mouvements dans les corridors de l'état-major et de Versailles. Il serait sans doute temps que les incompétents cessent de se pencher sur cette affaire et déforment les faits selon leurs petits plaisirs. La véracité de l'Histoire n'a pas besoin de cette médiocrité.
Dès leur arrivée en Gévaudan, les d'Enneval s'installent en terre amie, celle du Malzieu, qui est alors la propriété, avec de nombreux autres fiefs et cités gabalitaines, du prince de Conti qui en avait hérité au décès de son père, Louis-Armand de Bourbon-Conti. Le Prince de Conti possède aussi de nombreux autres terres et domaines en Ile-de-France, tel l'Isle-Adam, et également la forteresse du Temple à Paris en tant que Grand Prieur de l'Ordre de Malte pour la France. Mais il en avait tout autant en Normandie (châteaux de Trie près de Gisors et Bertichères situé à deux pas de là, où Conti avait l'habitude de recevoir ses bons protégés et amis) et sa famille partageait aussi une sincère amitié avec les Montesson du Maine, qui étaient eux mêmes les proches relations des d'Enneval, au point où le comte prêta deux grands chiens danois (un était en cours d'achat) et un valet de limiers de son équipage à Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval pour sa mission en Gévaudan. Quoi de plus normal ensuite que ces louvetiers normands se retrouvent hébergés dans le principal fief gabalais du prince de Conti et puissent ainsi boire dans les ''pots de verres'' (sic) des tavernes du Malzieu, n'en déplaise aux autres gabalitins. On se souviendra également que le marquis de Briges, directeur du Haras du Pin près d'Exmes en Normandie (ancien emploi de d'Enneval père qui touchait une pension de louveterie du précédent directeur) était issu d'une grande famille du Gévaudan et qu'il se trouvait pareillement sur place au moment de la venue de l'équipage normand. C'est d'ailleurs le marquis, en lien régulier avec la Cour, qui renseigna les d'Enneval sur le souhait de François Antoine de se rendre en Gévaudan pour les remplacer. C'est ainsi qu'il purent faire capoter provisoirement cette démarche.
Le nominatif de ''Croix Blanche'' attribué à cette auberge de la cité du Malzieu, venait bien entendu de la croix d'argent du blason de l'Ordre de Malte dont Conti, maître de la cité, était le grand patron pour la France, au même titre que le motif de l'Agneau de Dieu des templiers de la Croix des Anglais près de Saint-Chély-d'Apcher qui, comme tous les biens des chevaliers du Temple, fut englobé dans la chape de ceux de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (futur Ordre de Malte) à la dissolution du Temple en 1312 ,suite au complot fomenté par le roi Philippe le Bel est ses sbires Nogaret et Marigny pour exterminer les chevaliers du Temple et tenter de s'approprier leur immense trésor ramené de Palestine. Ce Nogaret qui échoua à s'approprier les biens du Temple en Gévaudan et dont le nom résonne toujours du côté de Saint-Alban.
Est-il besoin de se remémorer que le Prince de Conti était devenu le Grand-Maître du nouvel Ordre du Temple qui, tel le Phénix, avait reprit naissance de ses cendres depuis 1324, suite au décès de l'ex-Grand-Maître, le Duc de Bourbon-Condé, antérieurement cassé et exilé par le roi Louis XV, et de ce fait ennemi de ce dernier au même titre que le Prince de Conti. Cela nous donne une juste idée du choix politique qu'instillait alors Louis-François de Bourbon-Conti sur le Gévaudan. On se souvient qu'il était l'ami et le protecteur des Jansénistes mais aussi des protestants avec qui il avait fomenté un important complot aux portes du Gévaudan de 1755 à 1757, ayant pour but de renverser le roi avec l'aide des troupes protestantes du Vivarais et de ceux de l'Aunis aidés des troupes anglaises. Son complot échoua comme on le sait (lire à ce sujet : la conspiration du prince de Conti, par l'historien John Woodbrigde, in XVIIIe siècle, le protestantisme en France, 1985). Beaucoup de protestants du Gévaudan étaient convertis pour la façade, tel les Lafont qui avaient connus les tourments des sanctions du Tribunal des Grands Jours de Nîmes (lire : Trophime Lafont soldat de la Révolution, par le docteur Michel Bourrier, éditions Serre, 1989).
Nous avons déjà vu la façon dont Conti se débarrassa, avec le concours de ses gens du Malzieu et de Saint-Chély-d'Apcher, des soldats traqueurs de ses ennemis les Condés qui servaient en Gévaudan son pire ennemi le roi Louis XV, et nous n'y reviendrons donc pas.
Les d'Enneval et leur équipage logèrent donc principalement à l'auberge de la la Croix Blanche située près de la tour de Bodon au Malzieu. Il existait un grange desservie par une porte cochère au cœur du premier bâtiment de l'hôtellerie où pouvaient coucher les six grands danois ainsi que leurs deux valets, probablement hébergés dans les combles placées au dessus. Jean-François et son père logeaient évidement dans une des chambres de l'auberge. Quant aux chevaux, après un arrêt temporaire attachés aux anneaux muraux, ils étaient abrités dans les écuries situées dans le bâtiment suivant, qui longeait le prolongement de l'auberge.
De nos jours, L'auberge se trouve alignée entre la rue puis l'avenue Jacques-de-Féligonde qui ouvre la route de Saint-Alban-sur-Limagnole, et une petite venelle pentue portant le nom de ''rue du Barry'', celle qui était au temps des d'Enneval sur place, la nouvelle maîtresse en titre du roi Louis XV. Un panneau mural remémorant l'ancienne présence des louvetiers normands en ce lieu courant 1765, maladroitement rédigé car comportant quelques légendes inexactes jusqu'au nom mal orthographié des d'Enneval, est apposé sur le mur du pignon de l'auberge .
A deux pas de là se trouve l'office du Tourisme de la ville. J'entretins autrefois une correspondance avec son sympathique président qui pu inviter le comte de Paris à l'inauguration des statues du Malzieu en raison de ma découverte sur le régiment des premiers traqueurs officiels de la Bête, et de sa filiation dans lequel avait servi en Algérie Monseigneur d'Orléans, comte de Clermont en Beauvaisis, qui fut l'invité d'honneur de cette fête du Malzieu.
                                                                                      PPLB . 26-01-2022

Acte de décès de Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval (registre des décès AD- de Caen). 

Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval , Grand louvetier de Normandie
Après l'acte de décès de François Antoine, celui de Jean-François-Charles de Molette de Morangiès (et de son acte de naissance), voici celui de Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval. A chaque fois des erreurs, plusieurs fois au sujet de la date exacte de leur mort confondue avec celle de leurs cérémonies et inhumations. Le présent acte dit ceci :
Le corps de Messire Jean-Antoine de Vaumesle, sieur d'Enneval, Ecuyer, Seigneur de Lisores en partie, mort hier âgé d'environ soixante huit ans, a été inhumé le 9 novembre 1769 par moi curé de Pont-de-Vie dans le cimetière de ce lieu en présence de Ms. Jean-Pierre Coffignal et François Lissor. 
 
Soussigné, Coffignal prêtre, F.Lissor,
Gorget, curé de Pont-de-Vie.
 
Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval est donc décédé le 8 novembre 1769, pas le 9 comme il est dit un peu partout, et qui est la date de son inhumation, le lendemain de sa mort . L'erreur se retrouve aussi pour le décès du porte-arquebuse du roi, François Antoine, à Dax.
Ce qui en ressort principalement, tout comme pour le porte-arquebuse royal, François Antoine, c'est la modestie de leurs obsèques avec seulement deux signatures de curés et un seul témoin, pour des personnages que l'affaire de la Bête nous présente d'une manière erronée comme de grands seigneurs endimanchés !? C'est à la fois triste et risible. On notera que, même pour leurs seigneur gabalitins parvenus dans la ''cloche'' comme l'était Morangiès à la fin de sa vie lorsqu'il fut tué dans sa maison de Saint-Alban par des gredins de son pays, et qu'il ne possédait plus rien, les signatures sur l'acte de décès sont bien plus nombreuses.
C'est le troisième acte de décès (plus un acte de baptême ) au sujet des grands acteurs de l'affaire du Gévaudan que nous mettons à jour cette année (2021). 

Documents iconographiques divers en rapport à la possible mort de Jean-François Vaumesle d'Enneval (fusillés de Vannes - Morbihan). 

Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval , Grand louvetier de Normandie
Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval , Grand louvetier de Normandie
Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval , Grand louvetier de Normandie
Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval , Grand louvetier de Normandie
Armoiries de Charles-Yves de Vaumesle, Ecuyer, Seigneur d'Enneval, et de son épouse, Marie-Anne-Catherine de Fresnel des Hays, tous deux parents de Jean-Charles-Marc-Antoine de Vaumesle d'Enneval, Grand Louvetier de Normandie, de la Généralité d'Alençon et de l'Election d'Argentan (1702- 1769) - Sources : Grand Armorial de la Noblesse de France par d'Hozier .

Armoiries de Charles-Yves de Vaumesle, Ecuyer, Seigneur d'Enneval, et de son épouse, Marie-Anne-Catherine de Fresnel des Hays, tous deux parents de Jean-Charles-Marc-Antoine de Vaumesle d'Enneval, Grand Louvetier de Normandie, de la Généralité d'Alençon et de l'Election d'Argentan (1702- 1769) - Sources : Grand Armorial de la Noblesse de France par d'Hozier .

Ville et Armoiries d'Argentan , cité à laquelle les Vaumesle d'Enneval étaient rattachés en tant que louvetiers de la Généralité .
Ville et Armoiries d'Argentan , cité à laquelle les Vaumesle d'Enneval étaient rattachés en tant que louvetiers de la Généralité .

Ville et Armoiries d'Argentan , cité à laquelle les Vaumesle d'Enneval étaient rattachés en tant que louvetiers de la Généralité .

La prime aux loups était généralement versée par l'apport de la tête ou des oreilles .

La prime aux loups était généralement versée par l'apport de la tête ou des oreilles .

     Les régiments de Jean-François Vaumesle d'Enneval .

Si bon nombre d'auteurs de l'affaire de la Bête ont présenté le jeune fils d'Enneval comme un personnage fougueux et principalement arrogant et inexpérimenté , en se basant uniquement sur les propos de certains gabalais de l'époque qui souffraient visiblement de quelques frustrations vis à vis de ces normands envoyés en Gévaudan selon leur volonté et celle du roi , sachez qu'en réalité il n'en était rien et que ces mensonges ont été démontés de longue date par l'historien Gérard Kempf qui nous a permis de constater par nous même ces réalités à travers les archives et les différentes études qu'il avait consacrées aux Vaumesle d'Enneval .

En 1765 , Jean François Vaumesle d'Enneval n'avait rien d'un juvénile hobereau sans expérience lorsqu'il vint en Gévaudan avec son père afin de traquer la Bestià .

Régiment d'infanterie de La Couronne , première unité de Jean-François Vaumesle d'Enneval .

Régiment d'infanterie de La Couronne , première unité de Jean-François Vaumesle d'Enneval .

Couleurs de l'étendard du régiment de La Couronne infanterie, dans lequel servit Jean-François Vaumesle d'Enneval , avant de passer au régiment de Bresse . Cette unité avait reçu 9 drapeaux dont un blanc colonel et 8 d'ordonnance, tous bleus , avec la couronne en or au milieu de chaque croix blanche . Ce régiment fut créé sous la minorité de Louis XIV , en 1643 , au nom du régiment d'Artois , par la Régente , la Reine Marie-Anne d'Autriche . Historique régimentaire : La Reine-Mère 1643 , Artois 1666 , La Couronne 1673 , 45e demi-brigade de bataille en 1794 , 45e demi-brigade de ligne en 1796 , 45e régiment en 1803 , Légion d'Eure et Loir en 1815 et 45e régiment d'infanterie en 1820 .

Uniforme d'officier du régiment d'infanterie de La Couronne vers 1746 . Jean-François Vaumesle d'Enneval y servit avant de passer au régiment de Bresse Infanterie , où il devint capitaine . Il fit le coup de feu au sein de cette dernière unité contre les anglais , le 11 septembre 1758 , à la bataille de Saint-Cast , près de Saint-Malo . Les troupes françaises fortes de 7000 hommes , sous le commandement d'Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis-Richelieu , duc d'Aiguillon et gouverneur de la Bretagne , mirent en déroute une armée anglaise composée de 42 500 hommes dont 10 000 fantassins . Les français avaient reçu à cette occasion le renfort d'une centaine de miliciens (volontaires de Guildo) commandés par Jacques-Pierre Rioust des Villaudrains , qui avaient sérieusement retardé l'avancée de l'armée ennemie . Bien que nettement supérieurs en nombre , les britanniques furent culbutés par une impressionnante force française et durent se ré-embarquer en catastrophe, laissant sur le terrain près de 2000 morts et 740 blessés et prisonniers . Jean-François était l'un de ces officiers vainqueurs qui venaient de donner à la France sa plus éclatante victoire de la Guerre de Sept Ans avec la prise de Minorque . Le 11 septembre 1795 , soit exactement trente-sept années plus tard , Jean-François Vaumesle d'Enneval était condamné à mort par le tribunal de la Convention à Vannes (commission Legrand) . Il s'était retrouvé dans une situation inverse , en débarquant à Quiberon à partir de navires britanniques avec l'armée catholique et royale du comte d'Hervilly !... ( sources Monsieur  Gérard Kempf - Jean-François Vaumesle d'Enneval - le Pays d'Argentan , n° 23, Octobre 1995 ).
Régiment d'infanterie de Bresse , seconde unité de Jean-François Vaumesle d'Enneval .

Régiment d'infanterie de Bresse , seconde unité de Jean-François Vaumesle d'Enneval .

Couleurs de l'étendard du régiment de Bresse infanterie dans lequel servit Jean-François Vaumesle d'Enneval . L'unité possédait trois drapeaux : un modèle blanc colonel et deux d'ordonnance verts et jaunes par bandes dans les carrés et par opposition , à croix blanches . Le régiment de Bresse avait été créé pour cette province, en 1684 , sous le règne de Louis XIV , et perdura jusqu'en 1763 ( prise de décision de dissolution en novembre 1762 ) . De 1720 à 1736, il fut le 81e régiment d'infanterie de ligne puis , de 1736 à 1757 , le 82e , et enfin , de 1757 à 1763 , le 83e régiment de Bresse infanterie . Au cours de l'année 1775 , cette unité retrouva ses rangs dans l'armée de Louis XVI et , en 1791 , au coeur même de la Révolution , il devint le 26e régiment régulier d'infanterie de ligne . On le revoit ensuite converti en 26e demi-brigade de bataille en 1794 , en 26e demi-brigade de ligne durant l'année 1796 et en 26e régiment régulier dès 1803 , puis sous l'appellation de Légion du Morbihan en 1815, avant de redevenir le 26e régiment d'infanterie en 1821 .

Uniforme de capitaine du régiment de Bresse infanterie (1760-1763) , porté par Jean-François Vaumesle d'Enneval au cours de sa carrière militaire . La culotte à grand pont-levis était utilisée durant le service monté , comme semble nous le confirmer ici l'ajout des étriers sur les bottes . Pour l'exercice à pied , l'officier portait la culotte de drap bleu (couleur distinctive de l'unité) et conservait ses bottes , tandis que pour la tenue de ville ou de sortie , celles-ci étaient remplacées par des chaussures de cuir noirci à boucles dorées et une paire de fins bas blancs remontant jusqu'aux genoux . Les pans de l'habit sont ici détachés , mais , en service et à la guerre , ils se portaient repliés aux moyens d'agrafes cousues sur l'intérieur qui étaient recouvertes , le plus souvent , par des petits coeurs en tissu blancs .
 
Régiment des Recrues de la ville d'Alençon , troisième unité de Jean-François Vaumesle d'Enneval .

Régiment des Recrues de la ville d'Alençon , troisième unité de Jean-François Vaumesle d'Enneval .

Couleurs et uniforme de capitaine du régiment d'infanterie des Recrues d'Alençon ( en 1765 ) porté par Jean-François Vaumesle d'Enneval au cours de sa carrière militaire . Les 31 Régiments des Recrues furent créés le 1er février 1763 ( réforme de 1762-1763 ) . A cette époque , l'uniforme était similaire mais le collet et les parements étaient blancs . Deux ans plus tard , leur nombre était porté à 33 , et , à partir de décembre 1766 , ils furent réduits à 7 (suppression de 26 régiments) puis à 6 l'année suivante , pour n'en conserver qu'un seul en 1768 . Ce dernier fut reformé en unité pour le service des colonies (à ne pas confondre avec les régiments de recrues des colonies) , et disparut à son tour en 1773 . Nous notons l'apparition des revers à quatre gros boutons et les célèbres "guenilles à Choiseul" (épaulettes représentatives des grades) tant décriées par l'ensemble de l'armée . Le hausse-col (ou gorgerin) , qui constituait le premier signe distinctif des gradés avant l'ordonnance de l'épaulette , était  tout de même conservé . En campagne , le ceinturon qui soutenait principalement l'épée et son fourreau , recevait une petite cartouchière (giberne) qui était placée sur le devant puisque , depuis 1757, l'esponton des officiers supérieurs avait été remplacé par un modèle de fusil d'ordonnance allégé (mle 1754-59) propre à leur rang . C'est de ce type de fusil d'ordonnance dont disposait le capitaine Duhamel et certains de ses bas officiers pour chasser la Bête en Gévaudan . Monsieur Jean Boudriot , qu'on ne présente plus comme le plus grand spécialiste français des armes à feu anciennes , nous a merveilleusement bien représenté le modèle en question à travers les pages des cahiers qu'il a consacré aux armes à feu du XVIIIe siècle (tome 1 - 1717-1836) .  Contrairement aux précédents régiments de Jean-François Vaumesel d'Enneval , cette unité n'était pas constituée que d'infanterie mais aussi de cavalerie et d'artillerie , ce qui en faisait un régiment mixte . L'uniforme de la cavalerie était similaire mais avec la culotte de peau et des bottes du modèle à genouillères retroussées , voire à l'écuyère suivant la version alors utilisée pour les troupes montées . L'artillerie avait comme différence une veste et une culotte rouges  . En 1767, l'uniforme de la cavalerie deviendra bleu pour l'habit et rouge pour les revers et la doublure avec la veste et la culotte beiges , tandis que l'infanterie prendra le col et les revers bleus . On notera que le sieur Jaladon , qui autopsia la Bête tuée par François Antoine aux bois de l'abbaye des Chazes , mais aussi le sieur de Boissieux de Langeac connu dans l'affaire de la Bête , servaient également dans ces régiments de Recrues , mais plus précisément dans celui qui était stationné à Riom ( Chef Lieu de la Généralité pour la région militaire d'Auvergne ) . 

 
Régiment d'infanterie Royal-Louis  , dernière unité de Jean-François Vaumesle d'Enneval .

Régiment d'infanterie Royal-Louis , dernière unité de Jean-François Vaumesle d'Enneval .

Couleurs et uniforme d'officier du régiment d'infanterie émigré Royal Louis , engagé dans la bataille de Quiberon du 25 juin au 21 juillet 1795 avec l'armée des princes  . Lors de son interrogatoire par le tribunal révolutionnaire , Jean-François Vaumesle d'Enneval avoua être surnuméraire au sein de ce régiment afin de faciliter l'exportation de ses marchandises , car il se disait commerçant installé à Liège et embarqué , un peu malgré lui , dans cette guerre .
Lors de sa reddition , il précisa qu'il était simplement employé à la forge en tant que civil ( Sources : Mr Gérard Kempf - historien des d'Enneval ) . Mais , étant réellement vétéran et Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis , il se peut qu'il ait servi comme officier au sein de cette unité . Jean-François était seulement âgé de 61 ans et le régiment Loyal Emigrants employa de bien plus anciens officiers dans les rangs d'une compagnie de la noblesse qui perdit 75 de ses membres sur 120 , lors de la bataille de Quiberon .  

Jean-François Vaumesle d'Enneval fut condamné à mort par le tribunal de la Convention à Vannes (commission Legrand) le 11 septembre 1795  ,  mais certaines sources laissent à penser qu'il parvint à s'enfuir et à gagner ensuite l'Angleterre ( sources Monsieur Gérard Kempf - Jean-François Vaumesle d'Enneval - le Pays d'Argentan , n° 23, Octobre 1995 ) .

Blason aux armes de la ville d'Alençon . Nous avons ajouté une bordure de Gueules (rouge) extérieure, car certaines sources donnent l'écu de ce coloris . Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval était le Louvetier de la Généralité de cette ville comme de celle d'Argentan . Son grand-père, Jean-Vaumesle, seigneur de Livet, était le trésorier de France pour la généralité d'Alençon. Le 30 mars 1762, Jean-François Vaumesle d'Enneval , fils unique de Jean-Charles-Marc-Antoine , y épousa Perrine-Charlotte-Marguerite Morel, en l'église Notre-Dame. Il était alors capitaine au régiment d'infanterie de Bresse, stationné dans cette même cité . Sources : Monsieur Gérard Kempf - Le Pays d'Argentan - Loups et Louvetiers dans l'Orne, XVIIIe et XIXe siècles - N° 16 , 23 décembre 1993 .

Blason aux armes de la ville d'Alençon . Nous avons ajouté une bordure de Gueules (rouge) extérieure, car certaines sources donnent l'écu de ce coloris . Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval était le Louvetier de la Généralité de cette ville comme de celle d'Argentan . Son grand-père, Jean-Vaumesle, seigneur de Livet, était le trésorier de France pour la généralité d'Alençon. Le 30 mars 1762, Jean-François Vaumesle d'Enneval , fils unique de Jean-Charles-Marc-Antoine , y épousa Perrine-Charlotte-Marguerite Morel, en l'église Notre-Dame. Il était alors capitaine au régiment d'infanterie de Bresse, stationné dans cette même cité . Sources : Monsieur Gérard Kempf - Le Pays d'Argentan - Loups et Louvetiers dans l'Orne, XVIIIe et XIXe siècles - N° 16 , 23 décembre 1993 .

Terres de la Gosselinaie (Gosselinaye) près de Vimoutiers . A partir de l'année 1768 , les sieurs d'Enneval y possédèrent le manoir . Jean-François Vaumesle d'Enneval y employa même une demi-douzaine de personnes , dont un garde-chasse (Sources : M. Gérard Kempf , historien des d'Enneval et président de l'Association le Pays d'Argentan) . Ce lieu se trouve sur la commune de Vimoutiers . Dans son n°16 de la revue" Le Pays d'Argentan" de Décembre 1993 , Monsieur Gérard Kempf a publié deux intéressantes photos du Manoir de la Gosselinaye , dont une qui présente le bel escalier intérieur du domaine .

Terres de la Gosselinaie (Gosselinaye) près de Vimoutiers . A partir de l'année 1768 , les sieurs d'Enneval y possédèrent le manoir . Jean-François Vaumesle d'Enneval y employa même une demi-douzaine de personnes , dont un garde-chasse (Sources : M. Gérard Kempf , historien des d'Enneval et président de l'Association le Pays d'Argentan) . Ce lieu se trouve sur la commune de Vimoutiers . Dans son n°16 de la revue" Le Pays d'Argentan" de Décembre 1993 , Monsieur Gérard Kempf a publié deux intéressantes photos du Manoir de la Gosselinaye , dont une qui présente le bel escalier intérieur du domaine .

Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval , Grand louvetier de Normandie

La Maison Vaumesle d'Enneval de 1765 à 1776.                                             

Le petit personnel - ici figuré - fut principalement employé au service de Jean-François au manoir de la Gosselinaye (Gosselinaie) situé près de Vimoutiers, dont il hérita à la mort de son père en 1769. L'équipage de louveterie ne semble pas avoir perduré après la disparition de Jean-Charles-Marc-Antoine. Nous distinguons ici une vue partielle du dos du bâtiment du manoir au XVIIIe siècle. L'ensemble était complété par diverses bâtisses, dont des granges. Certains éléments sont toujours visibles en bordure de la route de Vimoutiers, au lieu-dit ''la Gosselinaie''. Ces reconstitutions de personnages ne sont possibles qu'en raison des multiples études et publications de M. Gérard Kempf, seul historien des Vaumesle d'Enneval, qui nous donnent une foison de détails.

La Gosselinaie (hameau de...) , Cadastre A-D de Caen.

La Gosselinaie (hameau de...) , Cadastre A-D de Caen.

Equipage de la la louveterie provinciale des Vaumesle d'Enneval en la Généralité d'Argentan .

Equipage de la la louveterie provinciale des Vaumesle d'Enneval en la Généralité d'Argentan .

Vue de Lisores et du bocage de la vallée d'Auge dans le Calvados  . Au cours de l'année 1768 , Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval hérita de son frère , César Vaumesle de Survie , seigneur en partie de Lisores . Outre quelques milliers de livres , il reçut aussi des terres royales sur la paroisse de Lisores et un Manoir près de Vimoutiers ( voir plus haut ). Il fut également autorisé à ajouter à ses titres celui de "seigneur en partie de Lisores". D'après les travaux de Monsieur Gérard Kempf - historien des d'Enneval .

Vue de Lisores et du bocage de la vallée d'Auge dans le Calvados . Au cours de l'année 1768 , Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d'Enneval hérita de son frère , César Vaumesle de Survie , seigneur en partie de Lisores . Outre quelques milliers de livres , il reçut aussi des terres royales sur la paroisse de Lisores et un Manoir près de Vimoutiers ( voir plus haut ). Il fut également autorisé à ajouter à ses titres celui de "seigneur en partie de Lisores". D'après les travaux de Monsieur Gérard Kempf - historien des d'Enneval .

Equipage complet des Vaumesle d'Enneval en Auvergne et Gévaudan - droits réservés .

Equipage complet des Vaumesle d'Enneval en Auvergne et Gévaudan - droits réservés .

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