Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
betedugevaudantruehistory.over-blog.com

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

Troupes montées de Clermont-Prince en Gévaudan

Troupes montées de Clermont-Prince en Gévaudan

Avant toute chose , il faut savoir que les lectures approfondies des diverses lettres du Capitaine aide-major Duhamel , rédigées durant sa campagne en Gévaudan , ainsi que celle de son mémoire dédié au ministre Etienne-François de Choiseul , sont indispensables à la compréhension des faits et à la connaissance exacte de ce qu'étaient réellement ces premiers chasseurs officiels militaires de la Bestià , et ce qu'ils ont accompli en pays gabalais .  Si les auteurs et autres historiens de l'affaire de la Bête s'étaient donné la peine de les consulter en temps et en heure , nous n'aurions pas connu plus de deux cent ans de bêtises , d'errements et de déviances - parfois destructrices - au sujet de leur identité et de toute cette première partie de l'affaire de la Bête . Que d'éléments inexistants , de théories absurdes , de déductions imaginaires et de thèses fondées sur un socle immatériel n'a t'on pas connus au sujet de ces soldats chasseurs du Gévaudan et qui auraient pu être évités par une simple lecture de ces archives .  Outre l'indécrottable décor mensonger des dragons du roi qui s'écroule dès les premières lectures des lignes de ces lettres , on y trouve aussi - comme nous cessons de le soutenir depuis des années preuves à l'appui - que c'est bien le Comte d'Eu , Gouverneur du Languedoc depuis 1755 - et donc du Gévaudan -  qui avait donné aux troupes les premiers ordres de chasse à la Bête , et non le comte Jean-Baptiste de Marin de Moncan qui n'était que le commandant en second de la province ( et le restera ) sous les ordres du Duc de Fitz-James puis de Juste de Beauvau , prince du Saint Empire Romain , qui étaient tous deux , l'un après l'autre , les commandants en chef (en premier) de la province durant la totalité de l'affaire de la Bête du Gévaudan .  On est forcément à la fois amusés mais aussi attristés , en lisant ces auteurs qui ne savent pas faire la différence entre le comte d'Eu , Louis-Charles de Bourbon (1701-1775) , le petit-fils de Louis XIV , du plus puissant des rois de France , un prince du sang donc , et un simple lieutenant-général (général de division) breton , le comte de Moncan .  On précisera tout de même que le prince de Beauvau et le comte de Moncan étaient amis depuis leur service en Lorraine chez le Duc Stanislas Leszczinsky .   

Les lettres de Duhamel confirment aussi l'appartenance des ces chasseurs de la Bête au comte de Clermont (dont ils portaient la livrée) , au prince du sang Louis de Bourbon-Condé (et non au roi ) , cet abbé , ce ''moine-soldat'' autorisé par deux Papes à porter les armes et  combattre dans l'armée de Louis XV , ce très puissant Grand Maître de La Grande Loge de France ( nom ancien du Grand Orient de France ) qui avait initié dans sa jeunesse son neveu , le prince de Conti , un autre Grand Maître de la Cour du Temple et un Grand Prieur de l'Ordre de Malte , aux frivolités des courtisanes du Siècles des Lumières . La veille de sa mort , survenue en 1771 , Louis de Bourbon-Condé avait créé la nouvelle Loge maçonnique de Saint-Louis de l'Union pour y recevoir ses fidèles officiers , tel le capitaine Duhamel , ce malheureux chasseur de la Bête du Gévaudan qui avait tant espéré la vaincre et recevoir une juste récompense en retour , et qui , ici , dès cette réception dans la loge , obtint enfin sa croix de Chevalier de Saint-Louis .  En 1785 , nous constatons que le Chevalier capitaine Jean-Baptiste-Louis-François Boulanger Duhamel était monté au grade maçonnique de Vénérable de La Loge de Saint-Louis de L'Union . . .

Voici donc , ci-dessous , les Cotes exactes des lettres de Duhamel aux A.M. d'Amiens , qui furent en majeure partie publiées par le Lozérien Marius Balmelle , et qui semblent hélas encore inconnues d'un trop grand nombre d'auteurs de la Bête . La question qui demeure est  : comment comprendre quelque chose à la Bête et à son histoire sans avoir lu ces lettres qui détaillent heure par heure les événements du Gévaudan au coeur de ces sombres années ?

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765
Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765
Cavaliers de la Légion de Clermont-Prince , premiers chasseurs officiels de la Bête du Gévaudan .

Cavaliers de la Légion de Clermont-Prince , premiers chasseurs officiels de la Bête du Gévaudan .

Au printemps de l'année 1763 ,  à la signature de la paix qui mettait un terme définitif à la Guerre de Sept Ans , le Royaume de France ne savait plus trop comment employer ses troupes irrégulières , stationnées sur la frontière ,  car elles avaient été constituées uniquement pour la guerre .  La réforme de décembre 1762 puis de mars 1763 , les avaient classifiées en tant que six Légions de troupes légères indépendantes , en majorité princières . La province du Languedoc étant assez mal desservie en matière d'occupation des territoires par diverses troupes capables d'assurer la sécurité et la fonction de police contre les nombreux brigands qui infestaient cette partie du pays,  le haut commandement , avec l'accord des princes ( leurs colonels-propriétaires ) , décida de les faire descendre en grande majorité vers la province occitane  . Les états militaires de France ainsi que les archives de l'Hérault (Cote C. 253) nous précisent qu'en 1764 la Légion Royale (qui sera ensuite intégrée à l'armée royale) était placée à Annonay en Vivarais , que celle du Haynault était passée par Tournon  (elle sera au Puy-En-Velay en 1765 puis remplacera Clermont-Prince à Langogne en 1766 ) , que les Volontaires de Soubise se trouvaient à Tournon (dont le prince était le gouverneur de la ville) , la Légion de Flandres à Carcassonne après être passée par Vienne en Dauphiné (six compagnies seront à Revel en 1764 et 1769 ), tandis que les Volontaires de Clermont-Prince - futurs chasseurs de la Bête - étaient répartis entre Bourg-Saint-Andéol en Vivarais  et la caserne de Langogne . Les compagnies de cavalerie de ce régiment ( dits dragons des troupes légères ) se trouvaient sous le commandement du capitaine Chennevière .  Leurs frères d'armes de l'infanterie (grenadiers et fusiliers ) et leur état-major, étaient quant à eux restés à Longwy sur la frontière .  La Légion de Conflans était pareillement demeurée à Metz . Ses unités de cavalerie seront converties en hussards le 1er avril 1765 . On ne s'en étonnera point puisque l'on sait aujourd'hui que les cavaliers de certaines de ces légions  - dont celle de Clermont-Prince - étaient déjà en partie des hussards depuis 1763 . Nous étions dès cette époque déjà bien loin de la figuration imaginaire et ridicule des dragons du roi évoqués par de trop nombreux auteurs de la Bête , qui ne comprennent absolument rien à  ce qu'ils tentent de vous expliquer . Quand on ne connait ni ne maîtrise la matière que l'on est censé utiliser , on s'instruit (pas à l'école forcement pour ce type de savoir) ou on passe son chemin puisque l'on est tout simplement incapable de le faire .

Découvrez ci-dessous la carte du stationnement de ces Légions et Volontaires (seulement des compagnies montées pour Clermont-Prince ) en Languedoc entre 1763 , 1764 et 1765 .

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

Comme mentionné ci-dessus dans le texte , en haut à droite nous apercevons  le cavalier qui figure la Légion Royale stationnée à Annonay en Vivarais , et tout de suite en dessous , celui de la Légion du Haynault qui était en caserne à Tournon . Un peu plus bas , à droite , en uniforme jaune et vert , le cavalier de la Légion de Flandres qui venait de Vienne en Dauphiné (hors carte) et qui passera au Puy avant de se rendre à Carcassonne , et devant lui , le cavalier  des Volontaires de Soubise , qui étaient à Tournon en Vivarais dès 1764 . Si nous nous déportons un peu plus à gauche maintenant , nous apercevons le cavalier de la Légion du Haynault qui était passée au Puy-En Velay en 1765 , avant d'être stationnée sur Langogne en 1766 . Sous ses pieds , nous découvrons deux cavaliers des Volontaires de Clermont-Prince (Légion de ... depuis mars 1763) dont les compagnies de cavaliers étaient réparties dès 1763 en casernement à Langogne et Saint-Andéol (cité située un peu plus bas à droite ) puis Pradelles . Les premières chasses et les premières battues dirigées contre la Bête se feront dans ce secteur dès le début de l'automne 1764 . Ensuite , comme on peu le voir en déplaçant son regard un peu plus vers la gauche , sur ordre du Gouverneur de la province , le comte d'Eu , les cavaliers des Volontaires de Clermont-Prince , alors commandés par l'officier d'état-major Duhamel , se porteront sur le secteur de Saint-Chély-d'Apcher , Saint-Alban , le Malzieu , là où la Bête dévorante avait déplacé ses méfaits .  Juste en dessous , sur le socle de Mende , nous apercevons aussi un cavalier de cette unité qui symbolise les estafettes et quelques soldats qui y séjournaient , faisant la liaison entre le triangle des chasses et la capitale des gabales . Les archives de Mende nous délivrent de nombreuses précisions sur ces soldats , jusqu'au détail du pain qui leur était préparé par les boulangers mendois . Enfin , tout en bas à droite , nous découvrons trois figures de ces soldats de Clermont-Prince qui symbolisent la disgrâce de cette compagnie en avril 1765 , faisant route en direction de leur nouveau casernement à Pont-St-Esprit dans le Gard , avant leur remontée vers le nord par la vallée du Rhône afin de rejoindre leur régiment demeuré à Longwy , et de passer ensuite avec lui à Philippeville ( Belgique ) . 

 

Le très pénible , délirant et insistant parallèle fait à propos de ces troupes légères avec les dragons de Louis XIV dans la Guerre des Camisards .

Quel n'est point encore à cette heure l'émotion que nous éprouvons face à cette très grande ''imbécilité'' que nous découvrons bien trop fréquemment dans bon nombre de sites internet et de livres consacrés à l'histoire de la Bête .  D'aucun diront que l'erreur est humaine et que l'Histoire n'est pas une science exacte . Certes , mais une montagne ou un pan tout entier erroné de l'Histoire , c'est tout bonnement inadmissible quand on a étudié durant tant d'années cette discipline ou ce sujet . Comment ? oui comment ... encore à cette heure ,  divers auteurs peuvent se rendre dépositaires d'autant de bêtise et d'inculture ?  Cela paraît incroyable et inexplicable si ce n'est principalement en raison de l'éternelle stupidité qui fait que certains sont éternellement en queue de peloton de l'information , sans voiture balai pour les récupérer , et que pour eux ce sont encore et toujours les sempiternels et mauvais dragons du roi Louis XV qui sont venus sur ses ordres chasser la Bête en Gévaudan . Dame Histoire s'épanche en pleurs sur nos épaules , souffrant d'être si mal servie par de tels ''bras cassés'' ! Malheureusement pour vous , messieurs , les archives ont balayés l'ensemble de vos rêveries et autres délires dignes des contes de Perrault . Non seulement nous savons qu'il n'y a jamais eu la moindre nanoparticule ou l'ombre d'un ADN de dragon venant d'un régiment du roi à venir chasser la Bête en Gévaudan , mais de plus , les unités princières qui sont arrivées dès 1763 sur ce secteur du Languedoc et du pays des Gabales , comme les troupes montées de Clermont-Prince et celle de Soubise , provenaient toutes deux de grandes Maisons (Condé & Rohan) ayant eu un temps à leur tête le chef du parti protestant (?) . Les Camisards n'étaient-ils pas protestants messieurs ? Il nous semble que si !  Arrêtez donc de parler et d'écrire pour  conter autant d'âneries , et allez surtout vous cultiver un peu plus des réalités obligatoires de l'Histoire , cela vous évitera de vous rendre ridicules et discrédités .  Sur le fond , c'est toujours un peu la même chose , de la terre , de la glaise dans laquelle ils se retrouvent cloués par cet état d'esprit archaïque et anti-militariste primaire , qu'il faut entretenir parce que leur Mathusalem familial leur avait dit avant de partir qu'il fallait coûte que coûte continuer le combat contre l'église et l'armée , et qui,  il faut l'avouer , est totalement dépassé de nos jours , mais qui a la vie dure dans la boîte crânienne emplie de pâte à modeler de ces êtres , de ces rabougris des réalités du passé et de la Culture en général .

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

                                       L'apparition de la Bête .

C'est principalement la grande question qui taraude l'esprit de bien des passionnés de cette affaire .  Quand est réellement apparue la Bête sur le sanglant théâtre d'opération de ses crimes ?  Il est encore à cette heure assez difficile de répondre concrètement à cette interrogation . On peut supposer qu'elle a commencé ses agressions sur les humains dès le début de l'année 1764 et sans doute bien avant , vers la fin de l'année 1763 . Certains auteurs parlent de plusieurs enfants tués sur la paroisse de Langogne dès mars 1764 . Le Voleur Illustré ,  du cabinet de lecture universel , précise que deux enfants de Langogne furent dévorés par une bête qui n'était pas un loup . On sait qu'en avril 1764 , la Bête attaqua une bergère tout près de Langogne , qui eut la vie sauve grâce au secours de ses vaches qui présentèrent leurs cornes à la beste . Des archives relèvent également diverses attaques sur le secteur de Saint-Laurent-les-Bains , en Ardèche , sans plus de précisions . Ce lieu se trouve situé juste en dessous de Saint-Etienne de Lugdarès , et le hameau des Hubacs , là où sera tuée par la Bête , la petite Jeanne Boulet , le 30 juin 1764 . Cette agression mortelle reste encore à cette heure , inexactement , celle de la première victime recensée du monstre anthropophage . Divers auteurs pensent avoir retrouvé la trace de la Bête dès octobre 1763 , dans le Dauphiné , en pays de Grésivaudan . Et oui , ça ne s'invente pas . Du Grésivaudan elle serait passée ensuite vers le Gévaudan pour perpétuer ses crimes .  Il est vrai que l'hypothèse est séduisante car la description de l'animal correspond sur bien des points à celui qui ravagea le Vivarais , le Gévaudan , le Rouergue et l'Auvergne . Mais c'est un portrait robot que l'on retrouve fréquemment au sujet des bêtes dévorantes qui ravagèrent le royaume au cours des siècles . Les ouvrages du professeur Jean-Marc Moriceau et de Jacques Baillon nous détaillent parfaitement les attaques de ces bêtes dévorantes , souvent des métis , des hybrides de chiens et de loups , dont la description ressemblait plus d'une fois à celle que l'on donnait pour la bête anthropophage du pays des Gabales . Et puis la première question qui nous vient à l'esprit sera de tenter à comprendre comment , si on s'en tient à cette hypothèse , cette bête , ayant semé la terreur sur le secteur de Sainte-Agnès en Grésivaudan , aurait pu traverser autant de distance pour atteindre le Vivarais et le Gévaudan sans que n'ai été relevé la moindre série d'attaques sur sa route , qui passa forcément par les régions peuplées de Grenoble , d'Echirolles  et de Valence . Les personnes qui soutiennent cette idée vous diront sans doute que la Bête passa inaperçue parce qu'elle se contenta de manger du gibier durant son long périple , et que , venant en Vivrais puis en Gévaudan , l'envie lui pris de croquer du gabalais . Sans doute possédait-elle deux cartes-mémoires interchangeables , celle de la mangeuse d'humains et une seconde pour ses voyages , réservée aux lapins et aux moutons !?  Comme on se doute qu'elle n'a pas pris un métro souterrain ou la malle-poste pour parvenir discrètement en Gévaudan , ni que , bien que douée d'une intelligence hors normes si l'on s'en tient aux témoignages de l'époque , elle ne se soit pas laissé influencer pour son périple par l'homonymie de Grésivaudan et de Gévaudan sur un guide touristique , que reste t-il comme solutions explicatives possibles ? Qu'elle ait tout bonnement fait jusqu'à destination le voyage en wurst . Ou , plus simplement , que cette bête n'avait aucune correspondance avec celle qui sévit en Gévaudan entre 1764 et 1767 . Nous devrions d'ailleurs dire avec CELLES qui on dévasté le pays des Gabales car on sait par de nombreuses archives qu'elles étaient multiples . 

LE PATRON  , MAÎTRE ET COLONEL-PROPRIETAIRE DES CHASSEURS DE LA BÊTE DU GEVAUDAN .

LE PATRON , MAÎTRE ET COLONEL-PROPRIETAIRE DES CHASSEURS DE LA BÊTE DU GEVAUDAN .

Louis de Bourbon-Condé , Comte de Clermont en Argonne (1709 - 1771) , prince héréditaire , abbé de Saint-Germain-des-Près , du Bec-Helloin , de Saint-Claude , de Marmoutiers , de Châalis et de Circan , généralissime des armées du roi Louis XV le Bien Aimé . Il obtint deux autorisations spéciales de deux Papes consécutifs pour servir son roi durant la Guerre de Succession d'Autriche et celle de Sept Ans . C'est de là que lui est venu son surnom de ''moine-soldat'' , vu qu'il était aussi abbé et avait été tonsuré dès le 18 novembre 1717 . Il était bien entendu Chevalier des Ordres du Roi et aussi Grand Maître de la Grande Loge de France (Maître absolu de la Franc Maçonnerie du Royaume . . . ) . Mais pour ce qui nous préoccupe particulièrement , il était avant tout , lieutenant-général et commandant en chef (colonel-propriétaire ) du régiment des Volontaires de Clemont-Prince qui chassèrent la Bête en Gévaudan de fin 1764 à avril 1765 . A contrario de tout ce qui était jusque là mensongèrement colporté par les historiens de l'affaire depuis plus de deux cent ans , nous avions découvert en 2001 , cette autre réalité qui a changé l'ensemble de la première partie de cette histoire de la Bête . Le comte de Clemont était aussi l'oncle du prince de Conti , ce puissant prince du sang qui possédait de nombreux fiefs en Gévaudan , qu'il initia aux frivolités des courtisanes de haut rang . Louis de Bourbon-Condé devint membre de l'Académie Française le 1er décembre 1754 . Après qu'elle eut un temps été sa maîtresse , il épousa la comédienne de théâtre qui se fit désigner dès lors comme la "marquise de Tourvoie '' , et qui habita son château de Berny . Elle lui donna deux enfants , dont un fils qui devint l'abbé Leduc , de Vendôme , en 1785 . Dès les premières missives du capitaine-aide-major Duhamel , qui dirigea les chasseurs militaires en Gévaudan , nous voyons que celui qui les commandait et le propriétaire de leur régiment était bien le comte de Clermont , et non le roi Louis XV , qui n'avait rien à voir avec cette unité privée . Ces lettres archives n'ont pas été consultées par les historiens de la Bête et nous avons donc eu plus de deux siècles de cette importante erreur à supporter avec toutes ses conséquences et hypothèses imaginaires . Il faut bien se rendre à l'évidence que la majeure partie des historiens de cette affaire ne savent pas regarder au delà de la nature de la Bête et de la liste de ses victimes . Et cela a entraîné de graves conséquences sur l'ensemble de l'histoire , permettant à des auteurs de raconter un peu n'importe quoi sur ce célèbre épisode historique . Le comte de Clermont était aussi un spécialiste des chasses puisqu'il fut un temps le capitaine des chasses de Vincennes avant que cette dernière ne soit cédée au Duc d'Orléans en 1752 . A la suite de son frère , le comte de Charolais , il eut aussi la lourde responsabilité de gérer les terres cynégétiques du Prince de Condé et ses nombreux gardes-chasses . Nous vous conseillons de lire à ce sujet les mémoires du braconnier Lucien Labruyerre qui devint l'un des meilleurs garde-chasse du comte de Clermont .

Armoiries du second Pape qui autorisa le patron des chasseurs de la Bête à passer du statut de moine à celui de guerrier .

Armoiries du second Pape qui autorisa le patron des chasseurs de la Bête à passer du statut de moine à celui de guerrier .

Les chasseurs à cheval de Clermont-Prince à la poursuite de la Bête , printemps 1765 .

Les chasseurs à cheval de Clermont-Prince à la poursuite de la Bête , printemps 1765 .

Dès l'automne 1764 , les autorités ordonneront des battues afin de tenter d'éliminer cet animal dont on ne connaissait pas la réelle nature , mais qui dévorait sans pitié le petit peuple de la région de Langogne . Comme l'avait précisé en son temps le plus célèbre historien de la Bête , l'abbé Pourcher , les notabilités locales firent appel aux troupes stationnées depuis 1763 sur la ville de Langogne,  afin de soutenir les paysans et les chasseurs civils au coeur des tric-traques (battues) . On constatait dès cet instant la grande stupidité de ces auteurs qui mentionnaient  - et mentionnent encore hélas pour certains - le fait qu'on ait fait venir ( descendre ) ces soldats pour traquer la Bête , et même que Louis XV avait envoyé ses dragons chasser la Bête en Gévaudan ; même un régiment tout entier de dragons parfois ! quelle bêtise ! Alors qu'on sait par une montagne de documents officiels qu'ils étaient déjà sur Langogne dès 1763 et qu'ils n'avaient absolument rien à voir avec Louis XV et encore moins avec les dragons de ce roi . Il est d'ailleurs de bon aloi que ces auteurs n'emploient plus jamais le terme de "DRAGONS'' dans leurs écrits pour désigner ces cavaliers des légions  , puisqu'ils se sont montrés au fil du temps ( depuis plus de deux cent ans ) totalement incapables de comprendre l'essence même de ce titre et sa substance afin de différencier les troupes légères princières du comte de Clermont , chasseurs de la Bête , des  dragons royaux qui n'ont eux jamais pointé le bout de leur nez dans les chasses en Gévaudan .  Quel désespoir de voir autant d'auteurs incultes qui vous envoient vers des pistes erronées et des puits sans fond en tentant mensongèrement d'impliquer Louis XV - à travers ses dragons - dans cette affaire , dès l'année 1764 . Nous verrons plus loin la multitude de différences qui existaient entre ces différents corps militaires , et surtout les graves conséquences que cela entraîne dans la compréhension de l'histoire de la Bête quand se présente cette négligence . Diverses sources , dont la thèse de Madame Sandrine Picaud-Monnerat sur les troupes légères et la petite guerre au XVIIIe siècle (voir la Bibliographie sur le précédent dossier) , nous renseignent sur la disponibilité de telles troupes et l'absence de règlement intérieur au sein de leur casernement à l'époque de la Bête . Les documents militaires de la période selon La Chesnaye et d'Heudicourt sont aussi tout à fait unanimes sur le fait que le commandant d'une place pouvait faire sortir une bonne partie de ses troupes de leur caserne suivant son bon vouloir , et sur une simple sollicitation des notables locaux (comme dans le cas des battues dirigées contre la Bête ) sans pour cela être obligé d'en référer à sa hiérarchie et d'en obtenir son aval . C'est donc le capitaine commandant les quatre compagnies montées de la Légion de Clemont-Prince , autrement dit le capitaine Chennevière , qui a octroyé quelques uns de ses soldats aux concours des battues décidées par les notables de Langogne . L'abbé Pourcher , qui n'était pas un affabulateur , avait dit une fois de plus une vérité qui a dérangé ces auteurs totalement ignorants de ces règlements du passé . Il n'était , de ce fait , pas nécessaire de disposer d'archives appropriées pour le confirmer comme voulaient le faire croire ces auteurs de la Bête qui , forcément , ignorent la totalité des milliards de données qui se trouvent de l'autre côté du rideau dans cet univers martial , puisque leur école d'instruction n'y connait pareillement absolument rien . La raison de l'ensemble de leurs délires livresques trouve sa source au coeur de cette réalité .

Sans cesse harcelée par les rabatteurs et ces soldats de Clermont-Prince , la Bête se déplaça finalement à l'ouest , sur le secteur de Saint-Chély-d'Apcher . Elle avait déjà fait un important nombre de victimes sur ce premier périmètre de Langogne , mais la liste allait malheureusement encore s'allonger . 

Le 14 octobre 1764 , on découvre qu'un ordre signé du lieutenant-général (général de division ) Jean-Baptiste de Marin , comte de Moncan , commandant - en second - des troupes pour la province du Languedoc , siégeant à Montpellier , parvient à Langogne . Cet ordre est destiné au capitaine aide-major Jean-Baptiste-Louis-François Boulanger Duhamel (sieur du Hamel) , un officier d'état-major - sans commandement comme le voulait alors la règle militaire -  , qui apparaît soudainement sur le théâtre des opérations . On apprend finalement qu'il s'est porté volontaire pour cette mission : ce qui est logique puisqu'il n'avait pas droit au commandement de compagnies comme tous les officiers d'état-major et qu'il était surtout un officier de plume en tant qu'aide auprès du major Dayme (officier administratif des régiments ). L'intervention soudaine de cet officier se situant en dehors du commandement , reste encore à ce jour l'un des mystères inexpliqués de l'affaire de la Bête du Gévaudan , puisque le capitaine Chennevière avait déjà officiellement le commandement des quatre compagnies montées et aurait très bien pu prendre la tête des chasses à la Bête en Gévaudan . L'Histoire nous a depuis appris que Duhamel n'était pas qu'un simple officier d'état-major ,  puisqu'il était bien en Cour par l'intermédiaire de son seigneur et maître , le comte de Clermont , et qu'il se permettait de faire parvenir au premier ministre Etienne-François de Choiseul ses écrits sur la technique de l'équitation militaire de ses cavaliers qui montaient ''à la hussarde''  . A cette époque , le monstre dévorant du Gévaudan ne faisait pas encore la une de la presse , et pourtant on lui envoyait déjà des personnages peu ordinaires pour le vaincre . Pourquoi ? pour quelle raison à votre avis ? Cette réalité fait déjà tomber d'office les affirmations de certains auteurs qui voudraient nous faire croire que l'affaire de la Bête du Gévaudan est devenue célèbre en raison d'une presse en manque de scoop ! C'est toujours la même chose , un très mauvais travail d'étude de cette partie de l'affaire liée à l'univers militaire (qu'ils détestent) les conduit à chaque fois à extrapoler sur des faits imaginaires qui existent uniquement dans leurs rêves , mais absolument pas dans les faits de l'Histoire .

On rencontre aussi fréquemment une autre grande déficience au sujet du réel commandement en Gévaudan durant l'affaire de la Bête . Le comte de Moncan n'était en réalité qu'un simple général breton et n'accéda jamais au commandement de la province du Languedoc , puisque quelques temps avant sa mort ses états-militaires (que nous avons publiés) faisaient toujours état de son grade de commandant en second de la province derrière le commandant en chef . Il est de plus très souvent confondu par ces auteurs et historiens de la Bête avec le comte d'Eu , le véritable gouverneur de la province , prince du sang et petit-fils du grand roi Louis XIV . Oui , à ce niveau ce n'est plus de l'inculture , c'est beaucoup plus grave , nul ne peut prétendre le contraire !

Dès les premières missives officielles de l'affaire de la Bête , on peut lire ceci : << le gouvernement du Languedoc a chargé un détachement des Volontaires de Clermont de lui donner la chasse >> . Non seulement le Gouvernement c'était , depuis 1755 , le gouverneur Louis-Charles de Bourbon (1701-1775) , Comte d'Eu , fils du Duc et de la redoutable conspiratrice Duchesse du Maine , mais aussi le petit-fils du roi Louis XIV et de Madame de Montespan , (née Rochechouart de Mortemart ) , et également que cette lettre des autorités spécifiait bien dès l'époque de la Bête qu'il s'agissait de ''Volontaires'', de troupes irrégulières ,  pas de dragons des régiments du roi . Comment tous ces prétendus historiens ont-ils pu se tromper à ce point depuis plus de deux cents ans ? .. édifiant de plus des théories et des déductions rapportées dans leurs livres , qui n'ont jamais existé , et surtout qui se sont écroulées les unes après les autres dès que nous avons dévoilé la vérité sur ces soldats chasseurs de Clermont-Prince en 2002 . C'est toujours la même chose : leur ignorance de cet univers martial les ampute de toute compréhension logique . C'est pourtant tout à fait simple ! Il est totalement impossible de comprendre le contexte historique de l'affaire de la Bête si on ne possède pas les bases de ce savoir obligatoire . Voilà pour quelle raison nous connaissons toujours à cette heure ce lourd panel de livres délirants sur la partie historique de cette événement .  Une seconde missive précise encore : << Conformément aux ordres de son Altesse Sérénissime Monseigneur le comte d'Eu , et de M. le comte de Moncan , commandant de la province (et non commandant en chef) , il est ordonné aux consuls ... ( et plus loin )... du Régiment des Volontaires de Clermont-Prince >> . C'est plus qu'accablant pour ces auteurs si prétentieux qui n'acceptent jamais de conseil de la part de ceux qui savent . Nous ne sommes pas là pour les juger , le flagrant délit d'incompétence est juste constaté de longue date . Nous pensons que sur internet se trouve un fort potentiel de personnes qui jugent facilement - même sans savoir bien souvent - et nous leur laissons volontiers ce soin jouissif .

Le capitaine Duhamel avait dès lors les pleins pouvoirs , donnés par cet ordre émanant du gouvernement du Languedoc , autrement dit du comte d'Eu , transmis via le commandant comte de Moncan .  Il avait pour charge de constituer une compagnie particulière , composée des meilleurs soldats et des tireurs d'élites équipés de carabines à canon rayés (1), à partir des quatre compagnies des cavaliers de la Légion de Clermont-Prince réparties entre les casernes de Langogne et de Pradelles . Chaque compagnie comprenait 29 cavaliers . Nous savons depuis quelques temps , grâce à la consultation du manuscrit du capitaine Duhamel , que ces cavaliers de troupes légères s'étaient ''hussardisés'' , probablement suite à l'influence des hussards de Saint-Victor qui avaient intégré ces compagnies en 1763 . Nous avions donné toutes ces évidences historiques dans notre cdrom dès 2008 , et pourtant bien des auteurs en sont encore à ce jour à rêvasser avec les sempiternels dragons du roi Louis XV , faisant inévitablement sortir des rails toute cette partie de l'histoire de la Bête . Duhamel vida si bien la caserne de Pradelles de son contingent que les cavaliers restant n'étaient plus assez nombreux pour occuper l'espace,  et durent de ce fait rejoindre le reliquat de garnison de Langogne vers le 31 octobre . Cet effectif demeuré sur place , très certainement sous le commandement du capitaine Chennevière , devait se tenir opérationnel au cas où la créature réapparaitrait sur le secteur .

Le capitaine Duhamel avait souhaité constituer plusieurs escouades de dix hommes à pied et de trois à cheval . Sa compagnie particulière comptait dès lors un total de quarante hommes à pied et de douze à cheval . Au relevé sur le papier puis au cours de la campagne , l'effectif varia de cinquante hommes à cinquante deux , puis de cinquante-cinq et cinquante-sept avant de culminer à cinquante-neuf soldats des compagnies montées de Clermont-Prince (2) au plus fort de la campagne des chasses . On y trouvait entre autre un trompette (3) , 2 maréchaux-des-logis , 3 fourriers , 3 brigadiers et certainement quelques appointés , qui le secondaient , ainsi que son aide de camp , valet et homme à tout faire .  Disposant ainsi d'une unité d'élite , Duhamel pensait sans doute parvenir à vaincre rapidement la Bête sur le secteur de Saint-Chély-d'Apcher, le Malzieu et Saint-Alban , où elle s'était portée depuis ses premiers ravages plus à l'est .

Sa troupe sur pied , et montée , prête au départ , le capitaine Duhamel souhaitait quitter la caserne de Langogne dès le 31 octobre 1764 , mais il en fut empêché par une tempête de neige qui perdura jusqu'au premier novembre . A chaque jour de retard dans le commencement de la campagne , Duhamel devait se justifier par courrier auprès du lieutenant-général de Moncan , qui était obligé à son tour d'en répondre devant le commandant en chef de la province , le Duc Charles de Fitz-James , qui avait succédé en 1761 au Maréchal Charles O'Brien , comte de Thomond  . Le commandant en chef Fitz-James était bien entendu à son tour sous les ordres de Louis-Charles de Bourbon , Comte d'Eu ,  et gouverneur de la province du Languedoc . C'était cela la véritable hiérarchie du pouvoir en Gévaudan au temps de la Bête , mais que vous ne trouverez pas dans un seul livre bien entendu , puisque la presque totalité des auteurs bestieux n'ont aucune maîtrise des ces réalités historiques de première importance .  On sait par la lettre du cne Duhamel , écrite le premier jour de novembre , qu'à cette date ses troupes avaient réceptionné le nouvel équipement , dont les buffleteries au naturel - en cuir de Russie - ainsi que la giberne alvéolée (dit encore ''cartouche''pour cartouchière ) pour y loger les cartouches de leurs carabines , mais que les draps pour y faire couper le nouvel uniforme ''à la polonaise'' , institué par le ministre Choiseul pour les Légions des troupes légères , n'avaient pas encore été livrés . Ils partirent donc en campagne avec leurs anciens uniformes usagés et raccommodés : voir plus bas notre première illustration sur leur arrivée à Saint-Chély-d'Apcher , ainsi vêtus . Cela met quelque part une belle claque virtuelle aux auteurs qui voient ces soldats richement vêtus et coiffés de perruques . Quelle ignorance chez ces auteurs bestieux , qui seraient bien avisés d'arrêter d'écrire des livres à propos d'un époque dont ils ne connaissent même pas la substance essentielle : l'apparence humaine !  Le jeudi 1er novembre 1764 , jour de la Toussaint selon le calendrier royal , la troupe se mit en route profitant d'une  accalmie météorologique pour se diriger vers Mende . Duhamel avait pris la route de Mende avec sa troupe , afin d'y rencontrer Monseigneur Gabriel-Florent de Choiseul-Beaupré , comte de Gévaudan , évêque et gouverneur de Mende . Certains se demanderont probablement ce qu'un militaire doté d'un ordre de mission du plus haut niveau , émanant directement du gouverneur de la province , d'un prince du sang , comme le comte d'Eu , avait à communiquer ou à partager avec cet important ecclésiastique local.  Bien évidemment , et vous vous en doutez forcément , ce n'est pas dans les livres consacrés à l'histoire de la Bête que vous allez trouver des réponses à cette question , car on sait que ces ouvrages sont essentiellement cantonnés , pour la plupart, à la possible nature de la Bête et à la liste nominative de ses victimes . Très peu d'ouvrages osent se pencher sur l'étude de la partie contextuelle de l'historique pur de ces temps , se contentant de citer partiellement les véritables acteurs de l'affaire , en déformant fréquemment leur noms et leurs titres exacts . Ce qu'il faut impérativement savoir , c'est qu'au XVIIIe siècle le Gévaudan était encore soumis à certaines lois qui remontaient au XIVe siècle et même aux wisigoths s'il faut en croire certains rapports des archives de Mende , que tout un chacun peut consulter en ligne . A propos du réel pouvoir de l'évêque de Mende et des règlements en vigueur en Gévaudan , voici ce que disait alors en son temps M.R. Barroux , l'archiviste départemental des Archives de la Lozère : << le pouvoir , à la fois tout proche et conservateur , à l'abri duquel la vie du pays se développe , est celui de l'épiscopat . Aussi l'évêque qui , selon le paréage , partage la souveraineté avec la loi , devient il l'avocat naturel et le procureur intéressé de tout son diocèse. Sa situation se renforce de ce que sa politique , hostile à toute entremise étrangère , fut-elle royale , correspond aux tendances propres du Gévaudan >>. Cela nous semble des plus limpide . Outre le pouvoir possédé au sein du royaume de France par son clan , celui des Choiseul , l'évêque de Mende disposait aussi d'un pouvoir ancestral et régional très particulier qui lui permettait , en prenant quelques raccourcis , de n'en faire qu'à sa tête et selon sa loi en application pour le Gévaudan . Il est donc , au temps de la Bête , le plus puissant personnage détenteur de l'autorité en terre des Gabales . Cela explique donc tout simplement le crochet que fit le capitaine Duhamel pour prendre son avis - le consulter - avant de partir chasser la Bête sur les parages de Saint-Chély .  On notera aussi que le prince Charles-Just de Beauvau , qui succéda à Fitz-James à la tête du commandement militaire du Languedoc et du Gévaudan au début de l'année 1765 , était l'un des cousins de l'évêque de Mende par les Choiseul-Praslin .  

Le capitaine aide-major Jean-Baptiste-Louis-François Boulanger Duhamel et sa compagnie d'élite de cavaliers-hussards de la Légion de Clermont-Prince , gagnèrent la petite cité de Serverette (4) le quatre novembre , puis parviennent enfin à Saint-Chély-d'Apcher le 5 novembre 1764 . C'est à partir de cette belle cité du Gévaudan qu'ils allaient au plus vite commencer les premières chasses importantes contre la Bête du Gévaudan .

1) Nous savons assurément par les différents rapports et missives du capitaine Duhamel que ses cavaliers disposaient d'une carabine à canon rayé . Les canons non rayés étant de ce fait des mousquetons et non des carabines . C'est une erreur que l'on peut souvent découvrir dans les textes sur les chasses à la Bête de la part de personnes qui ne sont pas renseignées sur ce point , mais qui croient seulement qu'elles le sont . Nous sommes informés que ce modèle de carabine était dérivé du mousqueton roulant de hussard , monté à mi-bois à la Manufacture Royale de Charleville par l'armurier Laure en 1760 , pour les Volontaires de Clermont-Prince . Voir à ce sujet les travaux de l'ingénieur Jean Boudriot , premier spécialiste français des armes anciennes à poudre noire . Selon ses études , ce modèle octroyé aux cavaliers de Clermont-Prince serait à l'origine du mousqueton dont les modèles consécutifs allaient désormais équiper les hussards pour tout le reste du XVIIIe siècle et même le siècle suivant . Nous vous donnerons plus loin , dans la rubrique consacrée aux armes de ces chasseurs militaires , tous les détails concernant cette arme modèle 1733-34 modifiée en 1760 . Une arme d'épaule qui était bien plus performante que ces fusils à âme lisse modèle 1733 ou 1754 des dragons du roi , totalement imaginés par bien trop d'auteurs durant une perpétuité d'années et qui ont ''pourri'' par leur négligence et leur incompétence toutes les analyses balistiques et de chasse qui ont pu être élaborées au sujet des tirs sur la Bête , et publiées à travers les livres . Nous vous donnerons aussi dans le dossier des armes un comparatif adéquat entre les fusils des dragons et ces carabines des chasseurs de la Bête , afin que vous puissiez constater la gravité de l'erreur de ces auteurs bestieux à ce propos . En règle générale , la cavalerie de ligne (pas les dragons réguliers qui ne seront classé dans la cavalerie qu'en 1784 ) possédait quatre carabines à canons rayés par compagnies . Et cela en dehors du corps des carabiniers où chaque homme était bien entendu doté d'une carabine . L'ensemble de la cavalerie était aussi équipée du plastron cuirasse (cuirasse complète pour les officiers et octroyée par le chevalier François Antoine) à l'épreuve des balles , qui était testé à bout touchant par le tir du mousqueton à la Manufacture .  Il n'y avait donc pas d'étonnement à découvrir des carabines armant les cavaliers chasseurs de la Bête puisqu'ils n'étaient en rien des dragons comme nous le savons (lourde erreur des auteurs qui ne savent pas interpréter les textes militaires) mais des cavaliers de troupes légères , des Légions mixtes et des volontaires . Certains de ces auteurs qui se sont cru plus malins que tout le monde bien qu'ils n'aient pas la moindre compétence sur le sujet , ont précisé qu'à cette époque les termes ''carabine'' et ''mousqueton'' se confondaient . Cela est vrai lorsqu'on ne distingue pas la précision de ''canon rayé'' juste derrière . Voici ce que disait il y a quelques années à ce sujet l'historien uniformolgue et des armées , spécialiste des armes à feu anciennes et des armes blanches , Monsieur Michel Pétard : << bien que le terme de mousqueton et de carabine soient souvent confondus dans les textes descriptifs de l'époque , il semble évident que bon nombre de troupes légères , telles celles des chasseurs de Fischer , recevaient dans leur équipement la carabine à canon rayé >> . L'influence germanique sur le caractère de ces unités n'était certainement pas étrangère à cette dotation d'armement , très répandu Outre-Rhin .  En dehors des nombreuses preuves d'attribution de la carabine à canon rayé aux chasseurs de la Bête , il en est encore une qui vient enfoncer définitivement le clou . Nous avons en effet pris connaissance d'une lettre adressée aux autorités par le major du régiment des Volontaires de Soubise , qui demande la fourniture de carabines pour ses cavaliers afin de remplacer leurs mousquetons . Cela prouve sans détours que les termes ''carabine'' et ''mousqueton'' étaient déjà bien différenciés chez les militaires des troupes légères à cette époque , et que les auteurs de la Bête qui soutiennent le contraire et n'en démordent pas , se placent imbécilement dans l'erreur absolue . On notera que le régiment des volontaires de Soubise , stationné à Tounon en Vivarais pour l'année 1764 , était sur bien des points le jumeau de Clermont-Prince , régiment d'où provenaient les chasseurs de la Bête comme vous le savez . Et c'est probablement pour cette raison qu'il fut confondu avec ce dernier par l'abbé Trocelier , qui fut en son temps une figure ecclésiastique connue de l'histoire de la Bête du Gévaudan . On peut même facilement supposer que ce soit la dotation puis l'emploi de carabines à canons rayés pour les cavaliers de Clermont-Prince qui ait poussé le régiment de Soubise a en solliciter pour les siens .

2) L'infanterie de ce régiment mixte - les compagnies de fusiliers et de grenadiers - rappelons-le , était restée avec l'état-major dans leur caserne à Longwy , en Meurthe et Moselle , durant toute la durée de stationnement de leurs cavaliers en Languedoc et en Gévaudan  .

3) Un cavalier - un trompette - et non une trompette qui désigne l'instrument . Par l'ordonnance du 1er mars 1763 , les légions n'étaient plus autorisées à être pourvue de drapeaux , d'étendard ou de guidon (pour les troupes montées) , ni même de timbales . Le seul instrument de musicien conservé était donc la trompette . Quelques uns d'entre vous seront dans doute surpris de voir qu'une trompette était utilisée par un trompette (cavalier-trompette) lors des chasses à la Bête . Mais il n'y a là aucune source d'étonnement à avoir , car cela perdurera à travers les siècles , jusque dans les chasses à tir de l'Empereur Napoléon III  , au XIXe siècle , où les dragons rabatteurs de service en petite tenue avaient aussi au bout de leurs lignes un trompette . Quelle était son utilité nous direz vous ? Tout simplement , lors des chasses à tir ou à la vénerie , les cris des rabatteurs , les bruits des coups de fusils et les aboiements des chiens couvraient la masse sonore de la mêlée et il était impossible de se faire entendre et de donner des ordres et des consignes . Ainsi les sonneries de trompettes présentes , tout aussi réglementées que les différents battements de tambours  , avaient chacune leur particularisme qui correspondait à une situation spécifique et un ordre donné : avancer , stopper , repartir, se déplacer plus à gauche,  à droite, etc.

4 )  Le capitaine Duhamel qualifia cette cité de Serverette de ''vilaine'' , de moche autrement dit . Trophime Lafont de Maruéjols , était un riche fermier de cette cité de Serverette . Il n'était autre que le frère du sieur Etienne Lafont (de Lafont parfois)  , le célèbre procureur fiscal de l'évêque Monseigneur de Choiseul-Beaupré , mais aussi le Syndic de Mende et le Subdélégué de la province de Gévaudan auprès de l'intendant du Languedoc , Monseigneur de Saint-Priest  . Après le décès de l'évêque de Choiseul , survenu  19 jours (a) après la mort de la Bête de Chastel tuée le 19 juin 1767 , il fut obligé , tout comme un fermier de l'évêché , un certain Louis Chastel , de répondre de malversations financières et d'avantages pécuniaires perçus illégalement , et condamné de ce fait par le tribunal de l'évêché de Monseigneur Jean-Arnaud de Castellane , à rembourser la somme de 2557 livres à la communauté gabalitaine . Il avait perçu pas moins de 12000 livres annuelles pendant ses neuf années de service auprès de Mgr de Choiseul . Autrement dit , la place était bonne ! Son frère , le sieur Etienne Lafont , fut aussi concerné par ses malversations , et ne put jamais justifier la somme de 7000 livres qu'il avait retiré de la caisse du Gévaudan en 1764 . A sa mort , en août 1779 , il avait totalement vidé les caisses du Gévaudan , laissant en prime pas moins de 166 ,735 livres de dettes au diocèse . Tout ceci vous ne le lirez jamais dans les livres sur l'affaire de la Bête pour des raisons que vous devinerez aisément , car on préfère vous présenter mensongèrement le sieur Etienne Lafont comme un excellent gestionnaire du diocèse de Gévaudan et aussi oublier fréquemment de mentionner qu'il était le procureur fiscal de l'évêque , sans doute pour que vous n'alliez pas fouiner dans les archives à ce sujet , aux A-D de Mende .

a) On notera que celui qui supervisa les chasses à la Bête pour la province de l'Auvergne , l'intendant Monseigneur de Ballainvilliers , est aussi décédé le 19 octobre  1767 .

Monseigneur Gabriel-Florent de Choiseul-Beaupré , évêque Janséniste et gouverneur de la ville de Mende , comte de Gévaudan .

Monseigneur Gabriel-Florent de Choiseul-Beaupré , évêque Janséniste et gouverneur de la ville de Mende , comte de Gévaudan .

La ville de  Mende et sa cathédrale . C'est au cœur de cet édifice que fut lu devant les fidèles , le 31 décembre 1764 , le mandement de l'évêque Gabriel-Florent de Choiseul-Beaupré, qui fit de la Bête du Gévaudan un véritable fléau de Dieu .  Selon une certaine analyse , il apparaît que ce mandement mettait l'accent sur la dépravation morale des petits sujets de Dieu au cœur de la province des Gabales . Cependant , si on se montre très attentif aux tréfonds des propos de ce texte , on peut s’apercevoir que l'évêque de Choiseul ne visait pas particulièrement le petit peuple du Gévaudan , mais principalement ses maîtres qui , il est vrai , s'étaient abandonnés au sein de loges peu recommandables , comme celle de La Félicité , à tous les travers de la luxure et de l'hérésie . On trouvait entre autre , dans cette loge pas très catholique et même davantage considérée comme une secte , le cardinal ardéchois François-Joachim de Pierre de Bernis , qui était archevêque d'Albi depuis 1764 , ayant succédé au cousin de l'évêque de Mende , Léopold-Charles de Choiseul-Stainville . Bernis avait été un temps l'ami de Casanova lors de ses folles soirées lorsqu'il était ambassadeur à Venise , et il était également le cousin de la famille Morangiès ( par l'union de Jeanne de Molette de Morangiès à noble Jean de Pierre de Bernis) mais aussi de Jean Chastel selon les découvertes de l'historien André Aubazac . Ce qui fait par là-même , sans qu'il soit besoin de passer par la noble famille Chastel de Servières qui les rattache , des Morangiès et des Chastel , des cousins . Vous constaterez que du côté du Gévaudan vous ne verrez jamais dans les publications cette inattaquable généalogie qui établit ce lien familial entre ces deux familles et pareillement avec les Apchier . Nous pensons qu'il est inutile de vous en préciser la raison .  A la tête de cette loge Hermaphrodite se trouvait le Duc de La Tour d'Auvergne (Godefroy de Bouillon de ...), certainement ses cousins les La Tour d'Auvergne d'Apchier , et aussi le co-fondateur et étrange marquis de la Garde Chambonas , cousin direct du comte de Morangiès , dont l'épouse était la dame de compagnie de la Duchesse du Maine (la mère du comte d'Eu , le gouverneur du Languedoc et du Gévaudan au temps de la Bête ) , mais aussi l'un des membres de la Loge de l'Abeille (la Mouche à Miel de Mérovée) de la Duchesse où figuraient tous les plus grand opposants et conspirateurs au pouvoir du roi Louis XV , dont bien entendu Voltaire et sa maîtresse Émilie , qui iront ensuite comploter à Lunéville chez Stanislas Leszczynski quand la Cour de Sceaux ne sera plus .  De nombreux éléments laissent à penser que dans l'ombre , le prince de Conti était le maître suprême de cette secte Languedocienne de la Félicité , le maître de l'Île ... Il avait déjà tant de puissance dans l'ombre ! Nous ne détaillerons pas ces éléments ici , faute de place .  Dernièrement , un auteur de l'affaire de la Bête du Gévaudan s'était offusqué sur le Web que le film de Christophe Gans , le Pacte des Loups , ait pu faire figurer une maison de plaisir à Mende sous la  juridiction de l'évêque de Choiseul . Certes , Gabriel-Florent était un évêque plutôt intégriste , puisque d'obédience janséniste (doctrine condamnée par l’Église de Rome en 1713 et par la bulle Unigenitus du Pape Clément XI ) , mais la vérité véhiculée par les archives confirment pourtant cet état de fait à Mende au XVIIIe siècle . Comme toutes les villes de garnisons (1) , Mende n'échappait pas aux cohortes de péripatéticiennes qui exerçaient dans les rues mais aussi dans les tavernes de la cité . Les archives de la ville de Mende nous dévoilent régulièrement , pour le siècle de la Bête , ces ordonnances régulières de ''purges'' qui convoyaient en charrettes ces filles de joie en dehors des murs de la capitale du Gévaudan . Cela se passait ainsi dans l'ensemble des grandes cités sous l'Ancien Régime . Prenez comme exemple le tableau du peintre Étienne Jeaurat (1699-1789) qui nous montre la conduite des filles de joie en charrette à la Salpêtrière au cœur de Paris sous le règne de Louis XV . Remplacez maintenant cette porte lutécienne par celle du Soubeyran à Mende ,  et ces soldats du gué de Paris par les livrées jaunes des policiers municipaux de Mende (valets de ville) et vous aurez sous les yeux une scène d’expulsion extra-muros de prostitués comme il s'en déroula plusieurs fois au sein de cette cité des Gabales sous les Lumières . Mais là n'était pas le plus glauque . Si Christophe Gans avait bien fait figurer l'effectivité d'un bordel à Mende dans sa réalisation cinématographique (le cinéma a fait bien pire dans d'autres films) , la secte Hermaphrodite de la Félicité dont nous avons parlé plus avant , se permettait elle de faire des messes sataniques , honorant les pires feux de la luxure , à deux pas des fenêtres du Légat du Pape à  Avignon . C'était tout de même autre chose qu'un simple lupanar à Mende , et de surcroît sous les naseaux du plus puissant ecclésiastique relevant directement du Pape en  comté Venaissin .   Il eut de nombreuses plaintes de l'église , mais les personnes qui constituaient les membres de cette secte étaient si puissantes , qu'elles n'aboutirent jamais . Nous vous avons énuméré quelques personnages appartenant à cette secte , dont quelques personnalités du Gévaudan et de l'Auvergne .  L'évêque janséniste d'Aleth , Nicolas Pavillon , connut en son temps bien des déboires pour combattre la secte du ''masque de loup'' à Limoux ( les loups d'Arcadie -Septimanie et Gévaudan) , présidée par un puissant seigneur du Razès (famille unie aux Morangiès par les Montesquieu) . Monseigneur de Choiseul , qui connaissait la vie de Nicolas Pavillon puisque l'un de ses ouvrages figurait dans sa bibliothèque , eut aussi à porter sa croix face à ces loges de mauvaise augure . C'est ce comportement que dénonçait son mandement du 31 décembre 1764 et non les excès du petit peuple qui n'avait d'autre motivation journalière que de chercher à ne pas mourir de faim . C'est du moins ce qui ressort des archives (que nous avons publiées sur nos Groupes) quand on se donne la peine de chercher là où il faut .  ___________________________________________________________________________________________  1) Nous avons relevé dans les listes des A-D de Mende les multiples présences et passages de troupes à Mende aux XVIIe et XVIIIe siècles . C'est d'ailleurs sous l'épiscopat de Monseigneur Gabriel-Florent de Choiseul-Beaupré que fut additionné de nouveaux lits afin d’accueillir dans la cité davantage de militaires . On sait par exemple que durant la campagne des chasses à la Bête , de 1764 à 1765 , certains soldats de Clemont-Prince se trouvaient à Mende , tel  le lieutenant Delmas . Plusieurs estafettes militaires faisaient aussi régulièrement la liaison entre cette capitale des Gabales et le quartier général du capitaine Duhamel à Saint-Chély-d'Apcher . On sait également que des soldats blessés furent soignés à Mende , à l'Hôpital de Mgr de Choiseul . Maintenant , pour ce qui est du rapprochement des prostituées avec les troupes , et puisque nous avons constaté qu'une méconnaissance de certaines réalités de ce temps était le courant apanage de bien des auteurs de la Bête , nous préciserons que sous l'Ancien Régime ,  les régiments étaient accompagnés de nombreuses prostituées , mais aussi de vivandières , de cantinières , de lingères et de nombreux enfants , parfois des illégitimes d'anspessades , qui faisaient de futures recrues pour les tambours et les fifres , et que l'on formait ainsi très jeunes à apprendre à battre les nombreuses marches avant de les enrôler une fois qu'ils étaient devenus adultes (a).  En 1793 , à Douai, le général Carnot , nouvellement arrivé dans cette ville , découvrit que la garnison était accompagnée de 3000 femmes et enfants pour un effectif de seulement 350 hommes . Il qualifia la présence de ces nombreuses femmes autour des soldats de ''terrible fléau'' pour nos armées . La Convention tentera de mettre un terme à cette situation héritée de l'Ancien Régime , par la loi du 30 avril 1793 , qui permettait d’expulser une majorité de femmes accolées à l'armée , mais le résultat ne fut guère concluant . Il fallu attendre la venue au pouvoir de Bonaparte , et de règlements plus stricts , pour que la conjoncture s'améliore . ______________________________________________________________________________________________ a) Pour en savoir davantage à ce sujet , se reporter à l'ordonnance du ministre Choiseul du 1er mai 1766  : Collection des Ordonnances Militaires , n°53 , 1766 , SHD , Alb 1175 .  Et : Lieutenant-colonel Nicolas Tachon , les enfants-soldats , Tradition , n°234 , novembre-décembre 2007 .

La ville de Mende et sa cathédrale . C'est au cœur de cet édifice que fut lu devant les fidèles , le 31 décembre 1764 , le mandement de l'évêque Gabriel-Florent de Choiseul-Beaupré, qui fit de la Bête du Gévaudan un véritable fléau de Dieu . Selon une certaine analyse , il apparaît que ce mandement mettait l'accent sur la dépravation morale des petits sujets de Dieu au cœur de la province des Gabales . Cependant , si on se montre très attentif aux tréfonds des propos de ce texte , on peut s’apercevoir que l'évêque de Choiseul ne visait pas particulièrement le petit peuple du Gévaudan , mais principalement ses maîtres qui , il est vrai , s'étaient abandonnés au sein de loges peu recommandables , comme celle de La Félicité , à tous les travers de la luxure et de l'hérésie . On trouvait entre autre , dans cette loge pas très catholique et même davantage considérée comme une secte , le cardinal ardéchois François-Joachim de Pierre de Bernis , qui était archevêque d'Albi depuis 1764 , ayant succédé au cousin de l'évêque de Mende , Léopold-Charles de Choiseul-Stainville . Bernis avait été un temps l'ami de Casanova lors de ses folles soirées lorsqu'il était ambassadeur à Venise , et il était également le cousin de la famille Morangiès ( par l'union de Jeanne de Molette de Morangiès à noble Jean de Pierre de Bernis) mais aussi de Jean Chastel selon les découvertes de l'historien André Aubazac . Ce qui fait par là-même , sans qu'il soit besoin de passer par la noble famille Chastel de Servières qui les rattache , des Morangiès et des Chastel , des cousins . Vous constaterez que du côté du Gévaudan vous ne verrez jamais dans les publications cette inattaquable généalogie qui établit ce lien familial entre ces deux familles et pareillement avec les Apchier . Nous pensons qu'il est inutile de vous en préciser la raison . A la tête de cette loge Hermaphrodite se trouvait le Duc de La Tour d'Auvergne (Godefroy de Bouillon de ...), certainement ses cousins les La Tour d'Auvergne d'Apchier , et aussi le co-fondateur et étrange marquis de la Garde Chambonas , cousin direct du comte de Morangiès , dont l'épouse était la dame de compagnie de la Duchesse du Maine (la mère du comte d'Eu , le gouverneur du Languedoc et du Gévaudan au temps de la Bête ) , mais aussi l'un des membres de la Loge de l'Abeille (la Mouche à Miel de Mérovée) de la Duchesse où figuraient tous les plus grand opposants et conspirateurs au pouvoir du roi Louis XV , dont bien entendu Voltaire et sa maîtresse Émilie , qui iront ensuite comploter à Lunéville chez Stanislas Leszczynski quand la Cour de Sceaux ne sera plus . De nombreux éléments laissent à penser que dans l'ombre , le prince de Conti était le maître suprême de cette secte Languedocienne de la Félicité , le maître de l'Île ... Il avait déjà tant de puissance dans l'ombre ! Nous ne détaillerons pas ces éléments ici , faute de place . Dernièrement , un auteur de l'affaire de la Bête du Gévaudan s'était offusqué sur le Web que le film de Christophe Gans , le Pacte des Loups , ait pu faire figurer une maison de plaisir à Mende sous la juridiction de l'évêque de Choiseul . Certes , Gabriel-Florent était un évêque plutôt intégriste , puisque d'obédience janséniste (doctrine condamnée par l’Église de Rome en 1713 et par la bulle Unigenitus du Pape Clément XI ) , mais la vérité véhiculée par les archives confirment pourtant cet état de fait à Mende au XVIIIe siècle . Comme toutes les villes de garnisons (1) , Mende n'échappait pas aux cohortes de péripatéticiennes qui exerçaient dans les rues mais aussi dans les tavernes de la cité . Les archives de la ville de Mende nous dévoilent régulièrement , pour le siècle de la Bête , ces ordonnances régulières de ''purges'' qui convoyaient en charrettes ces filles de joie en dehors des murs de la capitale du Gévaudan . Cela se passait ainsi dans l'ensemble des grandes cités sous l'Ancien Régime . Prenez comme exemple le tableau du peintre Étienne Jeaurat (1699-1789) qui nous montre la conduite des filles de joie en charrette à la Salpêtrière au cœur de Paris sous le règne de Louis XV . Remplacez maintenant cette porte lutécienne par celle du Soubeyran à Mende , et ces soldats du gué de Paris par les livrées jaunes des policiers municipaux de Mende (valets de ville) et vous aurez sous les yeux une scène d’expulsion extra-muros de prostitués comme il s'en déroula plusieurs fois au sein de cette cité des Gabales sous les Lumières . Mais là n'était pas le plus glauque . Si Christophe Gans avait bien fait figurer l'effectivité d'un bordel à Mende dans sa réalisation cinématographique (le cinéma a fait bien pire dans d'autres films) , la secte Hermaphrodite de la Félicité dont nous avons parlé plus avant , se permettait elle de faire des messes sataniques , honorant les pires feux de la luxure , à deux pas des fenêtres du Légat du Pape à Avignon . C'était tout de même autre chose qu'un simple lupanar à Mende , et de surcroît sous les naseaux du plus puissant ecclésiastique relevant directement du Pape en comté Venaissin . Il eut de nombreuses plaintes de l'église , mais les personnes qui constituaient les membres de cette secte étaient si puissantes , qu'elles n'aboutirent jamais . Nous vous avons énuméré quelques personnages appartenant à cette secte , dont quelques personnalités du Gévaudan et de l'Auvergne . L'évêque janséniste d'Aleth , Nicolas Pavillon , connut en son temps bien des déboires pour combattre la secte du ''masque de loup'' à Limoux ( les loups d'Arcadie -Septimanie et Gévaudan) , présidée par un puissant seigneur du Razès (famille unie aux Morangiès par les Montesquieu) . Monseigneur de Choiseul , qui connaissait la vie de Nicolas Pavillon puisque l'un de ses ouvrages figurait dans sa bibliothèque , eut aussi à porter sa croix face à ces loges de mauvaise augure . C'est ce comportement que dénonçait son mandement du 31 décembre 1764 et non les excès du petit peuple qui n'avait d'autre motivation journalière que de chercher à ne pas mourir de faim . C'est du moins ce qui ressort des archives (que nous avons publiées sur nos Groupes) quand on se donne la peine de chercher là où il faut . ___________________________________________________________________________________________ 1) Nous avons relevé dans les listes des A-D de Mende les multiples présences et passages de troupes à Mende aux XVIIe et XVIIIe siècles . C'est d'ailleurs sous l'épiscopat de Monseigneur Gabriel-Florent de Choiseul-Beaupré que fut additionné de nouveaux lits afin d’accueillir dans la cité davantage de militaires . On sait par exemple que durant la campagne des chasses à la Bête , de 1764 à 1765 , certains soldats de Clemont-Prince se trouvaient à Mende , tel le lieutenant Delmas . Plusieurs estafettes militaires faisaient aussi régulièrement la liaison entre cette capitale des Gabales et le quartier général du capitaine Duhamel à Saint-Chély-d'Apcher . On sait également que des soldats blessés furent soignés à Mende , à l'Hôpital de Mgr de Choiseul . Maintenant , pour ce qui est du rapprochement des prostituées avec les troupes , et puisque nous avons constaté qu'une méconnaissance de certaines réalités de ce temps était le courant apanage de bien des auteurs de la Bête , nous préciserons que sous l'Ancien Régime , les régiments étaient accompagnés de nombreuses prostituées , mais aussi de vivandières , de cantinières , de lingères et de nombreux enfants , parfois des illégitimes d'anspessades , qui faisaient de futures recrues pour les tambours et les fifres , et que l'on formait ainsi très jeunes à apprendre à battre les nombreuses marches avant de les enrôler une fois qu'ils étaient devenus adultes (a). En 1793 , à Douai, le général Carnot , nouvellement arrivé dans cette ville , découvrit que la garnison était accompagnée de 3000 femmes et enfants pour un effectif de seulement 350 hommes . Il qualifia la présence de ces nombreuses femmes autour des soldats de ''terrible fléau'' pour nos armées . La Convention tentera de mettre un terme à cette situation héritée de l'Ancien Régime , par la loi du 30 avril 1793 , qui permettait d’expulser une majorité de femmes accolées à l'armée , mais le résultat ne fut guère concluant . Il fallu attendre la venue au pouvoir de Bonaparte , et de règlements plus stricts , pour que la conjoncture s'améliore . ______________________________________________________________________________________________ a) Pour en savoir davantage à ce sujet , se reporter à l'ordonnance du ministre Choiseul du 1er mai 1766 : Collection des Ordonnances Militaires , n°53 , 1766 , SHD , Alb 1175 . Et : Lieutenant-colonel Nicolas Tachon , les enfants-soldats , Tradition , n°234 , novembre-décembre 2007 .

_________________________________________________________________________________

_________________________________________________________________________________

Capitaine aide-major Jean-Baptiste-Louis-François Boulanger Duhamel , né à Amiens (Picardie) le 6 février 1732 .  - Il est incorporé au régiment de Laval-Infanterie stationné à Condé- sur-l'Escaut (cours de l'Escaut , banlieue de Valenciennes) le 11 février 1747 . Le colonel de ce régiment depuis le 22 août 1743 , n'était autre que le brigadier Guy-André-Pierre de Montmorency , Duc de Laval (1). Ce régiment fut réformé en 1749 . La source concernant le capitaine Duhamel servant au régiment de Cambis-Infanterie que l'on trouve dans les livres et les sites consacrés à l'affaire de la Bête est tout simplement une erreur de plus . Il paraît en tout temps , assez compliqué de placer une personne dans un régiment qui n’existait pas encore à la date indiquée ? Et puisque la réception de ce régiment par le marquis de Cambis d'Orsan ne se fera qu'après 1749 , c'est à dire au début de l'année 1750 , à une époque où le sieur Duhamel n'y servait déjà plus .  Le 1er Octobre 1756 , il intègre le régiment de cavalerie Royal- Roussillon (cavalerie de ligne) en tant que cornette (2).  -Le 16 mai 1758 ( à la création du corps ) , Duhamel passe au régiment des Volontaires de Clermont-Prince en tant qu'aide-major d'infanterie .  -Le 15 décembre 1758 , Duhamel y est nommé capitaine.  -Le premier mars 1760 , on le retrouve capitaine aide-major d'une compagnie de dragons ( nommés cavaliers en 1758 )  au sein de ce régiment de troupes légères . Il semble selon une source que ce rang ne devint effectif seulement le 6 septembre suivant . Le poste étant sans doute toujours occupé dans cette compagnie . - Duhamel participe à la Guerre de Sept Ans . Il sera blessé d'un coup de sabre le 16 juillet 1757 au passage du Weser , et une seconde fois de coups de baïonnettes et d'un coup de fusil au travers de la cuisse , à Zeriemberg dans la nuit du 6 au 7 septembre 1760 . -Le 10 février 1763 la paix est signée , et son régiment est ensuite réformé par le comte de Chabo le 18 avril 1763 . -Au mois de mai 1763 , l'unité reformée en légion avec des effectifs réduits , est passée en revue à Longwy (Meurthe et Moselle) . -de Novembre 1764 à avril 1765 , il se trouve en campagne avec sa compagnie d'élite dans les chasses à la Bête au cœur du Gévaudan . -Le 7 avril 1765 , les quatre compagnies montées de Clermont-Prince sont stationnées à Pont-St-Esprit sur la rive du  Rhône (Gard) avant de regagner Longwy , puis Philippeville en 1766 .   -le 1er mars 1766 , le comte de Clermont transmet son régiment à son neveu , Louis Joseph , le prince de Condé . Le régiment devient dès lors la Légion de Condé .  -En 1769 , à Bitche , Duhamel commande en second l'une des huit compagnies de dragon de la Légion de Condé .  -Le 16 juin 1771 , décède à Paris , Louis de Bourbon-Condé , comte de Clermont . Duhamel intègre la Loge de Saint-Louis de l'Union , nouvellement créée par le comte la veille de sa mort , et obtient sa croix de Chevalier de Saint-Louis qu'il convoitait tant , le 9 décembre suivant .   -Le 13 décembre 1773 , Duhamel reçoit le commandement personnel d'une compagnie de dragons de la Légion de Condé , qui devient la compagnie Duhamel .  -le 25 mars 1776 , la totalité des légions sont dissoutes par décision du ministre de la Guerre , le comte de Saint-Germain . Les huit compagnies montées sont transformées en chasseurs à cheval rattachées à la suite des régiments de dragons de la ligne . L'infanterie des légions est quant à elle purement et simplement supprimée . -le 9 décembre 1776 , le capitaine commandant Duhamel dirige l'escadron de chasseurs à cheval  , accolé au quatre escadrons du régiment de Boufflers-Dragons . -Le 29 janvier 1779 , suivant la nouvelle réforme du ministre Montbarrey , Duhamel se retrouve à commander un escadron au 4e régiment de chasseurs à cheval . -le 3 juin 1779 , le capitaine Duhamel obtient une pension de 400 livres du trésor royal .  -le 1er novembre 1779 , en considération de ses 34 années de service rendus à l'armée , de ses handicaps découlant de ses nombreuses blessures reçues au combat durant la Guerre de Sept Ans , il obtient une pension régulière de 400 livres .  Dans une lettre du 9 juillet 1780 , il réclame auprès du ministre Montbarrey la dotation de la première lieutenance de cavalerie qui viendrait à se libérer dans un régiment royal . -Le 8 août 1784 , suite à l'ordonnance du Maréchal de Ségur , Duhamel prend la tête d 'un escadron du régiment de chasseurs à cheval des Cévennes . Le 5ème (ex-Soubise ) était alors le régiment de chasseurs à cheval du Gévaudan . Six bataillons d’infanterie de chasseurs à pied étaient à nouveau additionnés à la cavalerie comme au temps des Légions . -En 1785, Duhamel est Vénérable dans la Loge de Saint-Louis de l'Union . -Par une missive de Versailles , datée du 3 février 1788 , Duhamel obtient une pension de retraite de 1400 livres sur le trésor royal . Son régiment était alors stationné à Colmar .  Son dossier militaire résume ainsi sa carrière : -1763 . Se conduit fort bien à la guerre , a de l'esprit , du talent et de la volonté . -1768 . Bonne conduite . -1768. Sert avec le plus grand zèle .  -1772 . A bien servit à la guerre, rempli de zèle.  -1775. Rempli de zèle et de courage .  Ainsi disparaissait de la scène ce premier chasseur officiel de la Bête du Gévaudan , qui ne manqua jamais de courage pour tenter de la vaincre .  _________________________________________________________________________________________1) De la célèbre famille de Laval , mais aussi et surtout des Montmorency ,(donc des Condé bien sûr) mais de ces prestigieux gouverneurs du Languedoc reçus en grandes pompes en Gévaudan , au sein de sa capitale , ayant offert des chevaliers à l'Ordre Papal de Sainte-Marie , et raccordés par mariage à la famille de Morangiès du Gévaudan . On relévera également que le prince Charles-Just de Beauvau Craon , commandant des troupes en Languedoc durant une majeure partie de l'affaire de la Bête du Gévaudan , avec qui Jacques Portefaix garda de bons contacts , et que nous savons cousin de l'évêque de Mende  , était aussi lié à la famille de Montmorency (donc aux Morangiès) , et aux Laval par les Beauvau-Craon . Il était aussi l'ami du comte de Moncan depuis la Lorraine , qui était placé sous ses ordres (il dirigeait Duhamel en Gévaudan ) mais de Beauvau était principalement membre de la Cour du Temple du prince de Conti , ce prince du sang , ce très puissant seigneur de fiefs en Gévaudan . Une affaire de famille en quelque sorte .  On constate finalement que le capitaine Duhamel a principalement servi au sein de régiments familialement rattachés à la maison de Condé , jusqu'en 1776 .   _________________________________________________________________________________________2) Sans faire une démonstration de Vexillologie , Le cornette correspondait à un titre donné au porte étendard (ou guidon ) d'une compagnie de cavalerie . Le port de cet emblème de reconnaissance pour les troupes montées était réservé aux maîtres et aux bas-officiers . Ce rang fut rebaptisé ''enseigne'' par l'ordonnance du 8 septembre 1756 . Pour les revues et le combat , le privilège du port de l'étendard de cavalerie revenait au cornette du régiment , c'est à dire à un jeune officier , souvent cadet d'une illustre famille , qui servait à ce poste particulier . Cela dénote obligatoirement pour le capitaine Duhamel une appartenance confirmée à une maison noble de France , sans doute provinciale , mais bien effective . ___________________________________________________________________________________

Capitaine aide-major Jean-Baptiste-Louis-François Boulanger Duhamel , né à Amiens (Picardie) le 6 février 1732 . - Il est incorporé au régiment de Laval-Infanterie stationné à Condé- sur-l'Escaut (cours de l'Escaut , banlieue de Valenciennes) le 11 février 1747 . Le colonel de ce régiment depuis le 22 août 1743 , n'était autre que le brigadier Guy-André-Pierre de Montmorency , Duc de Laval (1). Ce régiment fut réformé en 1749 . La source concernant le capitaine Duhamel servant au régiment de Cambis-Infanterie que l'on trouve dans les livres et les sites consacrés à l'affaire de la Bête est tout simplement une erreur de plus . Il paraît en tout temps , assez compliqué de placer une personne dans un régiment qui n’existait pas encore à la date indiquée ? Et puisque la réception de ce régiment par le marquis de Cambis d'Orsan ne se fera qu'après 1749 , c'est à dire au début de l'année 1750 , à une époque où le sieur Duhamel n'y servait déjà plus . Le 1er Octobre 1756 , il intègre le régiment de cavalerie Royal- Roussillon (cavalerie de ligne) en tant que cornette (2). -Le 16 mai 1758 ( à la création du corps ) , Duhamel passe au régiment des Volontaires de Clermont-Prince en tant qu'aide-major d'infanterie . -Le 15 décembre 1758 , Duhamel y est nommé capitaine. -Le premier mars 1760 , on le retrouve capitaine aide-major d'une compagnie de dragons ( nommés cavaliers en 1758 ) au sein de ce régiment de troupes légères . Il semble selon une source que ce rang ne devint effectif seulement le 6 septembre suivant . Le poste étant sans doute toujours occupé dans cette compagnie . - Duhamel participe à la Guerre de Sept Ans . Il sera blessé d'un coup de sabre le 16 juillet 1757 au passage du Weser , et une seconde fois de coups de baïonnettes et d'un coup de fusil au travers de la cuisse , à Zeriemberg dans la nuit du 6 au 7 septembre 1760 . -Le 10 février 1763 la paix est signée , et son régiment est ensuite réformé par le comte de Chabo le 18 avril 1763 . -Au mois de mai 1763 , l'unité reformée en légion avec des effectifs réduits , est passée en revue à Longwy (Meurthe et Moselle) . -de Novembre 1764 à avril 1765 , il se trouve en campagne avec sa compagnie d'élite dans les chasses à la Bête au cœur du Gévaudan . -Le 7 avril 1765 , les quatre compagnies montées de Clermont-Prince sont stationnées à Pont-St-Esprit sur la rive du Rhône (Gard) avant de regagner Longwy , puis Philippeville en 1766 . -le 1er mars 1766 , le comte de Clermont transmet son régiment à son neveu , Louis Joseph , le prince de Condé . Le régiment devient dès lors la Légion de Condé . -En 1769 , à Bitche , Duhamel commande en second l'une des huit compagnies de dragon de la Légion de Condé . -Le 16 juin 1771 , décède à Paris , Louis de Bourbon-Condé , comte de Clermont . Duhamel intègre la Loge de Saint-Louis de l'Union , nouvellement créée par le comte la veille de sa mort , et obtient sa croix de Chevalier de Saint-Louis qu'il convoitait tant , le 9 décembre suivant . -Le 13 décembre 1773 , Duhamel reçoit le commandement personnel d'une compagnie de dragons de la Légion de Condé , qui devient la compagnie Duhamel . -le 25 mars 1776 , la totalité des légions sont dissoutes par décision du ministre de la Guerre , le comte de Saint-Germain . Les huit compagnies montées sont transformées en chasseurs à cheval rattachées à la suite des régiments de dragons de la ligne . L'infanterie des légions est quant à elle purement et simplement supprimée . -le 9 décembre 1776 , le capitaine commandant Duhamel dirige l'escadron de chasseurs à cheval , accolé au quatre escadrons du régiment de Boufflers-Dragons . -Le 29 janvier 1779 , suivant la nouvelle réforme du ministre Montbarrey , Duhamel se retrouve à commander un escadron au 4e régiment de chasseurs à cheval . -le 3 juin 1779 , le capitaine Duhamel obtient une pension de 400 livres du trésor royal . -le 1er novembre 1779 , en considération de ses 34 années de service rendus à l'armée , de ses handicaps découlant de ses nombreuses blessures reçues au combat durant la Guerre de Sept Ans , il obtient une pension régulière de 400 livres . Dans une lettre du 9 juillet 1780 , il réclame auprès du ministre Montbarrey la dotation de la première lieutenance de cavalerie qui viendrait à se libérer dans un régiment royal . -Le 8 août 1784 , suite à l'ordonnance du Maréchal de Ségur , Duhamel prend la tête d 'un escadron du régiment de chasseurs à cheval des Cévennes . Le 5ème (ex-Soubise ) était alors le régiment de chasseurs à cheval du Gévaudan . Six bataillons d’infanterie de chasseurs à pied étaient à nouveau additionnés à la cavalerie comme au temps des Légions . -En 1785, Duhamel est Vénérable dans la Loge de Saint-Louis de l'Union . -Par une missive de Versailles , datée du 3 février 1788 , Duhamel obtient une pension de retraite de 1400 livres sur le trésor royal . Son régiment était alors stationné à Colmar . Son dossier militaire résume ainsi sa carrière : -1763 . Se conduit fort bien à la guerre , a de l'esprit , du talent et de la volonté . -1768 . Bonne conduite . -1768. Sert avec le plus grand zèle . -1772 . A bien servit à la guerre, rempli de zèle. -1775. Rempli de zèle et de courage . Ainsi disparaissait de la scène ce premier chasseur officiel de la Bête du Gévaudan , qui ne manqua jamais de courage pour tenter de la vaincre . _________________________________________________________________________________________1) De la célèbre famille de Laval , mais aussi et surtout des Montmorency ,(donc des Condé bien sûr) mais de ces prestigieux gouverneurs du Languedoc reçus en grandes pompes en Gévaudan , au sein de sa capitale , ayant offert des chevaliers à l'Ordre Papal de Sainte-Marie , et raccordés par mariage à la famille de Morangiès du Gévaudan . On relévera également que le prince Charles-Just de Beauvau Craon , commandant des troupes en Languedoc durant une majeure partie de l'affaire de la Bête du Gévaudan , avec qui Jacques Portefaix garda de bons contacts , et que nous savons cousin de l'évêque de Mende , était aussi lié à la famille de Montmorency (donc aux Morangiès) , et aux Laval par les Beauvau-Craon . Il était aussi l'ami du comte de Moncan depuis la Lorraine , qui était placé sous ses ordres (il dirigeait Duhamel en Gévaudan ) mais de Beauvau était principalement membre de la Cour du Temple du prince de Conti , ce prince du sang , ce très puissant seigneur de fiefs en Gévaudan . Une affaire de famille en quelque sorte . On constate finalement que le capitaine Duhamel a principalement servi au sein de régiments familialement rattachés à la maison de Condé , jusqu'en 1776 . _________________________________________________________________________________________2) Sans faire une démonstration de Vexillologie , Le cornette correspondait à un titre donné au porte étendard (ou guidon ) d'une compagnie de cavalerie . Le port de cet emblème de reconnaissance pour les troupes montées était réservé aux maîtres et aux bas-officiers . Ce rang fut rebaptisé ''enseigne'' par l'ordonnance du 8 septembre 1756 . Pour les revues et le combat , le privilège du port de l'étendard de cavalerie revenait au cornette du régiment , c'est à dire à un jeune officier , souvent cadet d'une illustre famille , qui servait à ce poste particulier . Cela dénote obligatoirement pour le capitaine Duhamel une appartenance confirmée à une maison noble de France , sans doute provinciale , mais bien effective . ___________________________________________________________________________________

Jean-Baptiste de Marin , comte de Moncan , lieutenant-général (général de division ) des armées du roi , commandant en second de la province du Languedoc . Durant l'affaire de la Bête du Gévaudan , il servit sous les ordres du Duc de Fitz-James et du prince de Beauvau-Craon , qui étaient les commandants en chef de la province , mais aussi du comte d'Eu , le gouverneur du Languedoc . Il était le fils de François-Louis , Seigneur de Moncan , Conseiller au Parlement de Bretagne, et de Gilette-Marie Loz, Dame de Beaulieu . Il avait pour épouse Marie-Anne de Saint-Félix. Ses frères n'étaient autres que Claude-Hyacinthe François de Marin, Marquis de Moncan, Chevalier de Saint-Louis (+ 1781), et François Julien de Marin (+ le 24 juillet 1759 à Vannes-Morbihan), et sa sœur, Gilette de Marin, qui était née à Rennes, en Ille-et-Vilaine .  Il fut tout d'abord nommé Sous-Lieutenant au Régiment du Roy le 6 février 1714. Au mois de décembre suivant , il parvint au grade de Lieutenant . Le 25 avril 1718, il obtint le droit de tenir rang de Capitaine par commission . Il fut fait Capitaine en Second le 25 avril de l'année suivante, puis Cornette des Chevau-Légers de la Garde (également l'unité des fils de François Antoine) avec rang de Mestre de Camp de la Cavalerie Royale par brevet et commission du 27 février 1722. Il quitta cette formation de prestige au mois de mars 1728. Il se trouvait alors, par ordre du premier juillet 1729, Colonel réformé à la suite du Régiment d'infanterie de Louvigny. Il servit avec ce régiment au camp de la Moselle en 1732 et le suivit en octobre 1733 à l'Armée d'Italie, où il prit part au siège de Pizzighitone (Pizzighettone en Lombardie), puis au château de Milan la même année. On le trouva ensuite à la défense de Colorno, à la bataille de Parme, à celle de Guastalle (Guastalla – province de Reggio), au siège de la Mirandole en 1734, à la prise de Gonzague, de Reggiolo et de Reveré en 1735. Il rentra en France l'année suivante. Il reçut, le premier avril 1737, un ordre de commandement pour rejoindre les Compagnies d'Invalides employées au château de Lunéville à la garde du Roi de Pologne, Duc de Lorraine et de Bar, Stanislas Leszczynski, beau-père du roi Louis XV et mécène de Jean-François-Charles de Morangiès. A la création des Gardes Lorraines, le 1er mai 1740, il obtint la direction de la seconde compagnie et le rang de colonel en second de ce régiment par commission, ce même jour. Il servit un temps à la garde du Roi de Pologne avec ce régiment. Le 20 février 1743, il fut nommé Brigadier par brevet et marcha à l'Armée du Rhin avec le régiment des Gardes Lorraines. Il participa à la bataille de Dettingen et, après avoir repassé le Rhin avec l'armée, il servit sur la Loutre pendant le reste de la campagne. Le 31 juillet 1743, à Wisseimbourg, de Moncan est nommé commandant d'une brigade de l'armée du Maréchal de Noailles. Le premier février 1744, il commande la basse-province de Normandie. Par lettres patentes du 26 août 1745, sa gouvernance fut étendue à l'ensemble des côtes de la province. Dès le mois de mai, il avait reçu le brevet de Maréchal de Camp (général de brigade) ; cette nomination fut officiellement confirmée dans le courant du mois de décembre 1745. Il est dit à cette époque Commandeur de l'Ordre de Saint-Louis, à 3000 livres, sur les états-militaires. La répartition du nombre de fantassins fournis par chaque capitainerie de Haute-Normandie (milices gardes-côtes) depuis le Tréport jusqu'à la Seine (600 hommes), et de là jusqu'à celle de Dives (200 hommes) ainsi que celles des gardes-côtes de Basse-Normadie (2 bataillons de 600 hommes) relevait directement du choix de la sélection du comte de Moncan, pour la composition des bataillons de campagne. Il se démit du poste de colonel en second de la compagnie des Gardes Lorraines au mois de février 1746. Désigné pour commander dans les Cévennes le 16 juillet 1748 , il quitta définitivement son poste en Normandie au cours du mois d'août et ne prit son nouveau commandement qu'en septembre. Il obtint la direction dans le Lavaunage suite au décès de M. le Brun et, par ordre et commission du 19 mai 1751, il reçut le commandement de l'ensemble de la province en l'absence du commandant en chef. Il fut ensuite employé sur les côtes du Languedoc sous les ordres du Maréchal de Richelieu par lettres du 31 décembre 1755, puis sous la direction du Maréchal de Thomond (cdt en chef de la province du Languedoc) par lettres patentes du 1er novembre 1757. Il fut nommé par pouvoir au rang de Lieutenant Général des Armées du Roi (général de division) en Languedoc, le premier mai 1758 , avec lettres de service . Il était , dès lors, commandant en second de la province du Languedoc au rang de Lieutenant Général. En l'absence du commandant en chef, le Duc de Fitz-James puis le prince de Beauvau, il devait assumer la direction militaire de la province mais n'a jamais obtenu ni le grade ni les avantages et appointements de commandant en chef, comme on peut le lire dans de trop nombreux livres et sites Internet consacrés à l'affaire de la Bête du Gévaudan .En 1766, le comte de Moncan est fait Grand Croix dans l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis .  Le 1er mars 1767 , il est nommé sénéchal et gouverneur du Rouergue . Aux Etats-Militaires de 1770 , le Lieutenant Général Jean-Baptiste de Marin figurait toujours comme commandant en second en Languedoc, juste en dessous du Prince de Beauvau, le commandant en chef, lui même situé sous le Comte d'Eu qui était toujours le Gouverneur Général de la province Languedocienne . Il faudra donc que les historiens de la Bête, qui contestent cette réalité, revoient sérieusement leur copie !... En 1779, alors qu'il se trouve sous les ordres du comte de Périgord (depuis 1772) ,commandant en chef des troupes de la province, et du Maréchal de Biron (depuis 1776), Gouverneur Général du Languedoc, il est directement associé au tableau des autres commandants en second sur l'état-militaire : en l'occurrence, MM. le Marquis de Lemps pour le Vivarais, et le Vicomte de Cambis d'Orsans pour les Cévennes.  En 1780, toujours sous la même direction , les commandants en second pour le Languedoc sont : le Vicomte de Corbis d'Orsans et le Comte de Rochefort . Monsieur le Comte Jean-Baptiste de Marin de Moncan ne figurait alors plus sur les Etats-Militaires de la France, et ne put profiter d'une pension militaire bien méritée pour ses nombreuses et brillantes années de bon et loyaux service au sein de l'Armée Royale, car il était recensé décédé dans la liste des Lieutenants Généraux morts entre les 1er décembre 1778 et 1779. Son inscription maintenue jusque là aux états-militaires, prouve qu'il est effectivement mort en 1779. Selon son dossier militaire, il serait décédé le 21 janvier 1779 à Montpellier , couvert de dettes : 41 934 livres et 7 201 livres de gages dus à ses domestiques.

Jean-Baptiste de Marin , comte de Moncan , lieutenant-général (général de division ) des armées du roi , commandant en second de la province du Languedoc . Durant l'affaire de la Bête du Gévaudan , il servit sous les ordres du Duc de Fitz-James et du prince de Beauvau-Craon , qui étaient les commandants en chef de la province , mais aussi du comte d'Eu , le gouverneur du Languedoc . Il était le fils de François-Louis , Seigneur de Moncan , Conseiller au Parlement de Bretagne, et de Gilette-Marie Loz, Dame de Beaulieu . Il avait pour épouse Marie-Anne de Saint-Félix. Ses frères n'étaient autres que Claude-Hyacinthe François de Marin, Marquis de Moncan, Chevalier de Saint-Louis (+ 1781), et François Julien de Marin (+ le 24 juillet 1759 à Vannes-Morbihan), et sa sœur, Gilette de Marin, qui était née à Rennes, en Ille-et-Vilaine . Il fut tout d'abord nommé Sous-Lieutenant au Régiment du Roy le 6 février 1714. Au mois de décembre suivant , il parvint au grade de Lieutenant . Le 25 avril 1718, il obtint le droit de tenir rang de Capitaine par commission . Il fut fait Capitaine en Second le 25 avril de l'année suivante, puis Cornette des Chevau-Légers de la Garde (également l'unité des fils de François Antoine) avec rang de Mestre de Camp de la Cavalerie Royale par brevet et commission du 27 février 1722. Il quitta cette formation de prestige au mois de mars 1728. Il se trouvait alors, par ordre du premier juillet 1729, Colonel réformé à la suite du Régiment d'infanterie de Louvigny. Il servit avec ce régiment au camp de la Moselle en 1732 et le suivit en octobre 1733 à l'Armée d'Italie, où il prit part au siège de Pizzighitone (Pizzighettone en Lombardie), puis au château de Milan la même année. On le trouva ensuite à la défense de Colorno, à la bataille de Parme, à celle de Guastalle (Guastalla – province de Reggio), au siège de la Mirandole en 1734, à la prise de Gonzague, de Reggiolo et de Reveré en 1735. Il rentra en France l'année suivante. Il reçut, le premier avril 1737, un ordre de commandement pour rejoindre les Compagnies d'Invalides employées au château de Lunéville à la garde du Roi de Pologne, Duc de Lorraine et de Bar, Stanislas Leszczynski, beau-père du roi Louis XV et mécène de Jean-François-Charles de Morangiès. A la création des Gardes Lorraines, le 1er mai 1740, il obtint la direction de la seconde compagnie et le rang de colonel en second de ce régiment par commission, ce même jour. Il servit un temps à la garde du Roi de Pologne avec ce régiment. Le 20 février 1743, il fut nommé Brigadier par brevet et marcha à l'Armée du Rhin avec le régiment des Gardes Lorraines. Il participa à la bataille de Dettingen et, après avoir repassé le Rhin avec l'armée, il servit sur la Loutre pendant le reste de la campagne. Le 31 juillet 1743, à Wisseimbourg, de Moncan est nommé commandant d'une brigade de l'armée du Maréchal de Noailles. Le premier février 1744, il commande la basse-province de Normandie. Par lettres patentes du 26 août 1745, sa gouvernance fut étendue à l'ensemble des côtes de la province. Dès le mois de mai, il avait reçu le brevet de Maréchal de Camp (général de brigade) ; cette nomination fut officiellement confirmée dans le courant du mois de décembre 1745. Il est dit à cette époque Commandeur de l'Ordre de Saint-Louis, à 3000 livres, sur les états-militaires. La répartition du nombre de fantassins fournis par chaque capitainerie de Haute-Normandie (milices gardes-côtes) depuis le Tréport jusqu'à la Seine (600 hommes), et de là jusqu'à celle de Dives (200 hommes) ainsi que celles des gardes-côtes de Basse-Normadie (2 bataillons de 600 hommes) relevait directement du choix de la sélection du comte de Moncan, pour la composition des bataillons de campagne. Il se démit du poste de colonel en second de la compagnie des Gardes Lorraines au mois de février 1746. Désigné pour commander dans les Cévennes le 16 juillet 1748 , il quitta définitivement son poste en Normandie au cours du mois d'août et ne prit son nouveau commandement qu'en septembre. Il obtint la direction dans le Lavaunage suite au décès de M. le Brun et, par ordre et commission du 19 mai 1751, il reçut le commandement de l'ensemble de la province en l'absence du commandant en chef. Il fut ensuite employé sur les côtes du Languedoc sous les ordres du Maréchal de Richelieu par lettres du 31 décembre 1755, puis sous la direction du Maréchal de Thomond (cdt en chef de la province du Languedoc) par lettres patentes du 1er novembre 1757. Il fut nommé par pouvoir au rang de Lieutenant Général des Armées du Roi (général de division) en Languedoc, le premier mai 1758 , avec lettres de service . Il était , dès lors, commandant en second de la province du Languedoc au rang de Lieutenant Général. En l'absence du commandant en chef, le Duc de Fitz-James puis le prince de Beauvau, il devait assumer la direction militaire de la province mais n'a jamais obtenu ni le grade ni les avantages et appointements de commandant en chef, comme on peut le lire dans de trop nombreux livres et sites Internet consacrés à l'affaire de la Bête du Gévaudan .En 1766, le comte de Moncan est fait Grand Croix dans l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis . Le 1er mars 1767 , il est nommé sénéchal et gouverneur du Rouergue . Aux Etats-Militaires de 1770 , le Lieutenant Général Jean-Baptiste de Marin figurait toujours comme commandant en second en Languedoc, juste en dessous du Prince de Beauvau, le commandant en chef, lui même situé sous le Comte d'Eu qui était toujours le Gouverneur Général de la province Languedocienne . Il faudra donc que les historiens de la Bête, qui contestent cette réalité, revoient sérieusement leur copie !... En 1779, alors qu'il se trouve sous les ordres du comte de Périgord (depuis 1772) ,commandant en chef des troupes de la province, et du Maréchal de Biron (depuis 1776), Gouverneur Général du Languedoc, il est directement associé au tableau des autres commandants en second sur l'état-militaire : en l'occurrence, MM. le Marquis de Lemps pour le Vivarais, et le Vicomte de Cambis d'Orsans pour les Cévennes. En 1780, toujours sous la même direction , les commandants en second pour le Languedoc sont : le Vicomte de Corbis d'Orsans et le Comte de Rochefort . Monsieur le Comte Jean-Baptiste de Marin de Moncan ne figurait alors plus sur les Etats-Militaires de la France, et ne put profiter d'une pension militaire bien méritée pour ses nombreuses et brillantes années de bon et loyaux service au sein de l'Armée Royale, car il était recensé décédé dans la liste des Lieutenants Généraux morts entre les 1er décembre 1778 et 1779. Son inscription maintenue jusque là aux états-militaires, prouve qu'il est effectivement mort en 1779. Selon son dossier militaire, il serait décédé le 21 janvier 1779 à Montpellier , couvert de dettes : 41 934 livres et 7 201 livres de gages dus à ses domestiques.

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

                                         Le Sang Noir du Gévaudan .

Il y avait maintenant de nombreuses semaines que la Bête élargissait chaque jour la longue liste macabre de ses victimes ... et rien dans l'ombre du destin ne semblait vouloir la stopper . 

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

La troupe d'élite des soldats de la Légion de Clermont-Prince était arrivée à Saint-Chély-d'Apcher , le 5 novembre 1764 . Duhamel et son aide-de-camp avaient trouvé à se loger chez l'aubergiste Grassal . Il eut certainement dès le départ l'opportunité de s'entretenir avec les notables de la cité , le premier consul Du Cayla , le second consul Pelisse et le curé de Saint-Chély , l'abbé Dallo . Nous avons donnés tous les détails sur l'historique de cette cité , son architecture et ses grands monuments et bâtiments de l'époque à travers notre Cdrom de 2008 , et nous n'allons donc pas y revenir ici .

Arrivée de la troupe salvatrice à Saint-Chély-d'Apcher .

Arrivée de la troupe salvatrice à Saint-Chély-d'Apcher .

Les conditions météorologiques redevinrent très défavorables sur ces terres des le début de la campagne des chasses . La période se situait à l'approche de l'hiver qui n'attendait pas la fin du mois de décembre pour imposer son étreinte sur le pays de Gévaudan . Jusqu'au 11 novembre , il n'y avait toujours aucune éclaircie permettant de débuter la traque .

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

Partout , en tous lieux de cette contrée , la bête continuait à tuer et se montrait toujours insaisissable . Le 25 novembre , dans la soirée , une femme fut déchiquetée par le monstre sur la paroisse d'Aumont . Duhamel s'y rendit dès le lendemain avec un peloton de ses hommes pour s'embusquer auprès du cadavre en espérant le retour de la dévoreuse , qui ne revint hélas pas sur son lieu de prédation . Les jours passaient et il était rare que l'on ait pas à déplorer de nouvelles victimes . Le 21 décembre , Duhamel renouvela l'expérience d'Aumont en envoyant sur la paroisse des Faux 13 de ses hommes , dont le détachement était toujours prêt à se mettre en marche , qui ne débusquèrent pas davantage la Bête .   Cependant , après six semaines de chasse , le 22 décembre 1764 , lors d'une traque sur le secteur du bois de la Baume (non loin du château sur la paroisse de Prinsuéjols ), le capitaine Duhamel aperçoit la Bête pour la première fois et réussi même à s'en approcher suffisamment pour la tirer au moyen de son fusil d'ordonnance chargé de trois balles , lorsque trois de ses cavaliers , suivi du trompette de l'unité , qui n'avaient pas constaté la position d'affût avantageuse de leur capitaine , se mirent maladroitement à crier à la Bête en venant de plus lui couper la trajectoire , permettant ainsi à l'animal de s'éclipser .  Nous laissons ici parler les archives du temps . C'est tout d'abord le capitaine Duhamel qui conte l'événement : << enfin je fus obligé de tirer cet animal (il est en fuite) comme il entroit dans le fort du bois . Mon laquais qui n'était pas fort éloigné avec mes chevaux me les amena sur le champ , je montois dessus et pour ne pas perdre de temps , au lieu de recharger mon fusil , je mis le pistolet à la main et je perçais le bois ventre à terre . Le malheur voulu qu'à la sortie du bois je ne trouvai personne qui put me dire de quel côté l'animal avait fui , et au lieu de prendre à droite je pris à gauche .  Mais l'animal tenoit le chemin contraire >>. Plus loin Duhamel précise que ses cavaliers sont comme lui désespérés , d'autant qu'en rentrant il trouva l'ordre de S.A.S Mgr le comte d'Eu (pas de Moncan Messieurs les auteurs ) qui lui demandait selon la volonté des Etats du Languedoc de regagner son casernement à  Langogne pour le 27 décembre 1764 .  Une autre archive nous donne le détail de la poursuite et des tirs sur la bête , effectués par ses cavaliers  : la bête investie par Monsieur Duhamel dans un bosquet , s'échappe . Deux dragons à cheval devant qui elle passa lui tirèrent leurs pistolets (1) et l'ayant manquée la poursuivirent le sabre à la main pendant trois quart de lieues  , croyant toujours pouvoir la sabrer car les chevaux lui tenoient pied , et qu'elle n'étoit jamais qu'à 3 ou 4 pas , ce qui fait voir qu'elle n'est pas aussi vive qu'on l'avoit dit , mais une muraille se trouvant sur son passage elle la franchit quoique assez haute et beaucoup trop pour que les chevaux puissent la franchir de même . Après cela elle se jeta dans un marais et de là dans un bois voisin .   Un chercheur topographe , Monsieur Philippe Sauré , a retrouvé sur le terrain en Gévaudan , l'endroit exact où ces deux fourriers de Clermont-Prince ont perdu la Bête ce jour là .  L'animal fut donc bien tiré à plusieurs reprises lors de cette chasse du 22 décembre 1764 . Ceux qui prétendent le contraire vous mentent , archives à l'appui . Encore faut-il avoir le courage de déchiffrer l'ensemble de l'archive , et de ne pas se contenter de transcriptions erronées et incomplètes faites par d'autres antérieurement .  C'était la seconde fois que la Bête était percutée par les tirs de chasseurs sur ce périmètre de la Baume , mais elle ne mourrait pas sous l'impact des balles  !  Elle poussait seulement des cris parfois , et chutait pour se relever aussitôt et s'enfuir . Cela prouvait au moins que la balle avait bien touché au but , et assez violemment pour lui faire du mal , mais sans plus . Cette bête était un véritable blindé de la nature .  

Voici  , à présent , la description de la Bête selon les cavaliers de Clermont-Prince , et à la suite , celle faite par le capitaine Duhamel en personne , en rapport à cette chasse ratée : 

- Elle est grande comme le plus gros chien de parc , extrêmement velue , de couleur brune , le ventre fauve , la tête fort grosse , deux dents forts longues qui lui sortent des deux côtés de la gueule , les oreilles courtes et droites , la queue fort ramée qu'elle dresse beaucoup en courant .

- Elle est de la taille d'un veau d'un an ,  les pattes aussi fortes que celles d'un ours , la gueule extraordinairement large , les oreilles courtes et droites comme celles du loup , les yeux étincelants et aussi grands que ceux d'un veau , le poitrail semblable à celui d'un léopard , le poil noirâtre,  le ventre blanchâtre , le corps rougeâtre avec un raie noire sur l'échine se prolongeant jusqu'à la queue , qui avait au moins quatre pieds de long et une épaisseur pareille à un bras . 

On constate que la description faite par le capitaine Duhamel est encore plus précise que celle de ses hommes qui ne l'on perçue qu'au galop , même s'ils étaient à trois pas d'elle .  Ce qui est certain c'est que nous sommes là en présence d'une bête assez différente de celle que tua Jean Chastel le 19 juin 1767 . De part cette longue queue déjà , souvent citée dans les témoignages et qui touchait même le sol quand l'animal se déplaçait  : un appendice qu'on ne retrouve pas sur le corps de la Bête exposée et autopsiée à Besque , qui est détaillée sur le rapport du notaire Jean-Joseph-Roch-Etienne Marin . Même avec la rallonge découverte dans la lettre d'Auvergne signalant une nuance , le compte n'y est pas . Que dire aussi de ce particularisme de la raie noire que tous les témoins et les chasseurs remarquent sur l'échine de la Bête et qui est totalement oubliée dans ce rapport ? Il est tout bonnement impossible que la Bête tuée par Jean Chastel soit la même que celle décrite par les soldats de Clermont-Prince et leur capitaine . Quant à la queue , grosse comme un bras , c'est plutôt maigre pour celle d'un loup dont la ramure dépasse ordinairement l'épaisseur de celle d'un bras humain . Mais la comparaison est peut-être faite avec le biceps d'un haltérophile ? Plus sérieusement , Duhamel et ses soldats de Clermont-Prince avaient continuellement côtoyés les loups lorsqu'ils se trouvaient en campagne sur les plaines gelées au coeur de l'Allemagne . Ils savaient plus que tout reconnaître un loup de tout autre animal . Penser un seul instant qu'ils n'aient pas été en mesure de reconnaitre un canis lupus dans la peau de la Bête , relève d'une pure utopie . Par la suite on tentera de lui faire dire qu'il avait comparé la Bête à une progéniture de lion . Il faut bien comprendre que selon ses connaissances , il a rapproché cet animal de forte corpulence de ce qu'il connaissait le mieux et qui n'était pas du loup , car des spécimens aussi gros il n'en avait sans doute jamais vu , même si ceux qui pullulaient sur le sol allemand n'étaient pas non plus des nanus canis lupus . Et aussi qu'un poitrail de léopard , ce n'est tout de même pas celui d'un tigre de plus de trois cents kilos .  Certains ont prétendu que c'est son échec dans les chasses qui l'avait conduit à exagérer la description de la Bête . Mais lorsqu'il rentre à Langogne le 27 décembre , il a bien d'autres responsabilités et d'autres chats à fouetter que de rester décrire une bête imaginaire pour tenter de justifier son échec cynégétique . Là encore , l'ignorance totale du monde militaire sous l'Ancien Régime chez une majorité d'auteurs de l'affaire , est à la source de cette déduction fantaisiste .

 

1) Les cavaliers de la Légion de Clermont-Prince étaient dotés de deux pistolets modèle 1733-34 (a) , logés dans leurs fontes recouvertes des couvres-fontes à la livrée de Clermont-Condé . A l'adoption de la selle de hussard ''à la hongroise'' , sans doute vers 1763 , ces couvres-fontes et le tapis de selle ( ou housse croupelin ) seront remplacées par une schabraque de hussard , de toile ventre de biche bordée d'un galon de laine blanc .  Pour 1764 et 1765 , nous ne savons pas si ces pistolets étaient du modèle utilisé par les dragons , avec le crochet de la contre-platine permettant le port au ceinturon , ou du modèle hussard . Mais nous penchons fortement pour le premier modèle . Le fait est que ces cavaliers des troupes légères des Légions possédaient bien ces deux pistolets chargés en permanence dans leurs fontes lorsqu'ils étaient en campagne (b) (ou en chasse comme ici) et que ce jour là , la Bête reçu donc la décharge de quatre pistolets de ces deux cavaliers , à trois ou quatre pas , ainsi que les trois balles du coup de fusil d'ordonnance du capitaine Duhamel  . Autrement dit cinq coups de feu et sept balles.  Nous ne les avons pas inventés ces coups de feux du 22 décembre 1764 , ce sont les archives qui nous le signalent comme vous avez pu le lire dans l'article ci-dessus . Ce ne fut d'ailleurs pas la seule fois où les soldats du cne Duhamel ouvrirent le feu sur la Bête .  L'abbé Trocelier , l'incontournable curé d'Aumont , spécifiait en son temps dans ses ''relations épistolaires'' que Duhamel et ses soldats l'avaient tirée dans quelques occasions , et qu'elle l'avait aussi été dans d'autres par les habitants du pays , car c'était un véritable fléau de Dieu . Nous ne comprenons toujours pas pour quelle raison devant tous ces faits authentifiés par les archives , certains personnes cherchent à nier l'évidence les tirs des soldats de Clermont-Prince sur l'animal , le jour de cette chasse dans les forêts de la Baume . Un bien étrange comportement chez certains bestieux .

a) Si les cavaliers des Légions , comme ceux de Clermont-Prince qui chassèrent la Bête en Gévaudan , possédaient deux pistolet dans leurs fontes , le dragon royal  , longtemps imaginé d'une manière erronée par les auteurs de la Bête , lui n'en avait par contre qu'un seul dans la  fonte gauche . A la place de la fonte droite se trouvait un étuis porte-outil contenant soit une pelle, une pioche , une hache , ou une serpe . Pour les petits malins et autres grandes bouches bestiales qui ne savent visiblement pas compter ni réfléchir puisqu'ils ne voient pas l'importance de cette différence , nous préciserons que dans le cas de dragons du roi à la poursuite de la Bête dans cette chasse de la Baume à la place des cavaliers de la Légion de Clermont-Prince , on comptabiliserait deux coups de feux en moins dirigés contre la Bête . Autrement dit deux chances en moins de la mettre hors d'état de nuire . Et cela ce n'est que pour les pistolets , mais on reparlera des armes d'épaule qui feront encore une bien plus grande différence dans les dossiers des armes de ces chasseurs militaires du comte de Clermont .

b) Les pistolets étaient en effet toujours chargés en positon verticale , pommeaux vers l'avant , dans leurs fontes durant le service en campagne , et lorsqu'ils l'étaient trop longuement , les trépidations du trop et du galop du cheval pouvaient parfois provoquer un désamorçage du pistolet et un risque d'incident au moment du tir . Pour le modèle suivant , le pistolet 1763-66, il fut imaginé un nouveau procédé afin de palier à cette déficience . Les dragons royaux utilisaient un calibre de balle et une cartouche unique pour leurs armes de 16,6 mm ,  bien que le calibre du fusil à âme lisse (canon non rayé ) était de  17, 5mm et celui du pistolet de 16,9 mm . Ce particularisme avait été imaginé pour contrer le désamorçage progressif du pistolet dans sa fonte , par la réduction de son calibre à 16,9 mm afin de mieux bloquer la charge et la balle dans la chambre .

Le château de la Baume au Marquis Jean-Henri de Moret de Peyre , le plus titré , le plus riche et le plus puissant des seigneurs du Gévaudan . En son absence , le domaine et ses affaires était gérées par l'abbé Beraud  et gardé par trois gardes-chasses . La bête se rembucha souvent sur le secteur du château de la Baume . Trop souvent diront certains !

Le château de la Baume au Marquis Jean-Henri de Moret de Peyre , le plus titré , le plus riche et le plus puissant des seigneurs du Gévaudan . En son absence , le domaine et ses affaires était gérées par l'abbé Beraud et gardé par trois gardes-chasses . La bête se rembucha souvent sur le secteur du château de la Baume . Trop souvent diront certains !

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

Dans sa missive adressée au capitaine aide-major Jean-Baptiste-Louis-François Boulanger Duhamel , le gouverneur général d'Eu lui demandait de regagner sa caserne à Langogne avec l'ensemble de sa troupe pour le 27 décembre 1764 . Les Etats Généraux du Languedoc , qui se tenaient durant cette période à Montpellier , avaient décidé que la troupe montée des Volontaires de Clermont-Prince coûtait fort chère à la province , à raison de dix sols par jour octroyés à chacun de ces soldats , et que comme ils avaient pris la ferme résolution de mettre la tête de la Bête à prix , il fallait obligatoirement tenter de compenser cette dépense en demandant aux soldats d'abandonner leur campagne de chasse et de regagner immédiatement leur casernement . Le capitaine Duhamel avait longtemps caressé l'espoir de conduire la dépouille empaillée de la Bête sous bonne escorte à Montpellier , afin de satisfaire en priorité aux doléances de ses supérieurs , le lieutenant-général de Moncan et le gouverneur d'Eu , et quelle soit ensuite acheminée jusqu'au Jardin du Roy à Versailles afin d'être présentée à Sa Majesté . Le prince de Beauvau ne pris pas son poste de commandant en chef de la province avant le début de l'année 1765 . Le Duc Charles de Fitz-James , le précédent commandant en chef , avait été cassé par le roi Louis XV pour pour avoir causé quelques tourments à la justice royale et au parlement de Toulouse (1) . Jusqu'au bout Duhamel n'avait point fait défection à son objectif qui était de vaincre l'immonde créature . Il dut finalement se contenter d'une touffe de poils de la Bête , trouvée dans un crâne humain évidé que lui avait fait parvenir un paysan . A défaut d'animal empaillé expédié en catimini à Montpellier , le comte de Moncan ne reçu que ce maigre artefact bestial , dont beaucoup aimeraient tant aujourd'hui en être les possesseurs pour pouvoir procéder à l'analyse de son adn .  Mais était-ce véritablement le poil de la Bête ?  Quoi qu'il en soit , nous nous trouvions là face à un situation quasi-ubuesque un peu comme si un pêcheur avait été seulement en mesure de rapporter deux ou trois écailles sessiles de la sardine qui bouchait l'entrée du port de Marseille ! Mais l'heure n'était pas à  l'amusement ni à la distraction face à cette multitude de meurtres occasionnés sans relâche par le monstre du Gévaudan ... qui n'autorisaient pas la moindre détente face à la gravité des évènements .  

Durant ce temps les massacres continuaient et les chasseurs civils attirés en masse par la mirobolante prime promise par les Etats du Languedoc pour la mort de la  dévorante , demeuraient plus bredouilles que jamais .

Selon le capitaine Duhamel , lui et ses hommes ne restèrent qu'une semaine immobilisés dans leurs quartiers à Langogne .  En effet , dès le 10 janvier 1765 , devant les massacres de la population qui continuaient sans répit et désemparaient totalement les autorités , et suivant les ordres du gouverneur d'Eu , le capitaine Duhamel et ses cavaliers de la Légion de Clermont-Prince furent rappelés sur le champ d'opération afin de s'y trouver en ordre de marche pour la moitié de ce mois . Les téméraires chasseurs militaires  de Clermont-Prince reprirent possession du territoire gabalais , plus déterminés et plus remontés que jamais  , bien décidés à exterminer tout animal correspondant à la Bête qui montrerait la moindre griffe ou l'infime bout de son museau .  Cette nouvelle intervention sur le terrain leur offrait une seconde chance inopinée de se racheter en tentant d'effacer le souvenir de leur échec dans la première campagne des chasses , et de redorer, en quelque sorte , leur blason . Pour ces militaires , de toute manière , n'importe quelle mission valait mieux que leur inaction à Langogne et le déshonneur qui en découlait . Les loups allaient maintenant tomber par dizaines sous les balles meurtrières des carabines des chasseurs de Clermont-Prince . Seule la Bête résistait à leurs tirs .                                                                                                                                                                                                                                   

1) Le Duc Charles de Fitz-James , précédent commandant en chef du Gévaudan et du Languedoc jusqu'à 1764 , avait été cassé par le roi Louis XV pour pour avoir causé quelques tourments à la justice royale et au parlement de Toulouse  . On dira que c'était un peu dans l'esprit de famille puisque son frère , l'évêque François de Fitz-James , premier aumônier du roi , avait été définitivement condamné à l'exil dans son diocèse de Soissons sur ordre de Louis XV , où il demeura jusqu'à sa mort survenue le 19 juillet 1764 . C'est lui qui avait humilié publiquement et mis à genoux le roi durant sa maladie à Metz en 1744 , et qui l'avait forcé à congédier sa maîtresse , la Duchesse de Châteauroux , qui ne vécu d'ailleurs pas très longtemps ensuite , puisqu'on l'a dit décédée , bien que jeune , au mois décembre de cette même année . Il faut bien entendu souligner que l'évêque de Fitz-James était de même obédience religieuse (à fond intégriste) que l'évêque de Choiseul à Mende . Nous croyons qu'il est inutile de vous en dire davantage , vous aurez compris le sens de notre précision .  Si 1764 est connue comme l'année de l'apparition officielle de la Bête en Gévaudan , elle fut aussi une année de malheur pour les Fitz-James  , fils du maréchal de Berwick , et directement issus des illustres familles anglaises des Stuart et des Churchill  . Leur frère , Edouard de Fitz-James , voulu les venger en provoquant en duel un fidèle du roi Louis XV , le maréchal de Coigny . Nous ne connaissons pas l'issue de ce duel .  Nous savons juste que Edouard de Fitz-James est mort à 42 ans en 1758 , tandis que le maréchal de Coigny ( François Franquetot ) a quitté ce monde à Paris , dans sa 90e année , en 1759 .  Si Edouard ne semble apparemment pas être arrivé à venger sa famille et son humiliation par ce duel , on découvre par contre  que le Gouverneur du Languedoc (et du Gévaudan) , Louis-Auguste de Bourbon , prince des Dombes (principauté de la Dombes aux Maine) , provoqua en duel en 1748 le marquis de Coigny (Jean-Antoine-François de Franquetot de Coigny ,1702 -1748) et le tua purement et simplement . Il faut dire qu'il avait en sous-entendu traité le prince des Dombes de bâtard . Il était tout de même fort impressionnant de pouvoir qualifier le petit-fils du plus puissant roi de France , Louis le quatorzième du nom , de bâtard ! ? Principalement vu que Louis XIV avait légitimé les enfants qu'il avait eu avec la marquise de Montespan (née de la très haute et ancienne noblesse des Rochechouart de Mortemart ) .  Le prince des Dombes avait du même coup vengé les Fitz-James mais aussi lui-même tout autant que ses parents , et principalement son père qui s'était vu retirer sa régence du royaume de France par les manipulations du Duc d'Orléans avec la complicité du jeune roi Louis XV , et qui allait aussi ensuite leur supprimer leur droit de titre de ''princes du sang'' pour ne leur laisser que ceux de Ducs et Pairs . C'était là l'humiliation suprême que de retirer ainsi la reconnaissance légitimée du roi Louis XIV envers ses enfants . La suite est encore dans l'Histoire pour ceux qui en ont quelques connaissances bien entendu , avec la conjuration montée par l'épouse du Duc du Maine en vue de détrôner le Régent d'Orléans pour le remplacer par son époux , et éventuellement Louis XV par le roi Philippe V de la branche des Bourbons d'Epagne . Le complot connu sous le nom de conspiration de Cellamare , échoua  . On connut quelques exécutions capitales , le Duc du Maine fut incarcéré dans l'inviolable forteresse de Doullens , la Duchesse du Maine envoyée en exil à Dijon , le Duc de Richelieu embastillé , le cardinal de Polignac , la baronne de Launay , le prince de Conti et le prince de Dombes (fils du Duc et de la Duchesse du Maine - née Bourbon-Condé  ) furent aussi impliqués . Louis Auguste de Bourbon , Prince de Dombes , et son frère Louis Charles de Bourbon furent finalement placés en résidence surveillée au château d'Eu de 1719 à 1723 .  Beaucoup restèrent quelques temps incarcérés , mais Louis XV fut obliger de ''passer l'éponge'' sur cet attentat contre lui et le Régent car il s' agissait pour l'essentiel de la plus haute noblesse du pays et de ses cousins . La condition politique l'emporta de son côté sur le ressentiment . Voici dans dans quel état d'esprit se plaçait Louis-Auguste de Bourbon , prince des Dombes , lorsqu'il tua en duel en 1748 - selon une embuscade sur la route de Versailles ''au point du jour ''- le marquis de Coigny (Jean Antoine François de Franquetot  de Coigny), le fils du Duc et maréchal de Coigny , ce fidèle du roi Louis XV . A travers cet acte , il vengeait l'insulte familiale personnelle mais aussi un peu cet affront que Louis XV avait fait à sa mère et son père en leur volant leurs tires, rangs et fonctions, et en les jetant un temps en prison . Mais c'est très probablement le jeune fils du marquis de Coigny, Henri de Franquetot de Coigny (2e Duc de Coigny) qui n'en resta pas là et décida à son tour de tenter de réprimer la mort de son père en provoquant en duel le prince des Dombes, le gouverneur du Languedoc ( et donc du Gévaudan ), qu'il blessa mortellement le 1er octobre 1755 à l'aube en forêt de Fontainebleau. La version édulcorée donna le Prince de Dombes mort d'une simple crise d'apoplexie le 1er octobre au matin car il avait aimé ruiner sa santé de toutes parts . Cela allait dans le même sens que la mort ''arrangée'' du marquis de Coigny qui avait été signalée au roi comme étant la cause d'un simple accident de carrosse qui avait versé au fossé . Quelques  langues déliées disaient alors en coulisse que s'était en fait le prince de Dombes et ses hommes qui avaient aménagé la mort du marquis de Coigny comme étant la suite d'un accident de carrosse qui avait glissé sur la neige et versé au fossé, occasionnant la casse de la glace de la portière qui avait égorgé le pauvre marquis de Coigny , et sans doute aussi brisé dans la chute le cou de son cochet … car il ne fallait évidement pas de témoins pour que le roi avale la pilule d'un stupide accident . 

C'est ainsi que dès cette époque , le Languedoc et le Gévaudan retrouvèrent à leur tête , au rang de Gouverneur , par la mort soudaine de Louis-Auguste de Bourbon II, son frère , Louis-Charles de Bourbon,  Comte d'Eu , qui supervisa toute l'affaire de la Bête du Gévaudan comme nous le savons par les archives . Imaginez donc son état d'esprit face au pouvoir royal et au roi Louis XV qui avait fait directement et par personne interposée , tant de mal à sa famille !?  Les mots nous manquent devant la montagne d'inculture des auteurs de l'affaire de la Bête qui essayent de vous convaincre que le Gévaudan était fidèle au roi à cette époque alors qu'il symbolisait la première terre du royaume ( avec quelques autres ) de son opposition et de ses pires ennemis . Réfléchissez donc un instant . Seriez vous ami avec un roi et son pouvoir qui vous aurait retiré le droit de vous réclamer de votre-grand-père (suppression du rang et titre de prince du sang royal) , qui aurait annulé avec la complicité du Régent le métier et la fonction de votre père et du même coup poussé vos parents à la rébellion pour les conduire ensuite au cachot ? Et que l'un des membres de la famille de ses plus fidèles officiers ait de plus assassiné en duel votre frère sans jamais être puni pour cela ? Posez vous un instant pour réfléchir à tout ceci !  A cela il faut bien entendu ajouter le prince de Conti , Grand Maître du Temple à Paris (au même titre que le Duc du Maine , père du Comte d'Eu et du Prince de Dombes, qui le fut également de 1724 à 1737 ), prince du sang et seigneur de nombreux fiefs sur le territoire de la Bête , dont le Malzieu , qui était à l'époque le terrible ennemi de Louis XV , et son ami le prince de Beauvau (commandant en chef pour le Gévaudan ) qui faisait partie de sa Cour du Temple de Paris ( qui sera ensuite cassé par deux fois pour s'être opposé à Louis XV ) et dont la soeur était la maîtresse du Duc de Lorraine et de Bar , Stanislas Leszczynski, chez qui il avait servi avec son ami le comte de Moncan , le commandant des troupes qui chassèrent la Bête en Gévaudan . Le Duc était le beau-père , mais aussi l'opposant du roi Louis XV , par la Cour de réfractaires qu'il entretenait à Lunéville (le Versailles Lorrain) qui avait suivi de peu la disparition de la Cour conspiratrice de Sceaux , tenue par la Duchesse du Maine , la mère du Prince de Dombes et du Comte d'Eu . Il avait aussi financé en 1763 les mystérieuses fouilles du comte de Morangiès en Gévaudan , sur ses terres de la source de Bagnols .  Il y avait donc , au temps de la Bête , un beau nid d'ennemis mortels du roi toujours en rapport de près ou de loin avec le Gévaudan . Après , au niveau des familles nobles du pays des Gabales , par la généalogie on peut constater de nombreux liens familiaux avec ces personnes , comme ceux que nous avons déjà évoqués au sujet du cardinal de Bernis et la famille de Morangiès , dont le comte Jean-François-Charles était aussi cousin de l'évêque de Mende par son épouse de Beauvilliers , mais également indirectement par les Montmorency avec le prince de Beauvau , les Condé et les Conti . Difficile - pour ne pas dire impossible - d'être en désaccord avec ces cousins de si hautes nobles lignées .  Un grand nombre de ces familles avaient déjà été concernées - directement ou indirectement - par les enquêtes et condamnations des tribunaux royaux d'exception des grands Jours d'Auvergne et du Languedoc de 1665 à 1667 . Il n'y avait là rien de nouveau sous le soleil et ce n'était pas de hier que les familles du Languedoc s'érigeaient contre le pouvoir centraliste du Nord et de Versailles. Le Languedoc avait perdu son indépendance depuis 1242. Si on regarde un peu le profil des possessions , on s'aperçoit que le pouvoir de gestion de la province du Languedoc a toujours été maintenu entre les mains des familles de même obédience . Les Montmorency et les Maine ont longtemps eu ce haut  privilège . Et on remarquera pareillement , qu'il en fut de même pour la gestion et le pouvoir des chasses en France , obtenu  et détenu, après être passés par deux les Grands Veneurs La Rochefoucauld (cousins des Apchier et des Morangiès ) et jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, par la famille Toulouse-Dombes-Penthièvre . Autrement dit par la famille du Gouverneur du Languedoc et du Gévaudan au temps de la Bête , le comte d'Eu , qui supervisa toutes les chasses et donna les ordres au capitaine Duhamel . Il est bien étrange tout de même que la première famille du monde de la chasse dans le royaume , voit surgir sur les terres qu'elle gère la Bête dévorante qui sera la plus connue de toute l'Histoire de France . Bien étrange aussi , quand on pense à la superficie du pays d'alors et de ses nombreuses familles nobles , que le louvetier d'Enneval avait déjà exterminé une meute loups en Normandie , sur les terres de ce tout puissant maitre du Gévaudan et du Languedoc , le comte d'Eu . Les coïncidences sont parfois bien mystérieuses . 

 

                                       Le Retour des Soldats  .

Cette illustration schématisée nous matérialise un aperçu du premier contingent de ces soldats de la Légion de Clermont-Prince (ou Volontaires de …) qui parvinrent en Gévaudan au début du mois de novembre 1764 . Bien que moins nombreux lors de leur seconde campagne , à partir de janvier 1765 , on imaginera sans peine quelle aurait pu être la réelle chance de survie d'un Antoine Chastel accompagné sa hyène – stupidité qu'on retrouve dans les écrits de certains auteurs - face à ces furieux corsaires de l'armée de terre , ces troupes d'élites aguerries , habituées à toutes les embuscades et autres traquenards , formées à suivre les marches et les déplacements de l'ennemi sans se faire repérer , souvent habilement dissimulées dans les sous-bois , et initiées a toutes sortes de chasses et de combats , en disposant pour cela d'un très bon armement  . Les délirantes conclusions de ces auteurs son directement en rapport avec leur ignorance totale de ce qu'était réellement l'armée de métier sous le règne de Louis XV , et principalement ces militaires de carrière des troupes légères . Il est vrai que lorsqu'on voit l'un d'entre eux confondre l'armée de métier avec les miliciens enrôlés à contre-cœur par une sorte de conscription qui ne disait pas encore son nom , et qui connaissait de ce fait de nombreuses défections et désertions , et qu'en prime il prend pour exemple la description de l'armée de Louis XV par un prince du sang qui n'avait que DEUX ANS quand Louis XV a quitté ce monde en 1774  (?), et qui fut fusillé dans les fossés de Vincennes en 1804 sur ordre de Napoléon , on se dit sans risque d’erreur que de tels auteurs ne devraient jamais toucher ni s’approcher de  l’Histoire et de ses acteurs dont ils insultent la mémoire , et pour lesquels ils n’ont pas la moindre compétence et finissent par même par se couvrir de ridicule devant les lecteurs suffisamment instruits de ces réalités du passé .

Cette illustration schématisée nous matérialise un aperçu du premier contingent de ces soldats de la Légion de Clermont-Prince (ou Volontaires de …) qui parvinrent en Gévaudan au début du mois de novembre 1764 . Bien que moins nombreux lors de leur seconde campagne , à partir de janvier 1765 , on imaginera sans peine quelle aurait pu être la réelle chance de survie d'un Antoine Chastel accompagné sa hyène – stupidité qu'on retrouve dans les écrits de certains auteurs - face à ces furieux corsaires de l'armée de terre , ces troupes d'élites aguerries , habituées à toutes les embuscades et autres traquenards , formées à suivre les marches et les déplacements de l'ennemi sans se faire repérer , souvent habilement dissimulées dans les sous-bois , et initiées a toutes sortes de chasses et de combats , en disposant pour cela d'un très bon armement . Les délirantes conclusions de ces auteurs son directement en rapport avec leur ignorance totale de ce qu'était réellement l'armée de métier sous le règne de Louis XV , et principalement ces militaires de carrière des troupes légères . Il est vrai que lorsqu'on voit l'un d'entre eux confondre l'armée de métier avec les miliciens enrôlés à contre-cœur par une sorte de conscription qui ne disait pas encore son nom , et qui connaissait de ce fait de nombreuses défections et désertions , et qu'en prime il prend pour exemple la description de l'armée de Louis XV par un prince du sang qui n'avait que DEUX ANS quand Louis XV a quitté ce monde en 1774 (?), et qui fut fusillé dans les fossés de Vincennes en 1804 sur ordre de Napoléon , on se dit sans risque d’erreur que de tels auteurs ne devraient jamais toucher ni s’approcher de l’Histoire et de ses acteurs dont ils insultent la mémoire , et pour lesquels ils n’ont pas la moindre compétence et finissent par même par se couvrir de ridicule devant les lecteurs suffisamment instruits de ces réalités du passé .

                                      La campagne de 1765  .

 

Les soldats de Clermont-Prince , ces cavaliers des troupes légères , qui servaient souvent à pied faute de montures , ne ménageaient pas leurs efforts pour tenter de stopper la course folle de la destructrice ,  poursuivant sans cesse les traques , les battues , les embuscades conjuguées , de nuit comme de jour , parfois à proximité des cadavres de ses victimes et durant près de 24 heures sous un froid glacial , espérant son retour pour la tirer et la tuer , mais le temps passait et elle restait toujours aussi insaisissable . L'animal anthropophage se jouait totalement des chasseurs militaires et semblait même étrangement les défier suivant son propre code cynégétique .  Les conditions climatiques du rude hiver de 1764-1765 étaient aussi en cette contrée un facteur aggravant pour le bon déroulement des chasses . Pourtant les Volontaires de Clermont-Prince n'hésitaient pas à bivouaquer sous la neige pour se transporter le plus vite possible sur les lieux de prédation du monstre et essayer de suivre sa piste . Les soldats qui servaient à pied usaient prématurément leurs souliers , qui avaient à l'époque une coupe unique ( ni pied droit ni pied gauche avant le Second Empire ) et qui étaient confectionnés d'un cuir mal traité , de mauvaise qualité . Ce fut le cas dès le 28 novembre , et les troupes durent  regagner précipitamment Saint-Chély-d'Apcher . De ce fait , il fallait attendre que soient livrés de nouveaux souliers pour repartir en chasse : soit une vingtaine de brodequins et trois paires de bottes pour chaque escouade . Leur capitaine alla même jusqu'à les financer sur sa cassette personnelle pour accélérer le rééquipement . Beaucoup de temps était ainsi perdu et bien des occasions de vaincre la Bête , gâchées . A peine rechaussée ,  la troupe d'élite se remettait immédiatement en chasse . Duhamel avait réparti ses hommes par escouades dans les hameaux où se portait généralement la Bête  .  Deux ou trois cavaliers encadraient une dizaine de cavaliers démontés .  Quand ils le pouvaient , ces soldats ne rechignaient nullement à marcher du matin jusqu'au soir , souvent  jusqu'à mi-jambe dans la neige gelée et sous les incessantes averses de poudreuse .

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765
Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

A travers une correspondance datée du 13 février 1765 , adressée à S.AS. Louis de Bourbon-Condé , comte de Clermont et patron du régiment de la Légion de Clermont-Prince  , le capitaine Duhamel mentionnait , en son nom et celui de son unité , l'honneur qu'ils avaient de lui appartenir et de le servir (sic) . Avant tout , il était question du prestige de sa compagnie d'élite . C'est du moins ce que nous ressentons lorsqu'il indiquait le fort espoir qu'il avait de vaincre la Bête et de proclamer haut et fort que c'était le détachement des soldats de S.A.S.  Mgr le Comte de Clermont qui l'avait mise à mort . On se demandera toujours comment de trop nombreux historiens de la Bête ont bien pu commettre une telle erreur en plaçant  Duhamel  à la tête d'un régiment de dragons du roi et en le citant comme dépendant de Louis XV ? A l'époque de sa lettre , Duhamel ne désespérait visiblement pas de croire qu'il serait un moment en mesure de terrasser la Bête et de faire parvenir sa dépouille naturalisée à son seigneur et maître , Mgr le comte de Clermont , espérant  en juste retour l'obtention de sa croix de Chevalier de Saint-Louis . Nous savons malheureusement pour lui qu'il n'en fut rien , et qu'il ne l'obtiendra qu'en 1771 , quelques temps après avoir intégré la Loge maçonnique de Saint-Louis de l'Union , fondée par son seigneur et maître la veille de sa mort , pour ses officiers .

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

Dès que le temps le permettait , le capitaine aide-major Duhamel et ses soldats reprenaient les traques , encadraient les paysans lors des battues (huées et tric-traques) , se positionnaient dans des affûts et tendaient des embuscades auprès des cadavres , laissant parfois leurs chevaux dans un village pour gagner à pied leur destination après avoir longuement marché dans la neige .

Symbolisation des battues . Quand ce n'était pas la maréchaussée royale provinciale qui encadrait les rabatteurs (paysans et villageois) , c'était aux hommes de Duhamel d'occuper ce poste . La ligne des rabatteurs suivait dès lors un certain mouvement en vue de ramener l'animal chassé vers le rang de tireurs placés à une certaine distance des rabatteurs , afin de les tenir autant que possible hors de portée de leurs tirs . Nous étions très loin de la complexité de fonctionnement des grandes chasses à tirs royales de la Restauration , mais cette base avait déjà son efficacité puisqu'on tua de cette manière bon nombre de loups , mais pas la Bête .

Symbolisation des battues . Quand ce n'était pas la maréchaussée royale provinciale qui encadrait les rabatteurs (paysans et villageois) , c'était aux hommes de Duhamel d'occuper ce poste . La ligne des rabatteurs suivait dès lors un certain mouvement en vue de ramener l'animal chassé vers le rang de tireurs placés à une certaine distance des rabatteurs , afin de les tenir autant que possible hors de portée de leurs tirs . Nous étions très loin de la complexité de fonctionnement des grandes chasses à tirs royales de la Restauration , mais cette base avait déjà son efficacité puisqu'on tua de cette manière bon nombre de loups , mais pas la Bête .

Les affûts et les embucades furent très souvent employés par les chasseurs de la Bête .

Les affûts et les embucades furent très souvent employés par les chasseurs de la Bête .

Duhamel passa parfois des jours et des nuits à rédiger des ordres de battues destinés aux diverses paroisses de la contrée .  Ces battues ne donnaient le plus souvent aucun résultat car la bête semblait mystérieusement disparaître à chacune de leurs annonces . Les autorités signalèrent même une seconde bête qui sévissait du Côté de Saint-Poncy , au nord de Saint-Flour . Duhamel avait sans doute compris dès cette époque que seul le renseignement rapproché et l'effet de surprise pourrait permettre d'éliminer ce monstre anthropophage . Il envoyait de ce fait régulièrement ses hommes en quête d'informations auprès des locaux , en les plaçant par deux dans les villages . Bien que d'ordinaire plutôt taiseux , ces villageois pouvaient signaler les passages de la Bête à tel ou tel autre endroit . 

Le renseignement auprès des populations locales .

Le renseignement auprès des populations locales .

C'est dans ce contexte que se passa à partir du 31 janvier 1765 , l'incident de la famille des fermiers de Monsieur Labarthe . Leur jeune fils avait en effet été attaqué devant sa maison par la Bête ce même jour . Elle fut mise en fuite par deux villageois et un chien  . Les blessures de l'enfant n'étant pas trop inquiétantes bien qu'impressionnantes , le père prétexta que sa femme était malade et couchée et qu'il avait son fils à soigner , et ne jugea pas utile de prévenir les autorités de la présence de la Bête et de cette attaque sur le secteur . Il avait ainsi transgressé les règlements précédemment établis qui obligeaient toute personne informée d'une agression ou du passage de la Bête , à les signaler très rapidement aux soldats détenteurs de l'autorité . Le capitaine Duhamel informé de ce fait , envoya en toute logique, comme le voulait la loi du moment , plusieurs de ses hommes demander des comptes à ce fermier qui avait désobéi aux ordres officiels des autorités . Le lendemain , ils conduisirent en prison à Saint-Chély-d'Apcher le fermier récalcitrant après l'avoir préalablement solidement ligoté au moyen de cordes trouvées dans sa maison . La petite histoire nous précise que ces huit cavaliers de Clermont-Prince passèrent la nuit dans la maison du fermier , appartenant à monsieur Labarthe , et qu'il s'y servirent en boisson et victuailles , comme s'ils s'étaient trouvés chez eux . Ce médiocre incident a au moins servi à quelques habituels écrivassiers de la Bête pour assouvir leur minable anti-militarisme primaire de base , qui démontre une fois de plus , leur totale ignorance de ce qu'étaient les réalités de notre monde sous l'Ancien Régime .  Il est évident que ces soldats arrivés à la ferme à Javols en cours de journée , n'allaient pas repartir immédiatement de nuit avec leur prisonnier , et qu'ils attendraient logiquement l'aube avant de se mettre en route pour le conduire devant leur capitaine , qui devait décider de son sort . On sait d'ailleurs qu'il ne fut pas convaincu par les propos de ce paysan puisqu'il le fit jeter au cachot , sans doute à titre d'exemple . Quoi de plus normal pour ces soldats que de s'être finalement restaurés dans la maison d'un délinquant . On découvre fréquemment dans les livres sur l'affaire cette vision totalement erronée de ce que pouvait être réellement l'esprit des militaires en ce temps là .  Certes , le Gévaudan était à cette époque , et suivant la ''interiorem pacem'' maintenue pour le royaume par le roi Louis XV pour nos provinces , une région bien éloignée de la guerre et le restera longtemps avant la conscription obligatoire qui lui prendra beaucoup de ses fils . Cela explique sans doute cet esprit d'anti militarisme permanent qui existe encore de nos jours chez beaucoup de personnes au sein de cette région . Il est évident que lorsqu'on avait vu les prussiens entrer dans un village et fusiller pour l'exemple le maire et son petit-fils , la populace était bien contente qu'il existe une armée française pour venir la délivrer du joug de la tyrannie de ces sanguinaires envahisseurs . Mais le Gévaudan est resté bien longtemps très loin de tout ceci , isolé dans ses montagnes à l'abri de ce type de soucis sur son sol , qui concernait surtout les provinces frontalières .  Nous avons aussi constaté par les archives que nous avons évoquées antérieurement , cet esprit autonomiste , cette forme d'indépendance et d'auto-protection qui existait en Gévaudan sous l'Ancien Régime .  Mais en 1764 et 1765 , n'était-ce pas le pays de Gévaudan , ses autorités et sa population qui avaient appelé à son secours ces soldats de Clermont-Prince afin de les délivrer de la dent meurtrière de la Bête ?  ... et qui les conspuaient maintenant sur tous les points ? Il y avait déjà dès cet instant une place pour la médecine de monsieur Freud dans les esprits tourmentés et illogiques de ces individus . On accueille généralement pas ses sauveurs en leur crachant au visage !

En 1763 , ces soldats de Clermont-Prince , dont quelques uns étaient originaires de patries germaniques et qui parlaient très mal le français , en avait vu , comme on dit , de toutes les couleurs dans la guerre à l'Est ? Bien entendu , ce n'est pas chez les auteurs bestieux que vous lirez le compte rendu objectif de ces réalités dont ils ignorent tout . Les gazettes étrangères non censurées sont là pour nous permettre de combler ces grandes lacunes , et ont pour but primordial de nous servir de tremplin afin d'accéder à la connaissance nécessaire et obligatoire avant d'être autorisés à juger les hommes de ce temps . Que d'horreurs n'ont pas été perpétrées à l'Est au coeur de cette guerre de Sept Ans . On sait par exemple qu'une certaine armée d'un très grand pays froid  , s'en était donnée à coeur joie sur les populations civiles en commettant à leur encontre les pires atrocités qui étaient impossibles à concevoir dans le cerveau d'un esprit sain . Nous vous passerons les détails sur ces horreurs que nos soldats engagés dans  cette terrible guerre - qualifiée de véritable première guerre mondiale par certains historiens - tels ceux du capitaine Duhamel , ont connus et vu de leur propres yeux là-bas .  Et le Gévaudan , selon ces auteurs , du haut de son imbécile anti-militarisme primaire est encore choqué et scandalisé à cette heure , parce que huit soldats de Clermont-Prince avaient piqué le saucisson sec et le pain rassi d'un paysan , qui s'était mis de lui-même hors la loi , et qu'ils avaient finalement un peu bousculé avant de le conduire à Saint-Chély-d'Apcher !? Mais on croit rêver !  Tout ceci tient de la même imbécilité que ces quelques auteurs qui ont cherché à rapprocher ces soldats princiers (pas au roi ) des redoutables dragons de Louis XIV engagés dans les Cévennes contre les camisards , et qui avaient laissé le terrible souvenir de cette répression auprès des populations du Gévaudan . Population gabale qui , nous le rappelons tout de même ,  était dans le même camp que ces dragons du roi Louis XIV, puisque majoritairement catholique ( !? ) Comprenne qui pourra !  C'est tout de même un comble que des auteurs de nos jours ''pondent'' de telles âneries ! Nous avons expliqué antérieurement ce qu'il en était réellement au sujet de ces soldats de Clermont-Prince et de  Soubise , dont les maisons avaient un temps été protestantes , et qui étaient venues en Languedoc au temps de la Bête . Quelque part , ces écrivassiers insultent la mémoire historique du culte protestant en France , en voulant faire de ses amis ses pires ennemis . Ils s'arrangeront avec leur conscience . 

Outre l'attribution forcée de ces derniers griefs imaginaires et le fait d'essayer de vouloir faire croire mensongèrement que ces soldats venaient de la maison du roi afin d'écorner un peu plus au passage la monarchie et l'aura de Sa Majesté Louis XV , que n'a t-on pas encore inventé pour salir et discréditer ces militaires  chasseurs de la Bête qui vivaient soit disant sur le dos du Gévaudan , province dont la population et les autorités avaient tout de même sollicité ces mêmes soldats pour tenter de les débarrasser de leur monstre anthropophage !?   C'est un comble quand même ! Mais la question qui demeure en suspens et semble effectivement toujours se poser , consiste à se demander si dans leur for intérieur , les gabalais avaient vraiment envie qu'on les débarrasse de leur Bête dévorante ?  On peut difficilement affirmer que ce fut le cas pour l'ensemble de la population de ce pays . Mais il est un reproche qui atteint plus que tout les plus hauts sommets de la bouffonnerie , qui est malheureusement parfois repris par les petits anarchistes du porte-plume , et qui consiste à accuser ces cavaliers et piétons de Clermont-Prince d'avoir en plein hiver écrasé , par leurs manoeuvres et autres chevauchées , les récoltes du Gévaudan situées sous deux mètres de neige !? Afin de ne pas perdre notre temps à essayer en vain de responsabiliser ces écrivassiers auteurs de ces imbéciles propos , nous préférons laisser parler , à travers les archives de l'époque , les autorités du Gévaudan , qui vivaient en ces temps de la Bête et qui n'ont pas appris leur propre histoire dans un manuel scolaire :  <<  Il est vrai qu'au premier détachement , c'est-à-dire au mois de novembre et décembre , les militaires à cheval , qui étaient en plus grand nombre qu'au second , où ils sont réduits à 11 chevaux , avaient d'abord fait quelques dommages aux blés en courant à travers les champs ; mais sur la présentation faite à M . le capitaine Duhamel , il y pourvut . D'ailleurs , ce dommage n'a été ni put être bien considérable . Il y a eu pendant tout le mois de novembre et souvent de décembre de la neige , qui couvrait et défendait les blés >> .  Voilà . Les blés étaient donc bien protégés par la neige en hiver . Là encore , c'est un stupide sentiment d'antimilitarisme primaire qui domine , aujourd'hui comme hier . Un chercheur des bestieux , ami proche des spécialistes de la Bête en Gévaudan , monsieur H. A. , nous a dit un jour qu'il pensait que l'abbé Trocelier , ce remuant curé d'Aumont chasseur de la Bête , avait volontairement désigné d'une manière inexacte le capitaine Duhamel comme officier des Volontaires de Soubise , uniquement parce qu'il ne supportait pas la présence des militaires de Clermont-Prince dans son pays et que , comme la honte de la défaite de Rosbach et la déroute de l'armée française avaient été attribuées au disgracié maréchal prince de Rohan-Soubise , patron des Volontaires de Soubise , c'était parallèlement le moyen d'associer ces militaires chasseurs de la Bête à une bande d'incapables . Sa théorie est loin d'être irréfléchie . Mais si c'est vraiment le cas imaginez jusqu'où pouvait conduire le mépris envers les militaires !?  Vous pouvez d'ailleurs retrouver les notes de cette confusion faite par l'abbé Trocelier dans les archives de l'époque , afin d'aller vérifier tout ceci par vous même , et en particulier dans les pages de l'incontournable  Chronodoc de Monsieur Alain Bonet .  Cet élément est important et très loin d'être secondaire comme pourraient le croire quelques personnes , puisqu'il reste encore à cette heure l'un des points mystérieux et inexpliqué de l'affaire de la Bête , et qu'il intéresse apparemment bien des auteurs de cette histoire , au point d'en arriver à un débat presque houleux pour tenter de comprendre comment et pourquoi cette erreur a pu se produire . 

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

En dehors du 21 novembre 1764 , où un maréchal-des-logis de Clermont-Prince , posté sur le secteur du bois de Belamy , avait aperçu la Bête en pleine course mais n'avait pas eu le temps de dégager son arme du dessous de son manteau (1) pour la tirer , et de la chasse du bois de la Baume qui s'était soldée par un fiasco intégral , il était rare que la créature pointe son museau dans la ligne de mire des carabines des soldats . Le 20 janvier 1765 , Duhamel , conscient de cette réalité , eut une bien curieuse idée . Il prit la décision de faire habiller en bergères quatre de ses plus jeunes soldats , fortement armés sous la jupe et le châle , et à les faire accompagner sur les prés par une groupe d'enfants gardiens de moutons ou de chèvres (plus rarement de vaches car la Bestià les craignaient), afin de tenter de tromper la vigilance de la Bête qui reniflait d'ordinaire le militaire et le chasseur à plus de 100 mètres .  Il fut décidé d'amplifier ce stratagème : chaque jour , à partir des villages d'Aumont , de Puèche, de Beauregard , de Termes , d'Albaret-le-Comtal , de Prunières , d'Escaire et Reymes , deux dragons costumés en bergères , qui provenaient des escouades de ces bourgades où il se trouvaient placés sous les ordres d'un maréchal-des-logis , d'un fourrier ou d'un brigadier , se joignaient aux petits gardiens de troupeaux pour les protéger et espérer vaincre la Bête , soit par le tir éloigné de leurs carabines à canon rayé qui portaient une balle mortelle à plus de 100 mètres , et qu'ils avaient habilement dissimulées sous leurs habits , soit , si elle avait  l'imprudence de s'approcher suffisamment , d'un coup de tranchant du redoutable acier de Sohlingen qui constituait les lames de leurs magnifiques sabres à coquilles de hussards . Les archives nous apprennent qu'à Aumont se trouvaient 7 soldats déguisés en bergères sous le commandement d'un maréchal-des-logis , tandis qu'à Prunières c'était un fourrier qui encadrait six soldats pareillement accoutrés . Parallèlement , le reste de l'effectif tenait un peu le rôle du rabatteur en patrouillant dans les bois et les endroits obscurs afin de tenter d'y déloger les créatures dévorantes . En effet , à cette époque , Duhamel était déjà informé de la présence d'au moins deux bêtes , coupables de ces ravages sur les humains . Le carnaval des soldats-bergères dura une douzaine de jours , puis les troupes lassées par cette méthode qui ne trompait visiblement pas la Bête puisqu'elle ne fut pas même aperçue une seule fois dans ces circonstances,  se déplacèrent sur un autre terrain d'action . Grand mal leur en pris , puisque dès leur départ l'une des bêtes attaqua un enfant de neuf ans , qui fut heureusement secouru à temps par les locaux pour ne pas être dévoré . Duhamel et ses hommes ne crurent certainement pas au simple hasard de leur départ pour cette nouvelle agression de la Bête , qu'ils considérèrent forcément comme un défit personnel . La Bête semblait se moquer d'eux  et les narguer sur tous les plans . Il est vrai que le porte-arquebuse royal , François Antoine , connaitra lui aussi un situation très semblable au cours de l'été 1765 .  Mais quelle pouvait donc être la réelle nature de ces bêtes dont l'intelligence équivalait à celle des humains ? Et qui de surcroît se montraient capables de trancher tout net , en une fraction de secondes , le bras d'un adulte ou la tête d'un enfant ? On sait aujourd'hui que pas un seul loup ou canidé n'est capable d'un tel acte , pas même une hyène qui met bien plus de temps à séparer une tête humaine de son corps . Seul un animal , qui tient à la fois du loup et du félin , possédait cette possible spécificité si l'on en croit les témoignages de chasseurs du XIXe siècle qui l'avaient vu décapiter tout net l'un de leurs chiens d'un seul coup de mâchoire . Il est vrai que cet animal des antipodes , ce loup-tigre , dont l'ancêtre vécut aussi en Amérique du Sud et même en France et en Auvergne dans les temps préhistoriques , possède la plus grande mâchoire possible pour un animal de sa catégorie . Une caractéristique qui fut souvent signalée pour la Bête et aussi décrite par Gibert , le valet du marquis d'Apcher , qui avait remarqué cet étonnant particularisme sur le cadavre de la Bête qu'il avait contemplée au château de son maître , à Besque , en juin 1767 .

A défaut d'admettre l'hypothèse de cet animal ''dans la peau de la Bête'' , nous ne connaissons à ce jour aucun autre être de cette catégorie de la faune capable de ce type de mutilations instantanées , et il faut donc , de ce fait , ouvrir la porte à la science de la cryptozoologie pour une créature non connue et répertoriée . C'est un verdict que l'on peut entendre de la part de toutes les personnes sérieuses , qui ont fait un véritable travail de recherches assez poussé sur l'affaire , et qui en arrivent naturellement à cette conclusion . Les théoriciens du loup , du canidé hybride ou de la hyène sont totalement incapables de vous expliquer ces coupures spontanées de membres , qu'ils évitent d'emblée d'aborder , pas plus qu'ils ne vous expliqueront le fait que la Bête résistait aux balles des chasseurs mais que les loups tombaient en masse sous les coups de feux de ces mêmes armes .

La mascarade du camouflage de ces militaires en jupes ne permit pas de tromper la vigilance des monstres et de les éliminer , mais elle servit au moins à faire rire dans les chaumières du pays des Gabales . Malheureusement la situation était toujours aussi inquiétante , car à l'approche du printemps 1765 , les carnages continuaient sans aucune interruption .

1) Ce bas officier avait caché son arme sous son manteau - certainement sa carabine à canon rayé - afin d'en protéger la platine déjà amorcée , dont la poudre contenue dans le bassinet était vulnérable à l'humidité et à toute intempérie . La confection de ce manteau nécessitait l'emploi de 4 aunes 1/6e de drap façonné à trame mouillée , à deux envers , et pour le parement du devant , d'une aune de serge large de 5/8e , de la couleur réglée pour l'habit .  Autrement dit , il était réalisé en épais drap ventre-de-biche (livrée de la Maison de Clermont-Condé) , sans manches , parementé à l'intérieur des devants d'une bande de cadis rouge , avec un large collet renversé , taillé en pointe sur l'arrière et doublé de même . Cette pièce réglementée de la vêture n'était pas un luxe pour se protéger du froid hivernal gabalais .

Bivouac des soldats de Clermont-Prince à la croix des anglais , Saint-Chéy-d'Apcher .

Bivouac des soldats de Clermont-Prince à la croix des anglais , Saint-Chéy-d'Apcher .

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

Si le capitaine aide-major Duhamel ne baissa pas pour autant les bras , et entreprit dans la foulée d'ordonner des chasses générales et diverses battues , bien que le déguisement de ses soldats n'ait eu aucun aboutissement positif pour parvenir à éliminer la Bête , il fut informé dès le 20 janvier que ce stratagème avait cependant donné de mauvaises idées et intentions à quelques malandrins qui avaient imité les militaires en se déguisant en femmes , pour duper et approcher en douceur les voyageurs et les villageois de la contrée , dans le but de les dévaliser . Afin de faire cesser cette usurpation et ses méfaits , les soldats de Clermont-Prince furent obligés d'abandonner un moment leurs prérogatives cynégétiques en se recentrant sur une fonction de police , pour parvenir à mettre hors d'état de nuire ces malfaiteurs . Ce n'était toutefois pas une nouveauté pour eux puisque les archives nous enseignent qu'ils avaient déjà opéré de la sorte auparavant en Vivarais , dans l'option de stopper les agissements d'une troupe de délinquants . Ce qui est certain , c'est que la région pouvait être considérée comme sensible de ce point de vue , et fut même le nid d'une conspiration contre le pouvoir royal quelques années plus tard . Plus à l'Ouest , du côté de Revel , les rues des bourgs et des villages étaient infestés la nuit par des cohortes de brigands , qui symbolisaient déjà quelque part ceux que l'on désignera ensuite sous le nom de ''chauffeurs'', parce qu'ils torturaient et  brûlaient les pieds de leurs victimes pour leur faire avouer la cache de leur argent , et parfois même pour le simple plaisir de torturer des innocents . Cette précision éveillera un peu , nous l'espérons, l'esprit "Bisounours" de ces ''escoliers tardifs'' et autres ''estudiantins'' allergiques à l'autorité et à l'uniforme , en leur signalant qu'en ces temps reculés , leurs ancêtres , qui vivaient dans la réalité de la vie , pas comme eux derrière un pc ou sur un banc d'école , étaient bien heureux ce voir plus d'une fois surgir les "uniformes" de la Maréchaussée royale et provinciale pour leur sauver la vie . Qu'ils méditent sur ce point , bien que nous ne soyons pas vraiment convaincus qu'ils en soient intellectuellement capables !

Le capitaine Duhamel ordonna que tout personnage qui serait découvert ainsi affublé d'un déguisement de femme , serait automatiquement arrêté par ses bas officiers et conduit sous bonne escorte à Saint-Chély-d'Apcher avant d'être transféré à la prison de Montpellier ( ville du siège administratif et chef-lieu de la province du Languedoc ).  Il semble que cette décision expéditive , certainement cautionnée par le lieutenant-général de Moncan et le maréchal prince de Beauvau , commandant en chef de la province depuis janvier , se soit montrée plutôt dissuasive et que l'envie de se travestir de la part de ces faux chasseurs , mais vrais brigands , se soit dissipée assez rapidement dans les brumes du Gévaudan .  La fermeté des militaires avait ,  sur ce point , au moins finie par se montrer efficace .                          

On notera toutefois , qu'à travers de nombreuses révoltes paysannes et forestières , au XVIIIe comme au XIXe siècle , le déguisement féminin resta fréquemment de rigueur pour tenter d'échapper aux sanctions de la loi , et que pour cette raison ces divers soulèvements populaires portèrent le titre de ''guerre des demoiselles'' .

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765
Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

Chasse à la Bestià - Gévaudan 1764 - 1765 Chasse à la Bête du Gévaudan par les cavaliers des troupes légères de la Légion de Clermont-Prince , au prince Louis de Bourbon-Condé , comte de Clermont-en-Argonne , trop souvent confondus avec un régiment de dragons par les auteurs qui n'entendent absolument rien à ces particularismes .

Le capitaine Duhamel n'a jamais signalé à personne que la Bête était un léopard ( ni même un lion ) comme tentent de l'insinuer certains auteurs et semblent le croire quelques personnes , mais seulement qu'elle avait le poitrail aussi large que celui d'un léopard ; ce qui n'est pas du tout la même chose puisque cela se circonscrit uniquement à une comparaison de proportion qui n'a rien d'exceptionnelle : la largeur du poitrail de ce félin n'étant pas extraordinaire  , juste celle d'un imposant animal , mais sans de plus . L'estampe figurant la dévoreuse , réalisée suivant la description du capitaine aide-major Duhamel , et qu'il adressa au gouverneur d'Eu , était en couleur et n'avait pas le moindre point commun avec la gravure intitulée : "Portrait de la Hiene , Bête féroce qui ravage le Gévaudan , vuëe par Mr. Duhamel" , qui fut autorisée à l'imprimerie et à la distribution le 2 mars 1765 , par M. de Sartines , le lieutenant-général de Police à Paris , de 1759 à 1774 . Cette gravure , qui n'était pas celle de Duhamel , se vendit à Paris chez Portal , rue Saint-Jacques (au dessus des Jacobins) ,et se trouva également intégrée au recueil du sieur Magné de Marolles , consacré à l'histoire de la Bête du Gévaudan , qui est conservé à la Bibliothèque Nationale (BNF-Paris). Tout au long de sa mission , le capitaine Duhamel ne cessa jamais de critiquer les différentes représentations de la Bête que réalisaient les peintres de Mende et spécifiait , à chaque fois , que ces diverses estampes ne ressemblaient aucunement à l'animal qu'il avait parfaitement vu de ses yeux . Et il ajoutait d'ailleurs que les nombreuses victimes qui avaient survécu aux attaques de la créature , l'avaient très bien reconnue sur l'illustration en couleurs de son estampe . Qu'est devenue cette illustration réalisée selon les précisions de Duhamel ? Nous n'en savons rien à cette heure . Encore un point qui vient s'additionner aux multiples questions qui ne trouvent pas de réponses dans cette affaire .

Fort de la déroute des autorités de la province en ce début de l'année 1765 , et auréolé de son nouveau pouvoir absolu qui lui conférait une totale autorité sur les habitants du Gévaudan , Duhamel allait maintenant tenter un dernier coup de force pour tenter de détruire  cette maudite Bête . Le lieutenant-général de Moncan, avec la corrélation du gouverneur d'Eu , lui avait en effet octroyé deux ordres signés de sa main qui lui autorisaient ce plein pouvoir d'état d'urgence . Ils lui permettaient surtout d'armer les populations de la contrée pour les battues à venir et la lutte permanente contre la Bête .  De son côté , le sieur Etienne Lafont , procureur fiscal de l'évêque de Mende , Syndic du Gévaudan et subdélégué auprès de l'Intendant du Languedoc , avait fait suivre diverses instructions à destination des notables et divers consuls du pays .

Durant son service en Gévaudan , le capitaine aide-major Duhamel était payé 5 livres , 5 sols et 6 deniers par jour . Soit environ 158 livres par mois et 1900 par an ( sources : A-M d'Amiens , lettres de Duhamel ) . Il réussi à obtenir de ses supérieurs et des syndics généraux , une augmentation de sa solde de 10 sols par jour . Cela valait également pour l'ensemble de ses soldats dont la rémunération était seulement de 7 sols , 2 deniers journaliers : soit 11 livres et 10 sols par mois et 129 livres par an . Rappelons que le capitaine aide-major devait parfois recourir aux revenus de sa propre cassette pour rééquiper ses hommes .

Duhamel répartit une cinquantaine des ses cavaliers - dont la plupart servaient à pied faute de montures ou en raison des circonstances  - entre le Malzieu et Saint-Chély-d'Apcher . Les chasses débutaient à l'aube quand le temps le permettait et se prolongeaient jusqu'à la fin du jour . En ce qui concerne la dotation et la remonte des étalons de ces soldats de Clermont-Prince , nous savons par les archives qu'ils étaient incontestablement bien fournis en nouvelles montures car , dans ce temps intermédiaire , le comte de Villerau , qui commandait l'une des compagnies de cavaliers , accompagné de  plusieurs de ses hommes , avaient ramené  à la caserne de Langogne (1) pas moins de 32 chevaux frais dont une partie pouvait se rendre disponible pour les chasses de Duhamel  . Si l'effectif avait compté jusqu'à 17 cavaliers (qui se déplaçaient aussi parfois à pied ) et 40 hommes servant à pied durant la première campagne  , leur nombre était maintenant réduit à 11 cavaliers montés et à peu près une quarantaine de démontés . Nous avons vu ô combien l'accusation de destruction des cultures du Gévaudan , placées sous un monticule de neige durant l'hiver 1764-65 , par ces quelques cavaliers , tenait selon les archives des autorités de ce temps à un inconséquent élément . Ce passage de l'affaire à juste été grossi par certains auteurs anti-militaristes et anti-monarchistes qui ont voulu ridiculement nous présenter la chose ainsi , et principalement nous rejouer le sempiternel couplet du puissant seigneur médiéval entrainant à sa suite galopante et dévastatrice , à travers le champs de blés fraichement éclot du malheureux serf ,  ses nobles chasseurs et gentes dames à la poursuite de messire dix-corps ! Sans doute faut-il leur rappeler que le Siècle des Lumières n'était plus le Moyen-Âge , et qu'on ne branchait plus les vilains aux grandes ramifications des chênes , pour simple braconnage . Mais l'école de la République a intégré dans leur disque dur toutes ces idées mensongères et inexactes , alors on compatira à ce défaut d'analyse et à leurs frustrations de n'être pas nés avec une cuillère dorée dans le bec , ce qui en a fait d'inaltérables opposants à cet Ancien Régime . Certes , nous avons rencontré un nombre conséquent de visions naïves autour de l'étude de cette affaire de la Bête du Gévaudan , mais ici , par les affirmations fantaisistes de ces auteurs , nous avons eu la désagréable impression qu'ils ont un peu cherché à se moquer du monde !

 

1) La caserne de Langogne semblait alors inconfortable et en bien  mauvais état au point de nécessiter d'urgentes réparations , s'il faut en croire ce qu'en disait à son sujet le capitaine Duhamel . 

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765
Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765 Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

Le temps passait sans résultat probant , mais le capitaine Jean-Baptiste-Louis-François Boulanger Duhamel (sieur du Hamel - nom d'origine Belge ) ne se décourageait pas . Il passa près de deux nuits à rédiger , avec l'aide d'un maréchal-des-logis , divers ordres de battues destinés à chacune des paroisses qui se joindraient aux traques (huées ou tric-tracques) . Beaucoup de lectrices et de lecteurs penserons sans doute , après avoir déjà lu cela dans les pages de livres consacrés à l'histoire de la Bête , que ce travail devait se révéler assez pénible pour un militaire . Et bien non, que nenni ! Le major d'un régiment était l'officier de plume au sein de son unité , l'officier chargé de l'administration des troupes , qui rédigeait et complétait toutes les notes du service et aussi le recueil de stationnement des compagnies . En résumé , s'était son métier que d'écrire de longues missives et de remplir les pages blanches à l'encre noire et à la plume d'oie . Et le capitaine Duhamel avait justement dans ses qualifications , celle d'aide-major : en quelque sorte , de major en second . Il était donc très au fait de cette pratique et très accoutumé à écrire énormément d'ordres et de missives .  Ne vous faites pas de mauvaises idées , ce ne fut pas pénible pour lui , puisque cela faisait aussi partie de sa fonction .  La lecture de son mémoire dit ''maximes générales pour l'équitation des troupes'' , dédié au ministre Choiseul , prouve notamment à quel point cet officier, commandant les chasses en Gévaudan , était doté d'un certain niveau intellectuel que bien des personnes aujourd'hui , pourtant restées bien longtemps en études , ne possèdent même pas . Alors , s'il vous arrive de lire certains auteurs qui vous le présentent comme un militaire bourru , un homme de guerre sans sentiments et réflexion , ce qui aurait occasionné pour cette raison son échec dans les chasses à la Bestià , sachez d'emblée qu'ils vous mentent et déforment la vérité par manque de savoir et de recherches , voire une fois de plus , par un anti-militarisme primaire et sénile . Bien entendu , il ne faut pas perdre de vue que Duhamel était également un homme de terrain , un guerrier , qui reçu de sévères blessures durant les combats de la Guerre de Sept Ans .

Une fois les ordres de marche rédigés, c'était au tour d'un brigadier de les porter un à un aux paroisses concernées , en se faisant guider à travers tout le pays par la bienveillance d'un guide civil , d'un home issu du terroir gabalais , qui connaissait la contrée comme son jardin .

Le 7 février 1765 , le capitaine Duhamel avait décrété une chasse générale à laquelle devaient participer 73 paroisses du Gévaudan , 30 de l'Auvergne et quelques autres du Rouergue . La battue avait plutôt bien débutée , le temps était très froid mais il ne neigeait pas et les conditions étaient de ce fait favorables pour traquer le monstre . Sous la pression de cette nombreuse troupe , la Bête fut débusquée et tirée , mais sans résultat , car elle continua sa course folle qui la conduisit comme dans un entonnoir vers la rivière la Truyère et vers sa mort assurée , puisque , traversant les eaux pour s'enfuir, elle y serait fusillée par les chasseurs du Malzieu postés sur l'autre rive . Au conditionnel ... elle devait y être fusillée ! Et oui , car se mouillant de tout son corps , la bête traversa le cours d'eau sans encombre et ne fut accueillie ... par absolument personne car les chasseurs du Malzieu n'étaient tout simplement pas venus occuper leurs affûts sur cette rive opposée de la Truyère !? Les hommes du Malzieu , que certaines personnes du Gévaudan qualifiaient de ''crapules du Malzieu'',  avaient sans vergogne désobéi aux ordres de celui qui détenait légalement le pouvoir royal , de par ses supérieurs , sur le pays de Gévaudan ! Rien que cela ! Quelques courageux emmenés par le curé de Prunières poursuivirent la Bête sur l'autre rive et parvinrent même à la tirer et à la percuter d'une balle puisqu'un cri venant du fond de son gosier se fit entendre et qu'elle chuta suite à cet impact , mais comme à son habitude elle se releva et s'enfuit sans dommage puisque les balles ne pénétraient pas sa peau . Ce constat est établi depuis bien longtemps par les Bestieux de bonne foi . Le monstre allait donc continuer ses carnages en tuant sans plus attendre dès le 9 février , la jeune Marie-Jeanne Rousset , justement , sur la paroisse du Malzieu . Sans doute remerciait-elle à sa manière la communauté de ce secteur ne pas être venu la tuer sur cette rive de la Truyère ce jeudi 7 février 1765 , jour de la Saint-Romuald , cet ermite qui joua au fou et qui mourut un 19 juin comme la Bête tuée par Jean Chastel .

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

Mais que s'était-il donc passé dans la tête de ces gens du Malzieu , qui avaient cruellement fait défaut à cette chasse du 7 février , tandis que ceux de Saint-Chély dans leur grande majorité avaient montré l'exemple et s'étaient portés nombreux à la participation de cette traque ?  Duhamel était furieux de cette nouvelle occasion manquée d'éliminer la Bête , principalement par la faute de ces gens du Malzieu  . Seul le sieur Martin , lieutenant de Maire de la cité , et quelques rares habitants , avaient respecté les consignes et s'étaient rendus à cette chasse . Cela valu au sieur Martin une vive altercation avec M. Brun , bourgeois du Malzieu , et fermier de Monseigneur le prince de Conti , qui avait pris la tête de l'opposition contestataire aux ordres royaux  . Dans l'une de ses missives datée du 16 février 1765 , le Syndic du Gévaudan , le sieur Etienne Lafont , faisait part de certaines réalités qu'il connaissait semble t-il déjà au sujet des habitants du Malzieu , et qui n'avaient fait aucun cas des ordres du capitaine  Duhamel .  Voici en résumé ce qu'il disait à leur propos dans sa lettre :<< Tout ce que je puis dire , c'est qu'en général , il règne parmi la plupart des bons bourgeois du Malzieu un esprit d'indépendance qui dans tous les temps est un mauvais exemple et qui dans les circonstances présentes ne peut que tirer à conséquences >>. Duhamel de son côté expédiait plusieurs plaintes à Montpellier auprès du lieutenant-général de Moncan , commandant en second des troupes pour la province du Languedoc . Elles visaient particulièrement le sieur Brun et les nombreux bourgeois du Malzieu qui avaient été jusqu'à vouloir lui interdire de coucher au Malzieu avec quelques uns de ses hommes , suite à cette rude et pénible journée de chasse . Duhamel avait perdu ses nerfs face à cette mutinerie . Il avait retrouvé quelques uns de ces hommes qui ne s'étaient pas rendus à cette chasse au cabaret du village de La Garde , qui étaient en pleine fête . Sans doute célébraient t-il à force de godets le résultat déficient de cette chasse grâce à leur désertion . Refusant de sortir de la taverne sur ses ordres , l'un d'entre s'avança tout de même et l'apostropha sévèrement . Duhamel lui asséna un coup du plat de son sabre sur le dos , dont la lame cassa aussitôt . Il semble que cet officier s'était plutôt accoutumé à tâter de temps à autre le dos des paysans récalcitrants du plat de son sabre au cours des battues . Le sieur Etienne Lafont , Syndic du Gévaudan , justifiait logiquement ces actes du capitaine Duhamel à l'encontre des paysans gabalais .  Ce coup de sabre fut-il si violent ? Ce dont on peut être certain , c'est que cette lame de sabre de hussard à coquille avait été forgée de l'acier allemand de Sohlingen qui n'était pas réputé fragile . Cet arme blanche avait été ordonnée pour les troupes montées des Volontaires de Clermont-Prince dès 1758 , et resta officiellement en service jusqu'à 1763 . Ce sabre était prévu pour résister une dizaine d'années . Donc , en 1765 , nous étions encore loin du compte . On sait que le roi Louis XV avait promis à la réforme de 1763 , quelques gratifications à la caisse des Légions , majoritairement princières , si elles acceptaient d'harmoniser leurs armements et leurs équipements . On sait aussi que son souhait ne fut pas exhaussé puisqu'on trouvait au sein des ces six légions et volontaires , aussi bien des mousquetons que des carabines et même des fusils , ainsi que des selleries de hussards pour certains allant jusqu'à transformer les cavaliers de celle de Conflans en véritables hussards . On voit donc assez mal Duhamel être armé dans ce cas du simple sabre du modèle 1750 des dragons réguliers qui équipera sa Légion devenue Condé en 1766 . Alors , soit la lame de son son sabre de hussard était minée par la rouille et affaiblie par ses nombreuses années de service et de chocs durant les combats de la Guerre de Sept Ans , soit le dos de ce personnage du Gévaudan était bigrement solide !

Modèle de sabre de hussard à coquille (1758-1763) dont disposait _______  le capitaine Duhamel et ses cavaliers .

Modèle de sabre de hussard à coquille (1758-1763) dont disposait _______ le capitaine Duhamel et ses cavaliers .

Informés de ces diverses plaintes adressées contre eux , et qui allaient forcement remonter vers la plus haute autorité royale , les bourgeois du Malzieu en appelèrent au conseil de leur seigneur et maître ,  Mgr le prince de Conti . Le Syndic Lafont en fut informé , et voici ce qu'il disait à ce sujet dans sa lettre datée du 16 février : << Si la conduite de ces bourgeois du Malzieu est bien connue de S.A.S Mgr le prince de Conti  , il y a lieu de croire qu'elle les désapprouvera >>.  Il y avait donc lieu de croire que son Altesse n'approuverait pas leurs actes délictueux !?  Etienne Lafont connaissait les particularismes des bourgeois du Malzieu , comme nous l'avons vu plus avant , mais aussi la personnalité de leur seigneur et maître , le prince de Conti  , et la tournure de sa phrase chargée d'un évident manque de certitude , laissait déjà présager le peu d'assurance qu'il portait à la concrétisation d'une sanction venant à leur encontre de la part de ce puissant prince du sang . Si cet aggloméra de bourgeois contestataires du Malzieu prenaient les devants en sollicitant la protection de leur seigneur et maître afin de les protéger , c'est qu'ils savaient déjà que leur prince ne les désapprouverait aucunement . Dans le cas contraire , ils se seraient abstenus d'ébruiter leur condamnables comportement sachant que le prince de Conti n'aurait logiquement aucunement voulu contrevenir aux ordres de sanctions ordonnés par son cousin , le roi Louis XV . 

Pour comprendre cette étrange situation , il nous faudrait sans aucun doute remonter assez loin dans l'Histoire générale et parallèlement dans celle des corridors , mais nous allons dans l'immédiat seulement nous reporter à la date d'arrivée de ces soldats de la Maison de Condé sur le secteur de Saint-Chély-d'Apcher et le Malzieu , au mois de novembre 1764 . 

Dans l'ensemble , en dehors de quelques griefs et diverses attaques à peine fondées , le capitaine Duhamel et sa troupe ne rencontrèrent pas tant que cela d'hostilité particulière de la part de la population du Gévaudan , principalement en ce qui concerne leur collaboration dans les chasses à la Bête . Il s'agissait tout de même de tenter de détruire le monstre qui dévorait leurs enfants , ne l'oublions jamais ! Néanmoins , quelques paysans dont la santé était ruinée par une condition de vie assez misérable ,  se firent un peu tirer l'oreille pour participer aux battues qui restaient le plus souvent sans résultats , ce qui , il faut le reconnaître , n'était pas très motivants pour ces pauvres hères . On est tout à fait en mesure de comprendre leur manque d'enthousiasme pour participer aux traques dans ces conditions . Mais , en ce qui concerne la majorité des habitant du Malzieu , ce fut véritablement une autre affaire et un autre comportement .  Le conflit entre les villageois ( principalement les bourgeois ) et les troupes montées de Clermont-Prince fut , de toute évidence , déclaré dès la première heure d'arrivée de ces soldats sur les terres du comté . Un certain nombre d'auteurs , qui se sont particulièrement penchés sur cette partie de l'histoire,  ont supposé qu'il s'agissait d'une opposition locale et probablement d'une aversion de la bourgeoisie pour les militaires et les dragons qui avaient laissé en d'autres temps un sinistre souvenir dans la contrée , et qui arrivaient à nouveau en véritables conquérants en pays de Gévaudan . Nous savons aujourd'hui que tout ceci tient du pur fantasme et qu'il n'y a absolument pas le moindre fondement historique dans cette déduction .  De plus , le pays de Gévaudan était principalement catholique au temps des dragonnades contre les Camisards protestants et que,  de toute façon , même dans le cas inverse , la maison dont provenait ces soldats avait un temps eu à sa tête le chef du parti protestant , tout comme ceux de Rohan - Soubise qui étaient en Vivarais à la Même époque . La connaissance de l'Histoire démonte très rapidement ces simples légendes par des faits connus et indétrônables .  Durant ces époques reculées , bien plus qu'aujourd'hui , les populations savaient très rapidement si les troupes en vue étaient amies ou ennemies , car leur survie en dépendaient directement .

Bien que le prince Louis-François de Bourbon Conti ( 1717-1776 ) soit le cousin du roi et des Condé , et de ce fait le neveu du comte de Clermont , Louis de Bourbon-Condé , patron des chasseurs militaires de la Bête , en 1765 il était nullement en odeur de sympathie et de sainteté auprès de ces maisons des princes du sang . Par son comportement dangereux vis à vis du roi Louis XV , et son choix politique qui l'avait fait entrer dans une sorte de fronde perpétuelle , il s'était de lui même isolé du monde se lamentant sans doute sur son malheur et conspirant quelque peu au sein de sa Cour du Temple de Paris .  Comme l'évêque de Mende et bien d'autres , le prince de Conti avait aussi épousé la cause des jansénistes fortement opposés au Pape et l'Eglise de Rome depuis la bulle de 1713 , comme nous l'avons déjà évoqué dans l'article consacré à Mgr de Choiseul .  Conti s'était vu éloigné de la Cour et de ses prétentions en raison du danger qu'il semblait constituer pour le roi Louis XV , et  avait obtenu le rang de Grand Prieur de l'Ordre de Malte (1) comme une forme de compensation , grâce à l'influence de la marquise de Pompadour . Il résida pour cela , à partir de 1756  , au sein de l'enclos du Temple de Paris , l'ancienne première commanderie du royaume de France du puissant Ordre des Templiers . Au sein de ce palais templier , officiellement détenu par l'Ordre des Hospitaliers , le puissant prince de Conti régnait sur une Cour et un lieu qui échappait à toute juridiction du roi Louis XV . Il avait le droit d'y donner asile à tous les opposants du régime et à tous les malandrins qui étaient poursuivis par la justice royale . Le Temple était un véritable petit royaume indépendant au coeur de Paris et une grosse épine dans le pied du pouvoir royal qui ne pouvait pénétrer son enclos sacré . 

 

1) Ex-ordre des chevaliers de Rhodes et Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem , qui avaient assimilés tous les biens de l'Ordre du Temple à sa dissolution de façade en 1314 . 

Enclos du Temple de Paris selon le plan de Turgot établi vers 1739 . Un véritable petit état Templier au cœur de la Capitale du royaume dans lequel régnait en maître absolu au sein de sa Cour , le tout puissant prince de Conti qui ne se privait pas de comploter contre le despotisme royal et son intolérable absolutisme , fier d'être un prince frondeur comme l'avait également été antérieurement son père dans le complot qui visa à éliminer Louis XV de ce trône et le Régent d'Orléans de son pouvoir temporaire . Voltaire , dans sa jeunesse , fut introduit au sein de cette Société du Temple par son parrain , l'abbé de Chateauneuf , du Gévaudan . C'est dans le donjon de cet enclos que sera enfermée la famille royale , le roi Louis XVI , la reine Marie-Antoinette et leurs enfants , dans l'attente de leur funeste procès et de leur exécution .

Enclos du Temple de Paris selon le plan de Turgot établi vers 1739 . Un véritable petit état Templier au cœur de la Capitale du royaume dans lequel régnait en maître absolu au sein de sa Cour , le tout puissant prince de Conti qui ne se privait pas de comploter contre le despotisme royal et son intolérable absolutisme , fier d'être un prince frondeur comme l'avait également été antérieurement son père dans le complot qui visa à éliminer Louis XV de ce trône et le Régent d'Orléans de son pouvoir temporaire . Voltaire , dans sa jeunesse , fut introduit au sein de cette Société du Temple par son parrain , l'abbé de Chateauneuf , du Gévaudan . C'est dans le donjon de cet enclos que sera enfermée la famille royale , le roi Louis XVI , la reine Marie-Antoinette et leurs enfants , dans l'attente de leur funeste procès et de leur exécution .

Sans doute nous direz vous : mais quel rapport avec le Gévaudan ? Nous allons y venir pour ceux d'entre vous qui ne sont pas informés de ces réalités historiques . Cette lumière a attendu plus de deux cent années , il vous est donc possible de patienter encore quelques instants .

De son siège du Temple , allié des parlementaires , des jansénistes et de tout ce que comptait alors le pays comme opposition au roi , le prince de Conti , dont la présence n'était plus souhaitée à la Cour et à Versailles , se découvrait de plus en plus comme le leader , le chef , capable de prendre la tête de tout mouvement d'opposition et de résistance visant à renverser Louis XV , ou en tout cas à amoindrir par tous les moyens ses pouvoirs comme le souhaitaient fermement les parlementaires . Outre le Temple de Paris , où Conti régnait en Grand Maître  , son domaine et château de l'Isle-Adam figurait  également son second royaume en Île-de-France . Mais le prince avait aussi moult fiefs en province , et principalement au coeur de la frondeuse Généralité du Languedoc . 

Dès 1727 , à la mort de son père , Louis François de Bourbon Conti avait hérité de la Baronnie de Bagnols (Orange) , située à deux pas du comté Venaissin . Il y vint en compagnie de sa mère , Louise-Elisabeth de Bourbon-Condé , afin d'honorer la réception de ce nouveau titre . En rentrant vers l'île de France, il ne manqua certainement pas de visiter ses autres fiefs du Gévaudan. Il devait d'ailleurs effectuer une halte en cours de route, en Touraine,  au château de Véretz , appartenant à leur ami Plessis-Richelieu. En 1765, le prince de Conti était avant tout connu en terre gabalaise comme le Duc de Mercoeur, dont il possédait le fief, mais aussi bien entendu celui du Malzieu, de Verdezun, d'Esplantas, de Saugues, de Pinols, du Bois Noir, etc.  En 1727, il était devenu le seigneur de Saugues à la suite de son père, le terrible Louis-Armand de Bourbon-Conti, qui était à la tête de cette cité du Gévaudan depuis 1720. Ce dernier avait fait jouer son droit de retrait sur Anne, la Palatine de Bavière, qui en avait hérité de la princesse Anne de Bourbon-Condé, et devint ainsi le puissant Duc de Mercoeur en Gévaudan. On voit qu'en 1760, à Saugues , Les sœurs du Tiers Ordre du Mont Carmel faisaient des reconnaissances à Mgr Louis-François de Bourbon, Prince de Conti , mais aussi à Jean-Joseph-Alexandre de Châteauneuf-Randon , Marquis d'Apchier. On remarque également que l'une des moniales de l'Ordre à Saugues n'était autre que sœur de l'Incarnation Morangiès. Conti était pareillement le maître incontesté de Paulhac en Margeride, qui relevait de la commanderie de L'Ordre de Malte de Palhers, comme étant l'un de ses dix districts, et puisque qu'il était le grand patron de l'Ordre de Malte (ex-Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem) pour la France en tant que Grand Prieur du Royaume . Le Domaine et l'église de Paulhac appartenaient entièrement à l'Ordre de Malte, et le Commandeur local en avait la gestion, tandis que le prince de Conti disposait d'un intégral droit de justice en ces lieux en tant que Duc de Mercoeur, comme le voulait la règle de l'Ordre qui resta en application jusqu'à la Révolution. Vu la férocité du personnage, il s'agissait pratiquement d'un droit de vie ou de mort sur les habitants de Paulhac qui devaient obligatoirement marcher dans le sens de ses volontés. Nous avons en mémoire le sort de ce pauvre malheureux braconnier condamné par le Prince à cent coups de bâtons et au cachot pour un simple lapin capturé. Fort heureusement pour les Paulhacois, le règne du père sur leur cité fut de courte durée, car avec Louis-Armand, dit ''le Singe Vert'', c'était encore une toute autre affaire. On pourra toutefois s'étonner que le blason de Paulhac en Margeride présente une croix pattée de gueules et les émaux de sable et d'argent du Beauséant de l'Ordre du Temple au lieu d'une figuration de gueules à la croix pattée d'argent , qui sont ordinairement les figures héraldiques du blason de l'Ordre de Malte. Faut-il voir un lien discret avec le prince de Conti qui était dans l'ombre le Grand Maître de l'Ordre du Temple? (voir sur ce point : Le Temple, Ode à S.A.S. Mgr le Prince de Conti par Lebrun). Et que penser de ces deux loups de sable ravissants armés et lampassés de gueules n'étant pas quelque part sans rappeler la gémellité des templiers ou celle de leurs deux saint secrets, Protais et Gervais, grandement adulés à Mende et en Gévaudan. Evidement, on songera aussi, au delà de la représentation de ces deux bestià aux griffes et aux gueules sanguinolentes, à ces fameux loups ravissants templiers couverts de peaux de bêtes évoqués par Christian Rollat dans son livre sur ''L'Affaire Roussilon dans la tragédie Templière'' . Ou plus simplement, faut-il voir à travers ce blason de Paulhac, un simple erreur du créateur héraldique qui aurait confondu les couleurs de ces deux ordres ennemis à l'origine ? Cela fait tout de même un peu trop de coïncidences .  Un peu Plus au nord , en Auvergne, Conti était aussi le maître de Blesle et de Ardes. Du Temple de Paris , à défaut de se trouver sur place, le prince de Conti contrôlait la pluie et le beau temps sur les terres et ses fiefs du Gévaudan, avec l'aide de ses serviteurs et hommes de main ( parfois ses sicaires ), tels ceux du Malzieu qui avaient volontairement fait échouer cette chasse à la Bête. Comment pouvait-il en être autrement de la part du plus puissant prince du sang du royaume qui détenait un immense pouvoir de façade additionné à celui de l'ombre, et qui était fermement opposé au roi, car il avait bien ses raisons de l'être .

 

Ce que nous allons maintenant vous dévoiler ci-après , ne se trouve pas dans les livres consacrés à l'affaire de la Bête du Gévaudan , ni même dans les livres d'Histoire , bien que ces éléments soient pourtant connus de quelques historiens . La République et son Education Nationale n'ont visiblement pas jugé utile que vous en soyez informé(e)s . 

A titre de comparaison , le blason de Paulhac (à gauche) ne peut représenter la croix de Malte (à droite) qui est de toujours d'argent (blanche) en héraldique . Sa croix pattée et ses émaux sont bien ceux de l'Ordre du Temple (au centre) dont Conti était le Grand Maître et pareillement le maître de Paulhac. Les loups du blason sont  rampants . Le terme ''ravissant'' évoque évidement ces loups ravissants templiers passés dans la clandestinité qui se cachaient dans les campagnes sous des peaux de bêtes selon le roi Philippe le Bel . Les deux loups sont ici armés (de griffes) , allumés (les yeux) et lampassés (les langues) de gueules .

A titre de comparaison , le blason de Paulhac (à gauche) ne peut représenter la croix de Malte (à droite) qui est de toujours d'argent (blanche) en héraldique . Sa croix pattée et ses émaux sont bien ceux de l'Ordre du Temple (au centre) dont Conti était le Grand Maître et pareillement le maître de Paulhac. Les loups du blason sont rampants . Le terme ''ravissant'' évoque évidement ces loups ravissants templiers passés dans la clandestinité qui se cachaient dans les campagnes sous des peaux de bêtes selon le roi Philippe le Bel . Les deux loups sont ici armés (de griffes) , allumés (les yeux) et lampassés (les langues) de gueules .

Fiefs du Prince de Conti , en Auvergne et Gévaudan .

Fiefs du Prince de Conti , en Auvergne et Gévaudan .

 Louis-François de Bourbon Conti ( 1717-1776 ) , Prince du Sang , Grand Prieur de France de l'Ordre de Malte , Comte de La Marche et Duc de Mercoeur en Gévaudan .

Louis-François de Bourbon Conti ( 1717-1776 ) , Prince du Sang , Grand Prieur de France de l'Ordre de Malte , Comte de La Marche et Duc de Mercoeur en Gévaudan .

Si nous sommes bien avisés que le prince de Conti occupait un rang de très haut dignitaire dans l'Ordre de Malte , celui du Grand Prieur du Royaume France , comme nous le témoigne aussi la vision de son cercueil supérieurement clouté du drapeau rouge à la croix blanche de l'Ordre , qui a été redécouvert il y a quelques années dans la crypte cachée de l'église Saint-Martin à l'Isle-Adam , où il fut mis à l'abri des sacrilèges révolutionnaires , ce qui est toutefois bien moins ébruité en ce qui le concerne , c'est que ce prince était pareillement le Grand Maître de l'Ordre du Temple , des Chevaliers Templiers .

Ordre de Malte , ex-Ordre des Chevaliers de Rhodes et des Chevaliers Hopitalliers de Saint-Jean de Jérusalem .

Ordre de Malte , ex-Ordre des Chevaliers de Rhodes et des Chevaliers Hopitalliers de Saint-Jean de Jérusalem .

Le caveau et le cercueil du prince de Conti dans la crypte de l'église Saint-Martin de l'Isle-Adam , dont nous avons parlé ci-dessus .

Blason du Grand Maître Bertrand du Guesclin , Connétable de France , et le Blason du nouvel Ordre du Temple selon les Arhives du GODF . . . Imaginez que ce blason est votre reflet dans une glace et vous aurez ainsi la véritable position du cordon que portaient discrétement sous l'habit les frères de l'Ordre . Sa forme ici présentée est celle du blason français employé par l'Ordre sous les Lumières .

Blason du Grand Maître Bertrand du Guesclin , Connétable de France , et le Blason du nouvel Ordre du Temple selon les Arhives du GODF . . . Imaginez que ce blason est votre reflet dans une glace et vous aurez ainsi la véritable position du cordon que portaient discrétement sous l'habit les frères de l'Ordre . Sa forme ici présentée est celle du blason français employé par l'Ordre sous les Lumières .

Il y a très peu de chance pour que les Castelrandonnais soient concrètement informés de cet important élément historique à propos du blason de leur cité . C'est ce qui sépare les initiés de ceux qui ne le sont tout simplement pas . Toutefois , ils ne devaient pas non plus savoir que l'ancien cénotaphe de du Guesclin à l'Habitarelle , était la copie conforme de celui d'un ancien tableau des bergers d'Arcadie , déjà intitulé ''Et In Arcadia Ego'' , formule si chère au pays de Razès (Royaume de Septimanie et de Gévaudan , à la Couronne Mérovingienne ) et à Nicolas Poussin , sinon ils l'auraient restauré dans sa forme initiale et certainement initiatique , pas de cette atroce façon , briquée et bétonnée .

Ce cénotaphe était aussi à l'origine l'exacte figuration de celui de Clisson , en rapport direct avec le second capitaine de Bertrand Du Guesclin , qui lui succéda au rang de Connétable du Royaume , mais pas au rang de Grand Maître car il était du camp des anglais , mais également de celui du célèbre Jean-Jacques Rousseau à Ermenonville (nous en reparlerons dans le dossier consacré à Jaques Portefaix) et qui était justement le protégé du prince de Conti . Et oui , cela ne s'invente pas . Ces cénotaphes jumeaux et particuliers ont traversé les siècles en conservant leur propre architecture pour ces hautes personnalités toujours en rapport avec l'Arcadie .

L'ancien cénotaphe du Grand Maître et Connétable Bertrand du Guesclin à l'Habitarelle à Châteauneuf-de-Randon , en Gévaudan , et qui est directement inspiré pour sa forme architecturale de celui des bergers d'Arcadie .

L'ancien cénotaphe du Grand Maître et Connétable Bertrand du Guesclin à l'Habitarelle à Châteauneuf-de-Randon , en Gévaudan , et qui est directement inspiré pour sa forme architecturale de celui des bergers d'Arcadie .

Pour ceux qui souhaiteraient en savoir davantage sur la survivance de l'Ordre et l'Arcadie , une approche raisonnée par Jack Minier , historien de l'Ordre du Temple .

Pour ceux qui souhaiteraient en savoir davantage sur la survivance de l'Ordre et l'Arcadie , une approche raisonnée par Jack Minier , historien de l'Ordre du Temple .

Au sein de ce nouvel Ordre du Temple , on trouva également de nombreuses personnalités issues des familles des gouverneurs du Languedoc et du Gévaudan , tels les Armagnac , un Clermont , un Chabot , un Montmorency , un Durfort (ancienne famille Cathare) , le duc de Cossé-Brissac et bien d'autres encore . Certains noms , à des postes moins en vue , furent aussi associés à cette liste des Chevaliers du Temple , telle Jeanne d'Arc , Gilles de Retz (de Rais) , un Duc de Choiseul , et principalement pour le Siècle des Lumières , le Duc Philippe d’Orléans , qui parvint à maintenir une paix approximative dans le royaume en tant que détenteur du pouvoir officiel par la Régence , et celui de l'ombre par le Temple . Voltaire étant aussi membre de cette Société du Temple , et y ayant de nombreux frères amis , c'est ce qui explique que le Duc d'Orléans fut aussi longtemps  tolérant à l'égard de son insolence . La situation politique changea magistralement pour le pouvoir royal lorsque le Duc du Maine devint le Grand Maître de l'Ordre en 1724 . Nous avons vu pour quelle raison cette famille , celle du comte d'Eu - qui gouvernait et ordonnait les chasses en Gévaudan au temps de la Bête - détestait le roi Louis XV pour ce qu'il lui avait fait subir , et nous n'allons donc pas y revenir . Après sa mort , survenue en 1736, c'est le prince de Condé , Louis-Henri de Bourbon , qui succéda au rang de Grand Maître l'année suivante . Il avait été destitué de son poste de ministre et exilé de force sur ses terres de Chantilly par ordre du roi . Il décéda en 1740 , et ce fut donc le prince de Conti qui devint le nouveau Grand-Maître de l'Ordre du Temple dès 1741 , et le resta jusqu'à sa mort survenue en 1776 . La formule latine consacrée à sa nomination au rang de Grand Maître dans les archives de l'Ordre du Temple est la suivante : Ego Ludovicus-Franciscus Borbonius Conty , Deo juvante , Supremum Magisterium acceptum habeo , 1741 . Ou , en plus accessible à l'ensemble du commun des mortels : Et , Louis-François de Bourbon-Conti , accepté par l'aide de Dieu , au rang de Suprême Magister (Grand Maître) en 1741 . Il va sans dire que le Temple était alors géré par des mains tout à fait hostiles au pouvoir du roi , et que l'esprit frondeur , renforcé par la crise avec les parlementaires , faisait déjà quelque peu vaciller la stabilité du trône de ce Monarque qui ne voulait rien céder ni rien amputer de son absolu , dominant et insolant prestige . Chaque nom et chaque particularisme nécessiterait des heures pour se répandre davantage en profondeur sur le sujet , et amarrer entre elles toutes ces informations , mais nous n'en avons ici ni le temps ni l'espace nécessaire pour le faire . Il serait même indispensable de publier plusieurs volumes pour aborder convenablement ce thème et le siècle de la Bête , ainsi que toutes ses conjurations et péripéties , connues ou bien plus souterraines . Mais avant de revenir vers le prince de Conti et le Malzieu , nous allons tout d'abord nous pencher sur les rapports qui existaient entre l'Ordre du Temple et le Gévaudan .

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

Que s'était-il passé exactement à sa dissolution et à l'arrestation de tous les frères français de l'Ordre ce célèbre vendredi 13 octobre de l'année 1307 , qui est demeuré dans les mémoires du peuple comme un jour maudit pour certains , ou ''porte chance'' pour d'autres .

Que nous disent au juste les archives de Mende à ce sujet ? Très vite , nous voyons que le Temple possédait effectivement des biens fonciers et des terres en Gévaudan , bien que la toile géographique ne nous permet pas d'y découvrir de nombreuses commanderies , comme cela était le cas par exemple pour l'Auvergne . Rapidement nous voyons le sieur Guillaume de Nogaret tenter de s'emparer de tous les biens des templiers en Gévaudan , et qu'il en fut empêché par le peuple du pays des gabales . Les petites gens du Gévaudan ne voulaient vraiment pas que ce seigneur de Marsillargues s'approprie les ex-biens templiers au cœur de leur pays . Ceci nous est conté et prouvé par les archives de Mende . Mais qui était vraiment ce Guillaume de Nogaret ? On le disait descendant direct d'ancêtres cathares qui connurent les bûchers de l'inquisition : apparemment son grand-père , à Toulouse , et quelques autres membres de sa famille , ailleurs . Il semble que les mises en doute connues à ce sujet aient été balayées par une série d'archives qui ôtent définitivement tout doute à l'effectivité de son origine cathare . On retient surtout de lui qu'il entra au service du roi Philippe IV le Bel en 1293 , et qu'il fut responsable de la mort du Pape italien Benoît VIII en 1303 . Il avait effectivement enlevé le souverain pontife avec l'aide de la bande de spadassins des frères Colonna , et sans doute mal traité , au point que Benoît VIII décéda un mois après sa libération . La mort de ce Pape allait créer un nouveau mouvement au cœur de la papauté qui finirait par domicilier désormais les souverains pontifes en Avignon , dès le règne de Clément V (Bertrand de Got ou de Goth) . Mais ni le successeur de Benoît VIII , qui qualifia Nogaret et les frères Colonna de ''fils de perdition , premiers nés de Satan et enfants du mal'' , ni Benoît XII , ne lui octroyèrent l'absolution générale et le pardon  . Cet épisode qui se solda par la mort du Pape est connu sous la dénomination d'attentat d'Agnani . Pour le remercier de son fidèle service , le roi de France lui offrit des terres en Languedoc , à Marsillargues , Aujargues , Congénies et Calvisson (Nogaret-Calvisson) ainsi que 800 livres de revenus et quelques gratifications diverses . On sait qu'il fomenta ensuite , avec Enguerrand de Marigny et le roi Philippe IV , un plan pour faire chuter l'Ordre du Temple et s'emparer de ses richesses qu'on disait infinies . On sait également que tous les templiers de France et de Navarre furent arrêtés et emprisonnés sur ordre du roi à l'aube de ce maudit vendredi 13 octobre 1307 , et qu'après des années de procès , de cachots et de tortures , la majorité d'entre eux périt de bien terribles manières , et aussi que le Grand-Maître de l'Ordre , Jacques de Molay , et le précepteur de Normandie , Geoffroy de Charnay ( et sans doute encore deux autres templiers ) , périrent sur le bûcher de l'île de la Cité à Paris , le 18 mars 1314 , sur un lieu aujourd'hui appelé le square du Vert-Galant , où des effigies aux crânes allongés nous rappellent à leur mémoire en symbolisant leurs visages déformés par les flammes , dans d'atroces souffrances . Selon Geoffroy de Paris , un chroniqueur de l'époque , Jacques de Molay assigna , avant de trépasser par le feu , le roi Philippe le Bel et le Pape Clément V à se présenter devant le tribunal de Dieu dans l'année en cours . Ni le Pape ni le roi ne connaîtront en effet la fin de l'année . Leurs morts soudaines ne semblent en aucun point très catholiques . Quant à Guillaume de Nogaret , qui avait fait ''choux blanc'' en Gévaudan et qui s'était rendu coupable de mille autres comportements orduriers , comme celui de la spoliation des biens des juifs , il était déjà mort soudainement en 1313 . Beaucoup pensent encore à ce jour que que les templiers (templistes) passés à la clandestinité lui avaient discrètement réglé son affaire . Son conseiller particulier , Guillaume de Plaisians , semble avoir aussi glissé sur une peau de banane quelques mois avant la fin du procès des templiers . Et Enguerrand de Marigny nous direz vous ? Pour lui se fut plus délicat puisqu'il finit pendu comme un larron au gibet de Montfaucon , l'année suivante !

Triste fin pour ces marauds qui avaient voulu décimer le Temple et s'emparer de leurs biens . Nous passerons sur les années de malheur , de poisse et de guigne que connue ensuite la descendance du roi Philippe le Bel .

Et le Gévaudan dans tout cela ? Nous y venons . Nogaret , cela ne vous dit rien ? Et Calvisson cela ne vous dit toujours rien ? Louet de Calvisson alors ? Ou plus précisément de Nogaret-Calvisson qui passa aux Apchier et aux Louet-Calvisson dont les armes figurent au fronton du château de Saint-Alban-sur-Limagnole en Gévaudan , arrivé ensuite par union à la famille Molette de Morangiès . Là , nous sommes à peu près certain que cela vous parle davantage . Assurément , la famille de Nogaret-Calvisson venait d'une branche unique comme le démontre l'Armorial du Languedoc . Il existait en dehors une autre famille répondant au nom de Mogaret-la-Valette , ducs d'Epernon . Nous en reparlerons . Mais ce qu'on découvre en priorité au sujet des Nogaret-Calvisson passés aux de Louet de Calvisson , c'est que l'ancêtre du comte Jean-François-Charles de Molette de Morangiès n'était autre que le terrible Guillaume de Nogaret , cet ennemi mortel de l'Ordre du Temple . Peut-être , cela explique t-il  l'aversion de Jean-François-Charles de Molette de Morangiès envers les bourgeois du Malzieu , qu'il savait être aux ordres du prince de Conti , ce Grand-Maître de l'Ordre du Temple ? Fort heureusement , les auteurs et autres spécialistes de l'histoire de la Bête , qui sont en quête de sensationnel , ne sont pas informés de toutes ces réalités généalogiques , car ils ont déjà assez couvert de tous les vices et toutes les tares inimaginables le pauvre comte de Morangiès , allant même jusqu'à l'accuser d'avoir livré l'île de Minorque aux anglais par lâcheté , lui qui n'eut jamais le moindre commandement sur cette terre ibérique , autre que celui de son premier bataillon d'infanterie du Languedoc . Il faut avouer que c'est tout de même un comble . On notera que les historiens bestieux qui ne sont pas du tout en quête d’extraordinaire ne sont pas davantage informés de ces liens familiaux puisque lorsqu'ils précisent que la famille de Calvisson de Marsillargues envoya des chasseurs en Gévaudan pour traquer la Bête , ils semblent bien incapables de comprendre que c'est aussi parce que cela concernait les terres de leurs cousins directs , les Morangiès . Cependant , si on cherche vraiment à ternir la réputation du comte de Morangiès comme le font beaucoup d'auteurs , on peut encore aussi familialement le rattacher , par la branche des Montmorency-Laval , au Barbe Bleue de Tiffauges , le redoutable Gilles de Rais (de Retz) qui massacra des dizaines et des dizaines d'enfants si l'on donne du crédit aux accusations du procès qui le conduisirent au bûcher . Il eut moins d'avenir que l'un des cousins du comte de Morangiès , le marquis de Canillac , qui lui ne fut brûlé qu'en effigie sur la place de grève à Toulouse . A l'ensemble on peut encore ajouter que le comte de Morangiès était aussi cousin du pervers Marquis de Sade , au moins par la branche des Castillon , qui était rattachés au Temple depuis probablement les croisades . La bien étrange décoration de leur église-crypte , dont la vision prolongée mettrait en péril la santé mentale du plus équilibré d'entre nous , en témoigne assurément . On dira aussi que les Sade avaient reçu de l'Empereur Sigismond , le droit d'arborer dans leur blason le symbole de son ordre du dragon , par l'intermédiaire de cet aigle noir bicéphale qui était aussi celui du Temple , des Illuminés de Bavière et de biens d'autres formations et discrètes loges . Comme quoi , quand on veut calomnier on trouve toujours de la matière à cet effet dans un coin ou dans un autre du passé des individus . C'est certain qu'il possédait tout de même une belle brochette d'ancêtres et de cousins au passé plutôt chargé de très mauvaises ondes .

Mais en revenant vers le pays des Gabales , voyons à présent quelle était sa véritable situation en 1307 , lors de la suppression de l'Ordre et que l'ancêtre du comte de Morangiès , Guillaume de Nogaret , avait échoué à s'approprier les biens des Templiers . Voici ce que nous disait en son temps monsieur Robert Barroux , l'archiviste départemental de la Lozère : l'étude débute par un coup d’œil sur la situation politique du Gévaudan à cette époque . Le paréage de 1307 venait d'être conclu . Grâce à leur habileté et à l'appui royal (celui du roi Philippe IV donc) , à la disparition des anciens vicomtes de Gévaudan et de leurs héritiers , Comtes de Toulouse ou roi d'Aragon , les évêques du Gévaudan affermissaient leur pouvoir .Des raisons économiques et géographiques militaient , de plus , en faveur de l’épiscopat . Le pays , par suite de son relief , restait isolé . Les habitants vivaient des productions de leur sol et s'en contentaient . Ils ne désiraient pas avoir des relations avec l'extérieur .

Voilà qui est clair .Tout un programme finalement . Depuis la croisade contre les cathares , ces seigneurs de la ''race fabuleuse'' qui étaient les héritiers légaux du royaume de Gévaudan et Septimanie , avait été poussés vers les provinces ibériques pour la plupart . Maintenant , avec la perte du soutient de l'Ordre du Temple , qui était quelque part leur protecteur , ils perdaient aussi pied en Gévaudan . Ils ne conservaient que quelques racines en terre de Lorraine .

Que restait-il comme vestiges du Temple en Gévaudan ? Ou , que trouvait-on encore qui rappelait à sa mémoire sur la terre des Gabales ? Nous savons que ce pays accueillait très peu de commanderies recensées . Tout juste en trouvions nous une près de Saint-Chély-d'Apcher et une seconde au nord de Saint-Flour . Cependant , si bon nombre de saints ont été honorés par le Temple depuis sa création à une époque très discutée , il en était deux autres , qui figuraient ses deux saints secrets et que l’on retrouvait en tapinois dans les pas du Temple partout où il avait exercé son pouvoir . Ces deux saints , les jumeaux Protais et Gervais, apparaissaient fréquemment dans l'ombre des chevaliers templiers et sur les lieux chargés de leur présence et de leur mysticisme . Tel à Gisors , à deux pas de ce célèbre château qui avait fait couler tant d'encre , où s'élevait cette imposante église St-Gervais et Protais chargée de ses messages initiatiques . Il semble que l'émulation discrète du Temple pour ces deux saints , prenait sa source à la situation de l'église qui leur était réservée à Paris , et qui juxtaposait à l'origine le quartier général de l'Ordre du Temple . Certains éveillés y voient le départ d'un ''Code Parisis'' édifié par les monuments de la Capitale , mais nous ne nous y aventurerons pas ici pour ne pas nous égarer dans la géographie sacrée. Et pour le Gévaudan nous direz vous ? La première église du diocèse de Mende était celle de Saint Gervais (… et Protais) . Seul le petit cimetière , qui porte également ce nom , à résisté aux outrages du temps . Lors de la reconstruction de la cathédrale de Mende au XVIe siècle , les saints Gervais et Protais furent les premiers honorés de l'édifice , dans cette petite niche-chapelle située dès l'entrée à droite … à la droite du seigneur comme on dit . Au début XIXe siècle , un culte leur fut réservé au sein même de la cathédrale , mais il est vrai qu'entre temps , par l’avènement de l'Empire et la liberté du culte , le Temple avait à nouveau pignon sur rue . A Javols existait encore un prieuré séculier dédié à Saint-Gervais et Saint-Protais . L'église de Langogne portait aussi le nom de Saint-Gervais -Saint-Protais . Enfin , la Bête du Gévaudan fut officiellement tuée par Jean Chastel le 19 juin 1767 , jour de la fête de … oui , Saint-Gervais et Saint-Protais . L'un n'allant pas sans l'autre . La numérologie nous signale que cette date est le chiffre de Dieu : 19 : 1+9 =10 = 1+0 = 1 chiffre de Dieu . Quoi de plus normal puisque l'évêque de Choiseul n'avait-il pas indiqué dans son mandement de décembre 1764 que la Bête était envoyée par Dieu pour ravager le Gévaudan en raison de ses pêchés ? Il est bien difficile de prétendre le contraire . En tous cas Monseigneur de Choiseul ne survit que 19 jours à la Bête tuée par Jean Chastel , et Monseigneur Simon Charles Sébastien Bernard de Ballainvilliers , l'intendant de la province d'Auvergne qui avait supervisé l'affaire de la Bête pour sa généralité , devait s'éteindre le 19 octobre 1767 . Et oui, cela ne s'invente pas !

 

Voici où en était la situation pour ce grand maître de l'Ordre du Temple que fut le prince de Conti , qui s'était totalement isolé sur le plan politique . Car en effet , non seulement il est brouillé avec le roi , mais il l'était pareillement avec ses cousins les Condés , qui soutenaient pourtant comme lui les parlementaires contre Louis XV. Il ira même jusqu'à se fâcher avec son fils , Louis-François-Joseph de Bourbon-Conti , qui sera par la suite à l'origine de la réconciliation entre les familles de Condé et de Conti , mais aussi avec son père au terme de sa fin de vie . Conti refusera de recevoir les derniers sacrements de l’Église . Cela paraît inconcevable de la part d'un Grand Prieur de l'Ordre de Malte , mais tout à fait logique pour un Grand Maître du Temple qui n'avait que faire de l'extrême onction de ses ennemis . Comme quoi quand on ne détient pas toutes les cartes de l'Histoire , on a fort peu de chance de parvenir à la comprendre . C'est un bien triste constat , mais Conti avait de multiples raisons de haïr à ce point Versailles et son roi . Le roi l'avait jadis fait mettre aux arrêts .  Autrement dit emprisonné comme le furent aussi ses cousins les Maine (dont le gouverneur du Languedoc au temps de la Bête , le comte d'Eu ) . Son extrémisme porté à ce très haut niveau , l'avait toutefois isolé par rapport aux autres détracteurs du pouvoir qui ne souhaitaient sans doute pas aller aussi loin dans cette querelle avec le roi .                                                                                          Son oncle , le prince Louis de Bourbon-Condé , connu comme le comte de Clermont et le patron des chasseurs militaires de la Bête en Gévaudan , semblait , en tant que Grand Maître de la Grande Loge de France et premier franc-maçon du Royaume (devenue en suite le G.O.D.F. ),  et malgré l'éloignement de son autre neveu , le prince de Condé (Louis-Joseph) de la Cour de Versailles pour avoir choisi le camp des parlementaires , être resté fidèle au roi Louis XV , bien qu'ayant connu une certaine disgrâce à la suite de la défaite de Créfled durant la Guerre de Sept Ans . On sait , entre autre , qu'il rendait discrètement visite au roi en son château de Saint-Hubert . Il est aussi vrai qu'il avait bien curieusement coupé la racine de la descendance de Nicolas Fouquet , en envoyant à la mort le fils du Maréchal de Belle-Isle lors d'une charge de cavalerie suicidaire durant cette même bataille de Créfeld . Ces seigneurs et ancêtres de Nicolas Fouquet avaient fait élever Gisors en marquisat . Leur noms , aujourd'hui comme hier , reste associé au Temple et de ce fait à la mémoire de Nicolas Fouquet , qui demeura en tout temps par sa juste raison profondément ennemie du roi . Le château de Nicolas Fouquet passa un  temps à Choiseul , tandis que Gisors reviendra au comte d'Eu . Et Chanteloup après Choiseul sera au Duc de Penthièvre tout comme Crécy qui fut avant lui à la marquise de Pompadour et après lui au prince de Montmorency . Ce petit personnage du Duc de Penthièvre , plus noble d'entre les nobles du royaume puisqu'il possédait pas moins que la seconde fortune de France juste après celle du roi , et qui ne fut jamais inquiété durant la Révolution (?). Il va sans dire que ce ne sont pas les bols de soupe et les ragoûts de mouton (que ne dédaignaient pas Louis XV et sa suite ) qu'il distribuait de longue date à ses ''petits pauvres'' , qui avaient arrêté la fureur des révolutionnaires à l'encontre de sa personne .  Les châteaux comme le pouvoir de l'ombre restaient toujours au sein de ces mêmes lignées . Faut-il préciser que Louis XVI fut obligé de menacer sa famille pour parvenir à acheter Rambouillet !? Ce droit , Penthièvre l'avait toujours refusé à Louis XV . En 1776 , il hérita de l'ensemble des biens du comte d'Eu , le dernier des Maine , ce gouverneur du Languedoc petit-fils du roi Louis XIV , qui s'était beaucoup investi dans l'affaire de la Bête du Gévaudan . 

Le prince de Conti s'était , quant à lui , par choix personnel , totalement proscrit de la classe dominante et de la majorité de la grande noblesse du royaume . Il n'était même pas certain que dans les couloirs de l'Ordre du Temple , il ait en ces temps fait sur ce point l'unanimité , bien que la doctrine des frères comprenait dans ses paragraphes celui de combattre sans ménagements les rois et les papes pour venger ce que Philippe IV et Clément V avaient fait subir aux templiers .

L'Histoire de la chasse , dont la connaissance fait si souvent défaut aux auteurs de la Bête et les pénalise , nous enseigne que le Prince de Conti , qui entretenait un magnifique équipage pour le courre du cerf sur son domaine de l'Isle-Adam , digne des meilleures formations de vénerie , et qui portait sa livrée chamois conti et bleue , était par exemple totalement exclu de toutes les invitations aux laisser courre du roi et de la Maison de son cousin Louis Joseph , le Prince Condé . Il y avait là comme une humiliation suprême . Lorsque les Condés invitaient le roi ainsi que tous les autres princes du sang et leurs équipages à chasser à Chantilly , ou sur leurs autres terres comme celle d'Ermenonville , ils oubliaient à chaque fois le Prince de Conti . Seul le Duc de Penthièvre et sa famille , pour les raisons que l’on sait , se rendaient chez leurs cousins Conti et à leurs chasses à courre . Les tableaux de laisser courre du peintre officiel du prince de Conti , le sieur Ollivier Michel Barthélémy , nous dévoilent à ces occasions quelles maisons étaient proches du prince et celles qui brillaient par leur absence à l'Isle-Adam . Les gardes-chasses du prince de Condé avaient ordre de tirer à vue sur tous les chiens du prince de Conti qui auraient eu l'imprudence de s'aventurer sur les terres des Condé ou à leur  proximité . Plusieurs chiens de sa meute furent même mystérieusement empoisonnés et retrouvés morts aux abords des terres des Condés . Y avait-il derrière cet acte détestable une manipulation pour tenter de les diviser encore plus , où existait-il à ce point une aussi grande aversion entre ces deux princes ? On comprendra dès lors que Louis-François de Bourbon Conti ne pouvait nullement tolérer que des soldats chasseurs de la Maison de Condé , portant la livrée de cette Maison ( identique à celle des chasses ) cousine mais ennemie , ne viennent piétiner inpunement ses terres en Gévaudan , dont celle du Malzieu , alors que lui-même et ses équipages étaient traités comme de véritables parias en Île-de-France par cette même Maison . Le comte de Clemont (Louis de Bourbon-Condé) son oncle , qui l'avait autrefois initié à la proximité des courtisanes de la Cour Royale et qui était le colonel-propriétaire des chasseurs militaires de le Bête du Gévaudan , était doublement son ennemi car malgré sa disgrâce royale après l'échec de la bataille de Créfled durant la Guerre de Sept Ans et la mort stupide du fils du Maréchal de Belle-Isle , il s'était rangé , dans l'ombre , aussi du côté du roi . Sa disgrâce , comme nous l'avons vu plus haut , n'était plus qu'une pénalité de façade . C'est l'une des principales raisons pour laquelle il n'est pas honnête de parler d'imaginaires dragons du roi envoyés par Louis XV en Gévaudan chasser la Bête , comme le fond cependant de trop nombreux auteurs , tant dans leurs livres que sur leurs pages et sites internet , car ce mensonge vous voile inexorablement cette lourde et autre vérité qui explique à elle seule la raison du comportement et la désertion des gens du Malzieu (sujets du prince de Conti) dans la grande battue du 7 février 1765 qui fit échouer cette chasse , entrainant la disgrâce et la mise à la porte du Gévaudan de ces soldats de la Maison de Condé , de son ennemi de cousin qui s'était vendu au parti du roi .  Mais peut-être n'ont-ils pas envie que vous approchiez de cette dérangeante vérité , ou qu'a leurs yeux ils vous jugent inaptes à la connaître . Pourquoi s'entêter à continuer à diffuser cet stupide mensonge de dragons du roi Louis XV , sinon ?

A Lire : Fort Robert , La chasse et la forêt de l'Isle Adam au temps de Louis-François-Joseph , dernier Prince de Conti ; Mémoires de la Société Historique et Archéologique de Pontoise , du Val d'Oise et du Vexin , Tome LXVIII , 1978-197ç , p. 101 à 111 .

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

Quant à son cousin le Prince de Condé , ayant aussi choisi le camp des parlementaires ( Tout comme le Duc d'Orléans ) , il se brouilla naturellement avec Louis XV et on ne les vit plus l'un comme l'autre s’inviter mutuellement aux chasses à courre . Il est vrai que le prince Louis-Joseph était du fait de son choix politique exilé sur décision royale au sein de son domaine de Chantilly . Ce fut aussi le cas de son père en d'autres temps . Mais il ne s’était pas pour autant rabiboché avec son cousin Conti qui connaissait ausi la disgrâce royale dans sa pire version . Sans doute le prince de Condé n'avait-il pas souhaité alourdir la mémoire conspirationiste et frondeuse de sa Maison , lontemps véhiculée par les actes de ses ancêtres . On s'amusera par contre grandement des propos de ce prétentieux auteur de l'histoire de la Bête qui octroie la Maison de Condé et sa terre de Chantilly , qui fut le plus grand nid de frondeurs contre le pouvoir royal de l'ensemble notre Histoire , de capitainerie du roi Louis XV !? Certains ne devraient véritablement pas approcher l'Histoire de notre beau pays car malgré leurs pompeux diplômes , ils n'ont visiblement pas les moyens intellectuels de l'étudier et de la comprendre  .                           L’ambiance générale était donc très mauvaise entre le roi et ses cousins , même si Orléans et Condé faisaient en sorte de ne pas envenimer la situation , contrairement à Conti qui n'avait plus rien à perdre et ne craignait pas le roi . 

Voici donc , en résumé , où se situait la véritable ambiance et la température excessive de ces temps , et dont ne vous informent pas les auteurs de la Bête , qui vous présentent généralement une version infantile de ce qu'était assurément les réalités du pays à cette époque , avec une noblesse qui s'adorait et qui était totalement dévouée au roi , tout comme ces pauvres bougres du Gévaudan qui crevaient de faim mais qui auraient tous donné leur vie pour le roi s'il faut en croire ces auteurs . Quel carnaval que ces ouvrages et leur ridicule contenu ! Il existe beaucoup trop de livres pour vous conter de telles imbécillités mensongères . Mais revenons au fait , à la vraie vie des Lumières dont l'authenticité était bien différente de celle qu'on lit dans les pages de ces ouvrages pour individus ignorants .

Le prince Louis-François de Bourbon-Conti voyait donc d'un très mauvais œil les soldats de son oncle (les cavaliers de la Légion de Clermont-Prince) - qui avait choisit le parti du roi - venir souiller les terres de son duché , et en particulier celles du Malzieu . D'autant que ces soldats de Louis de Bourbon-Condé arboraient fièrement la livrée ventre-de-biche qui était également celles de la vénerie  de la Maison de Condé , comme nous l'avons vu plus haut . Quel affront suprême sachant que Conti était exclu de toute chasses des princes de Condé et que ses joyaux canins , ses beaux chiens , étaient empoisonnés ou tirés à vue par les gardes-chasses de cette même Maison ! Il avait donc actionné tout à fait logiquement le levier pour que ses sujets du Malzieu mettent en échec cette maison ennemie dans les chasses à la Bête , quand l'occasion se présentera . Vu qu'elle était si irrespectueuse envers celle des Conti , ce pied de nez qu'il lui infligeait de cette manière , et du même coup au roi , était bien peu de chose . Tout esprit logique aura compris qu'il ne pouvait en être autrement . Nous sommes par ces vérités très loin des enfantillages de ces auteurs qui ne voient qu'un sentiment libertaire et indépendant des Malzéviens vis à vis du Gévaudan (?) . Ils ne sont même pas capables de comprendre le sens des propos du Syndic Étienne Lafont . Ces gens sont incompétents en matière d'Histoire , insultants et agressifs mais surtout pitoyables par leur critiquable comportement .

Ne vous faites donc pas d'illusion , tout ceci vous ne l'apprendrez pas dans les livres consacrés à la Bête pour des causes que vous imaginerez facilement . Tout comme vous ne trouverez pas davantage d'explication pour vous permettre de comprendre pour quelle raison la Maison de Conti était la seule Maison princière à ne pas avoir joint ses gardes-chasses à l'équipage du porte-arquebuse royal , le chevalier François Antoine , lorsqu'il vint en Gévaudan traquer la Bête . C'était encore une fois l’humiliation suprême qui est également justifiée par tout ce que nous avons signalé ci-dessus et que nous connaissons aujourd'hui . Posez-vous les bonnes questions au lieu d’écouter parler des personnes qui en savent finalement encore moins que vous sur le sujet . De toute façon , tout ce que nous vous avons signalé antérieurement est contrôlable par la moindre consultation d'archives et la lecture du travail de sincères historiens spécialisés en Histoire générale du XVIIIe siècle , comme Monsieur Le Roy Ladurie et quelques incontournables travaux des historiens de la Chasse , tel ceux de Monsieur Dunoyer de Noirmont . Cependant , l'ensemble de ces vérités historiques connues sont cachées dans la quasi-totalité des livres sur l'affaire de la Bête . Pourquoi à votre avis ?

Les instigateurs de cette mini-révolte du Malzieu furent finalement sanctionnés , mais il fallu de nombreuses plaintes auprès de la maison du roi pour que les choses bougent . On devinera que le prince de Conti ne bougea pas , lui , le petit doigt pour réprimander ses sujets du Malzieu , comme l'espérait sans trop y croire le Syndic Etienne Lafont , et même s'il l'avait fait , cela ne l'aurait été que pour la façade , puisqu'il était évident que les bourgeois du Malzieu n'avaient pas agi de la sorte par leur seule volonté .

Sur ordre du comte de Moncan , qui relayait de cette façon uniquement les décision de Versailles , ce fut le sieur Jean-Antoine Cancé , exempt de la brigade de la Maréchaussée de Mende , qui fut chargé d'aller avec ses cavaliers , le 2 Avril 1765 , effectuer la mauvaise besogne en se rendant au Malzieu pour arrêter le sieur Astruc , premier consul de la cité , afin de le conduire aux prisons de Mende . Au total , ce fut pas moins d'une quinzaine de notables du Malzieu qui furent concernés par ces sanctions du roi . Les quatre principaux sujets du prince de Conti , dont le consul Astruc et le sieur Brun , furent incarcérés .

Vénerie de l'équipage du Prince de Conti à l'Isle-Adam , d'après Ollivier Michel Barthélémy , peintre officiel des chasses du Prince Louis-François de Bourbon-Conti .

Vénerie de l'équipage du Prince de Conti à l'Isle-Adam , d'après Ollivier Michel Barthélémy , peintre officiel des chasses du Prince Louis-François de Bourbon-Conti .

A travers cette importante affaire du Malzieu , jamais trop ébruitée dans les livres sur la Bête , on devinera que se dévoilait la continuité de ce bras de fer ininterrompu entre le roi Louis XV et le prince de Conti . Restèrent-ils longtemps en prison ces notables Malzéviens ? On peut en douter face à la détermination du prince de Conti à protéger ses fidèles serviteurs , esprit fraternel des frères du Temple oblige .

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

Quels étaient , en 1765 , les réels pouvoirs à distance du prince de Conti en Gévaudan ? Où étaient ses appuis sûrs et inébranlables au niveau de la puissance du commandement ? Deux questions auxquelles il est assez facile de répondre .

Tout d'abord , et tout en haut , se trouvait le comte d'Eu , Louis-Charles de Bourbon , le gouverneur du Languedoc et donc du Gévaudan , dont nous avons vu le peu d'estime qu'il pouvait tout à fait logiquement avoir pour le roi . Souvenons-nous que son père fut aussi le Grand-Maître de l'Ordre du Temple de 1724 à 1736 , et également un éminent membre de la Loge conspiratrice de ''La Mouche à Miel'' (l'abeille de Mérovée), fondée à Sceaux par son épouse Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé , qui en fut la fondatrice et la dictatrice perpétuelle , et qu'ils connurent tous deux l'incarcération durant deux années sur ordre du Régent Philippe d'Orléans et du jeune roi Louis XV . Voltaire , madame de Chambonas (cousine des Morangiès et première dame de la Duchesse) , mais aussi leur cousin le cardinal de Bernis , furent parmi les dizaines d'autres membres de cette Loge d'opposition au pouvoir . Faut-il à cela ajouter , comme nous l'avons déjà signalé , que le fils du Duc et de la Duchesse du Maine, Louis-Auguste de Bourbon (1700-1755), prince des Dombes et gouverneur du Languedoc et du Gévaudan, fut tué en duel par un proche du roi !? Outre d'être cousin du prince de Conti , quel était croyez vous , selon ce qu'on sait à son sujet , le point de vue du comte d'Eu vis à vis de cette profonde discorde avec Louis XV ? Est-il besoin de signaler que l'on voyait bien à l'Isle-Adam , chez Conti , les livrées de chasses du comte d'Eu , cédées et héritées de celles de l'équipage des ''sans quartiers'' de son oncle , le comte de Toulouse , le père du Duc de Penthièvre, le Grand Veneur de la Couronne .

Ensuite venait Charles-Juste (ou Just) de Beauvau-Craon , Grand d'Espagne et prince du Saint-Empire Romain , lieutenant-général des armées du roi , commandant en chef pour la province du Languedoc , et donc du Gévaudan au temps de la Bête . Il était uni , par son épouse , à la famille de La Tour d'Auvergne et à l'évêque de Mende par les Choiseul-Praslin . Ces divers liens familiaux en faisaient d'ailleurs un cousin du comte de Morangiès , car ce dernier était pareillement lié aux Choiseul et à l'évêque de Mende , par son épouse Marie-Paule-Thérèse de Beauvilliers de Saint-Aignan . Charles-Just de Beauvau avait aussi en commun dans ses branches avec Morangiès cet ancêtre dérangeant de Gilles de Rais , par les Craon . On sait aussi par plusieurs courriers , qu'il s'occupa très sérieusement de Jacques Portefaix , dont le célèbre combat contre la Bête se déroula au tout début de sa nomination à la tête du commandement en Languedoc , et qu'il resta même en contact jusque dans les années 1780 avec ce jeune héros de la Margeride . Le prince de Beauvau était membre de la Cour du prince de Conti au Temple de Paris . Sa sœur, Marie-Françoise-Catherine de Beauvau , fidèle de Voltaire , faisait aussi partie de la Cour du Temple du prince de Conti . Mais elle est surtout connue comme ayant été la reine de la Cour de Lunéville , où elle fut la maîtresse en titre du roi de Pologne , Duc de Lorraine et de Bar , Stanislas Leszczynski , qui bien que beau-père de Louis XV, entretenait dans son Versailles Lorrain une Cour tout à fait dissidente et opposée au pouvoir de son beau-fils , et qui avait en quelque sorte pris le relais de la Cour de Sceaux , celle du Duc et de la Duchesse du Maine , qui n'étaient plus de ce monde . On peut d'ailleurs très bien constater tout l'amour que Louis XV portait à son beau-père juste après sa mort , survenue assez mystérieusement en 1766, par le comportement qu'il eut vis à vis de son château de Lunéville , ce Versailles Lorrain d’opposition , qui lui fit tant d'ombre au cours de son règne . Stanislas fut aussi le mécène du comte de Morangiès pour les fouilles et travaux qu'il fit sur ses terres Gabalaises à la cure de Bagnols en 1764 . Cela ne vous a pas paru étrange qu'un roi de Pologne , le maître de la Lorraine , octroie une importante somme d'argent à une petit seigneur de province qu'il ne connaissait probablement pas , uniquement pour gratter la terre en Gévaudan ? Cherchez donc un peu du côté de St Enimie et de ce qui unissait cette région à la Lorraine et à cette dynastie , alors vous comprendrez ce qu'il en était vraiment . Le plus amusant , étant que le prince de Beauvau , tout comme son second et ami , le comte de Moncan , avaient servit tous deux dans la garde du roi Stanislas . Le Duc de Choiseul était aussi le poulain de la Lorraine dont il portait les prénoms du fils du précédent Duc (uni avec les Habsbourg) , et faisait aussi partie de l'académie de Stanislas à Nancy . De Beauvau demanda même au comte de Moncan de faire entrer son fils dans la garde de Stanislas alors qu'il avait déjà été appelé en d'autres lieux pour son service . Quel étaient les rapports du prince de Beauvau avec le roi ? ... étant l'ami du prince de Conti , à votre avis ? En 1767 , de Beauvau s'opposa fermement au roi Louis XV en faisant libérer , contre son avis , les prisonnières protestantes de la Tour de Constance à Aigues-Mortes . Le roi le fit casser aussitôt . Premier blâme ! Quoi de plus normal pour un sympathisant du Temple que de tenter de soulager les maux des protestants . C'est une interrogation qui ne se pose même pas . A Noël 1770 , le ministre Etienne-François de Choiseul est renvoyé par Louis XV et son gouvernement démantelé . Il est exilé en pays de Loire en son château de Chanteloup . Louis XV interdit à quiconque qui n’est pas de sa famille de lui rendre visite , car Choiseul a édifié sur place une Cour dissidente au pouvoir du roi . Le domaine de la Pagode ! On dira que c'était seulement un juste retour des choses . De Beauvau , qui était pourtant l'un de ses cousins par les Choiseul-Praslin, lui rend visite . Louis XV le fait aussitôt casser et lui retire son poste de commandant en chef de la province du Languedoc . Bien que n'étant plus de ce fait aux responsabilités de la province , il continuera à garder des liens épistolaires avec Jacques Portefaix comme nous l'avons dit . Du fait de sa proximité avec le prince de Conti , il existe très peu de chance pour que le prince de Beauvau n'ait pas également appartenu à l'Ordre du Temple . Son blason à fond d'argent (blanc) et figures de gueules (rouge ) reprenait d'ailleurs les émaux de L'Ordre du Temple. De plus , les lions rouges de ses armes étaient en rapport direct avec une figuration par quartier de l'habit , prévu un instant pour les chevaliers du Temple . Mais ils étaient aussi la figuration de l'emblème repris par les frères de l'Ordre réfugiés en Écosse , et qui fut adopté à la base par le roi Robert Bruce pour ses couleurs , car  directement dérivé du lion noir des Flandres , pays dont il était originaire . Est-il besoin de rappeler que la cavalerie templière combattit aux côtés de l'armée de Robert Bruce à Bannockburn en juin 1314 (alors que l’Ordre était déjà dissous par Clément V à cette époque) , la chlamyde templière à la croix pattée dissimulée sous la cotte d'armes , et qu'ensemble ils gagnèrent pour un temps l'indépendance de l’Écosse . Cette liberté fut ensuite perdue à Culloden comme vous le savez , mais entre temps les écossais et leurs frères des loges de leur rite , ne cessèrent jamais de chercher à remettre sur le trône de l’Écosse la branche des Stuart . Vous savez , cette branche dont était issu le Duc de Fiz-James , le commandant en chef de la province du Languedoc qui avait géré les débuts de l'affaire de la Bête du Gévaudan avant que le prince de Beauvau ne prenne sa suite en 1765 , puisqu'il avait été cassé par le roi Louis XV pour ses déboires et ses actions entreprises contre la justice royale de Toulouse et les parlementaires . Nous avons relevé dans les archives , un jugement qui lui interdisait de s'autoriser à porter le titre de ''commandant en chef de la province du Languedoc'' (et du Gévaudan forcément) . Cela vous donne une idée de l'étendue du malaise qui existait alors entre Versailles et la province Languedocienne . Faut-il rappeler (ce que nous avons déjà signalé ici ) que son frère , l'ancien aumônier du roi , avait été également cassé par le roi Louis XV suite à son humiliation à Metz en 1744 , et exilé à vie dans son diocèse de Soissons où il devait mourir à l'âge de 55 ans , le 19 juillet 1764 . Et oui , encore un 19 , ça ne s'invente pas .

Faut-il ajouter que le prince de Beauvau s'éteignit tranquillement dans son lit à Saint-Germain-En-Laye en pleine Révolution , en 1793 , et que , comme le Duc de Penthièvre (seconde fortune du royaume de France après le roi) , le marquis de la Garde Chambonas (cousin des Morangiès), ou la famille d'Hautpoul , seigneurs du Razès et de Rennes-le-Château (cousins des Morangiès par les Montesquieu) qui vécue toute la Révolution en plein Paris , il ne fut nullement inquiété alors que dans un même temps de nombreuses têtes de ci-devant se baladaient au bout d'une pique dans la rue !? Le comte Fleury s’était d'ailleurs ému dans l’un des ses livres , de cette inexplicable situation . Bon c'est vrai que bon nombre de ces personnes , qui avaient sympathisé de longue date avec les insurrectionnels et même œuvré parfois au renversement du pouvoir royal, sentirent un moment la situation leur échapper et gagnèrent l'émigration en toute hâte , tel le marquis de Chambonas du Gévaudan , après avoir trahi tous les camps qu'il avait servit . On notera que le comte de Morangiès et son frère le Baron de Saint-Alban, bien que ci-devant nobles , ne furent pas davantage persécutés par la justice révolutionnaire , et même que Jean Annet servit dans la garde nationale . Nous ne ferons pas de commentaires , vous aurez compris . Après , d'autres eurent un peu moins de chance , tel le Duc de La Rochefoucauld qui fut massacré à Gisors (et oui ça ne s'invente pas) par les volontaires de l'Orne et de la Sarthe qui montaient au front . La famille de La Rochefoucauld , cousins direct des Apchier , était toute puissante et posséda les fiefs d'Arques en Razès (selon certaines archives) et aussi des terres à Châteauneuf-de-Randon en Gévaudan , dont nous avons parlé au sujet du cénotaphe du Grand Maître du Guesclin . C'est dans leur hôtel particulier de Paris que fut conduite la dépouille de la Bête tuée par Jean Chastel le 19 juin 1767 . Elle fut d'ailleurs enterrée dans le jardin de leur hôtel . Les La Rochefoucauld connurent ainsi les secrets de la Bête , mais furent victimes d'une autre bête immonde qui échappa d'elle même à tout contrôle et à ses initiateurs qui ne l'avaient pas souhaitée ni même possiblement imaginée aussi terrible et sanguinaire . Le Duc d'Orléans , qui avait aussi été encouragé à voter la mort de son cousin Louis XVI , le comprit également à ses dépends . Il ne faut jamais perdre de vue que le terme ''complot'' a été inventé par des personnes qui ne souhaitent pas que la vérité perce un jour , parfois par bêtise et ignorance , d'autres fois par calculs et intérêts . Il n'y a pas de complots ou de conspiration permanente , tout juste des fluctuations politiques traditionnelles et courantes , chevronnées de divers intérêts , au sein même de l'Histoire , avec parfois quelques glissements imprévus échappant à tout contrôle prémédité , et qui globalement ne figurent pas dans les livres de l'Histoire officielle pour diverses raisons que vous comprendrez aisément . Il n'y eut aucun complot en Gévaudan dans l'affaire de la Bête ni ailleurs , juste ces états de faits très difficiles à contester quand on est un tant soi peu ''éveillé '' et pas un abruti ou un demeuré comme on en trouve tant dans le public adorateur de la Bestià .

 

En récapitulant , on constatera que le roi Louis XV avait vraiment beaucoup d'amis en Languedoc et en Gévaudan au temps de la Bête ! Vous prendrez ainsi vous même la juste mesure des propos de ces auteurs qui osent prétendre que le Gévaudan était fidèle à Louis XV .

 

Que restait-il encore comme personnalités dans le commandement du Gévaudan et du Languedoc dont nous n'avons pas parlé ?

A une moindre échelle , ce général breton , Jean-Baptiste de Marin , comte de Moncan , lieutenant-général (général de division) et commandant en second de la province du Languedoc (après la Normandie ), de laquelle il possédait seulement le commandement intégral par intérim en cas d'absence de Fiz-James ou du Prince de Beauvau . Il s'était beaucoup investi - sous les ordres du comte d'Eu - dans l'affaire de la Bête du Gévaudan comme nous le savons . Il était principalement un exécutant et était aussi l'ami de Charles-Just de Beauvau , depuis au moins la Lorraine où ils avaient tous deux servi le roi Stanislas . Etait il également membre de la Société du Temple ? Difficile de se prononcer avec certitude . Ce dont nous sommes certains , c'est que le ''Chef ''de son blason familial avait été modifié aux couleurs du Temple (de gueules sur fond d'argent ) et arborait trois roses rouges , nous rappelant évidement à l'Ordre des Trois Roses, une société secrète germanique trouvant sa source dans la branche templière écossaise . A moins que cette symbolique ne soit plutôt à rechercher dans l'autre branche du Temple , initiée par maître Roncelin de Fos en son temps , et qui se rattachait plutôt à la doctrine des rosicruciens . Nous ne lui connaissons pas d'accrocs particulier avec le pouvoir royal , mais il n'était certes qu'un simple exécutant . Nous sommes seulement avisés qu'il mena grande vie à Montpellier et qu'il mourut , comme Étienne Lafont , en 1779 , également couvert de dettes .

 

Nous clôturons ainsi la liste des personnalités , pas vraiment fidèles au roi , qui possédaient la gestion du pouvoir sur le Gévaudan au temps de la Bête . En ce qui concerne l'évêque de Choiseul , nous avons antérieurement développé la réalité de son pouvoir , qui comme celui des autres seigneurs gabalais , s'apparentait quelque part à une véritable ''doctrine de Monroe'' gabalitaine vis à vis du royaume de France . En simplifiant , chacun devait rester chez soi et les vaches étaient bien gardées . La base du fondement de l'esprit du peuple et des notables gabales se circonscrivait à ce que le roi ne vienne pas vraiment les déranger chez eux , mettre son nez dans leurs affaires , mais seulement lorsqu'ils l'appelaient à leur secours . Il est vrai que , si on regarde le cas du marquis Pierre-Charles de Molette qui était injustement exilé sur ses terres par décision de Louis XV , il était logique que lui et sa famille n'ai pas particulièrement que des bonnes intentions favorables vis à vis du roi et de son pouvoir . On sait que les Morangiès et leurs cousins avaient plus d'une fois servit au sein de l’armée des princes de Conti - qui ont donné un gouverneur au Languedoc - , qu'ils avaient pareillement collaboré à l'armée des rois , qu'ils étaient aussi ''les Monseigneurs'' du Doge de Venise , le chef de la noblesse noire italienne , qu'ils restaient fidèles à la branche ultra catholique , mais aussi un peu à contrario à celle des familles qui s'étaient vouées corps et âme au protestantisme . Nous reparlerons de la vie et de la personnalité de ces autres figures du Gévaudan à travers les futurs dossiers de ce blog .

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

Si une historienne de renom semble avoir exposé quelques possibles rapprochements entre le prince de Conti et le scandale des très nombreuses disparitions d'enfants de l’Hôpital Général de Paris , qui déboucha sur la bien triste et sanglante ''Marche Rouge'' de la révolte de ce peuple si injustement privé de ses enfants , et si l'on peut à la rigueur octroyer une certaine écoute à diverses rumeurs , prétendant qu'on lui conduisait de jeunes filles en voiture au Temple pour un aller sans retour , il serait évidement totalement décalé d'imaginer dans le plus grand ridicule , le prince couvert d'une peau de loup poursuivant les enfants du Gévaudan , tel le prétendu Messire . Et cela même si Christian Rollat , dans son livre sur la tragédie templière , indique bien que les Chevaliers du Temple étaient désignés par le roi Philippe le Bel comme des loups ravissants parce qu'ils se dissimulaient sous des peaux de bêtes pour effectuer leurs méfaits . Et encore même si ceci nous rappelle partiellement la secte des hommes loups du Languedoc que combattit en son temps le modèle Janséniste de Monseigneur de Choiseul , en la personne de Nicolas Pavillon , l'évêque d'Aleth . Le crime qui eut lieu en Gévaudan en juillet 1777 fut pareillement accompli par un homme accoutré de la sorte . Et cela même si avec les trois 7 sont sans doute moins inquiétants que les trois 6 ! Non , plus sérieusement , si le prince de Conti tirait bien , tout à fait logiquement , les ficelles au sujet de ses domaines du Gévaudan , comme nous l'avons vu pour l'affaire du Malzieu , il y a très peu de chance pour qu'il soit venu en personne sur ses fiefs gabalais durant la période de l'histoire de la Bête , et qu'il ait interféré dans les événements , sur le terrain . Il y a par contre de fortes chances que , comme pour le cas de cette rébellion du Malzieu , il ait aussi interagi à distance dans d'autres situations qui auraient pu mettre en échec les chasseurs , et à travers eux les Condés et le roi , mais pas contre les d'Enneval bien entendu . Nous verrons un peu plus loin pour quelle raison . Alors oui , que le prince de Conti ait pu couvrir les agissements de certains de ses sujets en Gévaudan , c'est tout à fait possible , tout à fait concevable même , mais tout ce qu'il a pu faire en rapport avec cette histoire , s'est restreint à des ordres donnés du Temple de Paris ou de son château de l'Isle-Adam . Un document prouvant sa présence en terre gabalaise entre 1764 et 1767 pourrait bien entendu infirmer notre propos , mais nous doutons fort que ce document soit un jour découvert puisque ses correspondances en rapport avec le Gévaudan , qui sont placées pour une partie dans un dossier des archives départementales du Puy-En-Velay – et qui est dit ''réservé'' (non consultable sans certaines autorisations) - est tout simplement vide de tout feuillet . Un redoutable ''papivore'' des archives les aura sans doute tous dévorés ?

Après , nous avons vu qu'il était probablement aussi dans l'ombre le ''Souverain Illustre'' de la Loge de la Félicité sur son Isle Merveilleuse . Un manuscrit de la Société de Musicologie du Languedoc laissait apparaître dans ses pages , outre que cette Loge était peu recommandable par ce qui s'y passait , une allusion à ''l'isle de la Félicité'' qui n 'était pas une chimère . Fallait-il y voir un subtil rapprochement avec le domaine de l'Isle-Adam , dont les terres et château étaient entourés d'eau (se reporter à l'illustration plus haut sur ce dossier) ? Plusieurs sources ne laissaient point de doute sur l'appartenance , au plus haut niveau , du Prince de Conti à cette société contestée et ennemie de la Franc Maçonnerie .

Cette impressionnante et puissante Loge Hermaphrodite avait été constituée par le cousin des Morangiès , le marquis Scipion Louis Joseph de La Garde Chambonas , du château de la Garde Guérin situé en Gévaudan aux confins du Vivarais . Il en était le Grand Maître et partageait cette charge avec le Duc de Bouillon , Godefroy-Charles-Henri de La Tour d'Auvergne . Nous Sommes informés du caractère très peu catholique des cérémonies qui se déroulaient dans les ''chapelles'' de cette Loge . Nous savons également qu'elle avait dans ses rangs d'illustres personnages comme l'abbé de Bernis , cousin des Morangiès et des Chastel , et qu'elle disposait de pied à terre à Paris , en Île-de-France , en Normandie et en Avignon où elle se permettait même de défier le vice-légat du Pape , Monseigneur Grégoire Salvati mais aussi Monseigneur Joseph de Guyon de Crochans , l'archevêque d'Avignon , qui fit un mandement pour dénoncer les excès de cette secte qui baignait dans la perversité la plus malsaine . Tiens donc , un mandement ? Cela ne vous rappelle rien ? Ce fameux mandement de l'évêque de Mende , Monseigneur Gabriel-Florent de Choiseul-Beaupré lu en cette fin de décembre 1764 dans toutes les églises des paroisses du Gévaudan pour dénoncer les excès de cette luxure qui ne venait pas du peuple évidement , mais uniquement de cette partie de la noblesse totalement dépravée et ayant basculée vers un quelconque culte satanique . Les paroles de l'évêque de Mende étaient dès lors plus qu'explicites : << Ce sexe dont l'ornement fut toujours la pudeur et la modestie , semble n'en plus connaître aujourd'hui ; il se donne en spectacle en étalant sa mondanité et se fait gloire de ce qui devrait le faire rougir . On le vit s'occuper à tendre des pièges à l'innocence , à usurper un encens sacrilège , à attirer dans nos Temples des adorations qui ne sont normalement dues qu'à la Divinité (qu'à Dieu) … l'abomination a pénétré jusque dans le lieu saint qui a été profané par des sacrilèges !>>. Vous noterez qu'il est bien dit par ''des'' sacrilèges et non par ''ces'' sacrilèges . Il est donc question d'un apport extérieur sur le lieu saint qui n'est pas en lien avec ce comportement mais bien à une action de la part d'individus qui ne respectaient plus le sacré ordonné par l’Église . De notre point de vue , il n'existe à cette heure guère de meilleure analyse du mandement de l'évêque de Choiseul , que celle de Monsieur Georges Charles . Il est inutile d'en rajouter . Seuls certains bestiologues aveuglés par leur anticléricalisme primaire n'ont pas été en mesure de comprendre le sens profond , et à peine voilé , des propos de l'évêque de Mende . Et oui , uniquement des sectes influentes comme celle de la Félicité pouvaient se permettre des cérémonies dans d'anciennes chapelles templières où celles qui se trouvaient sur les terres de certains châteaux de seigneurs , et qui étaient pourtant considérées par l’Église comme des lieux saints jusqu'à nouvel ordre , mais aujourd’hui profanées . Comment l'abomination du petit peuple du Gévaudan aurait pénétré jusque dans le lieu saint et l'aurait profané par des sacrilèges ? Sans doute faut-il être doté d'une très grande ignorance , d'un esprit tordu , voire d'une imbécillité très ancrée et d'une insuffisance de matière grise , pour ne pas comprendre le sens des phrases du mandement de l'évêque de Mende . Tout ce que ces auteurs savent faire , c'est replacer sans cesses et bêtement dans leurs livres , afin de meubler les vides de leurs pages , les lignes de ce long mandement sans parvenir à en saisir le moindre sens de ses mots . Il est vrai que le sacré ecclésiastique n'est vraiment pas leur tasse de thé . C'est plutôt l'adoration du gros bourrin – du veau d'or – qui occupe leur esprit . La terrible affaire des poisons avait bien révélé l'emploi de chapelles pour les cérémonies des messes noires et des sacrifices d'enfants . Rappelez vous que la grand-mère du comte de d'Eu , la mère du Duc du Maine , fut chassée de la Cour par Louis XIV suite à cette affaire des Poisons . La petite marquise Marie-Madeleine de Brinvilliers , qui s'était réfugié un temps hors de France , chez l'ancien secrétaire de Nicolas Fouquet (nous en avons parlé plus haut souvenez-vous) , fut finalement capturée et connut la peine capitale comme l'empoisonneuse et prêtresse , la Voisin .

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

La famille Molette de Morangiès avait-elle quelques accointances avec cette secte Loge dont bon nombre de ses cousins figuraient dans la liste des membres ? Pas la moindre source connue à cette heure ne permet de l’affirmer . La sachant aux mains du prince de Conti , et après avoir constaté le peu d'empathie que Jean-François-Charles de Molette de Morangiès avait pour les sujets du prince au Malzieu , il est peu probable qu'il ait eu le moindre lien avec cette Loge de la Félicité .

Le Marquis Scipion Louis Joseph de La Garde Chambonas , du château de la Garde Guérin , situé en Gévaudan aux confins du Vivarais . Il était le Grand Maître fondateur de la Loge de La Félicité .

Le Marquis Scipion Louis Joseph de La Garde Chambonas , du château de la Garde Guérin , situé en Gévaudan aux confins du Vivarais . Il était le Grand Maître fondateur de la Loge de La Félicité .

Le Duc de Bouillon  , Godefroy-Charles-Henri de La Tour d'Auvergne . Il était également le maître de cette Loge de La Félicité aux côtés de son fidèle ami Chambonas .

Le Duc de Bouillon , Godefroy-Charles-Henri de La Tour d'Auvergne . Il était également le maître de cette Loge de La Félicité aux côtés de son fidèle ami Chambonas .

Nous savons que le comte de Morangiès n'avait pas davantage de sympathie pour le camp du roi , sans doute en raison de ce que ce monarque faisait injustement subir à son père à travers cet exil forcé sur ses terres du Gévaudan . Par contre , on est en droit de se demander s'il ne rejoignait pas le courant intégriste et très religieux de son cousin par alliance , l'évêque Gabriel-Florent de Choiseul-Beaupré . L'Histoire nous confirme que les Morangiès ont toujours été très proches des évêques de Mende . On peut aussi se demander s'il n'était pas en lien avec cet ordre ultra catholique des Chevaliers de Sainte-Marie , créé par le Pape en 1620 ? Il aurait alors tourné le dos aux idéaux de son ancêtre Guillaume de Nogaret , qui est resté connu comme un assassin de pape ? On sait que la famille de Montluc , dont Pierre Tassy était le subdélégué de l'Intendant d'Auvergne à Saint-Flour , avait de forts et anciens liens avec cet ordre à fondement religieux , qui était très puissant en Languedoc . Mais cet ordre des Chevaliers à la croix de Malte bleue et à la chlamyde blanche de Sainte-Marie , était il toujours fidèle au roi et au pape au XVIIIe siècle ? On peut sérieusement en douter depuis l'exécution sauvage à Toulouse du gouverneur du Languedoc , le Duc Henri II de Montmorency , sur ordre Louis XIII et du cardinal de Richelieu . Est-il besoin de rappeler qu'au moins un fils du Duc de Montmorency était chevalier dans cet Ordre de Sainte-Marie . Les Montmorency était l'une des familles sacrées du Languedoc depuis le Connétable Anne qui perdit la vie en combattant au nord les troupes protestantes de Louis de Condé . Il est évident que le courant de cet ordre se rapprochait véritablement de celui de l'évêque de Mende qui ne donnait l'absolution qu'aux élus de cette ''race fabuleuse'' , à ces lupés mérovingiens et autres désignés de l'élite

Chevalier de l'Ordre de Sainte Marie au XVIIIe siècle , en Languedoc , Razès , Septimanie et Gévaudan .

Chevalier de l'Ordre de Sainte Marie au XVIIIe siècle , en Languedoc , Razès , Septimanie et Gévaudan .

Le Gévaudan au temps de la Bête était donc parsemé de différents courants politiques et religieux , souvent opposés , et il est de ce fait assez difficile de savoir qui suivait quelle doctrine précise et ce que faisait tel ou tel autre seigneur . Ce dont nous pouvons être assurés , c'est que les sujets du prince de Conti n'avaient pas , par cette désertion aux chasses , aidé à vaincre la Bête ce 7 février 1765 , mais au contraire aidé à prolonger sa survie . Sur ce point nous vous conseillons grandement la lecture du livre de l'abbé Pourcher , le plus grand historien de la Bête , qui dit les choses telles qu'elles étaient réellement , pas comme certains ouvrages récents qui cherchent à minimiser les faits , voire à les dissimuler aux moins avertis d'entre vous . Les rares personnes du Malzieu qui avaient suivi la chasse ce jour là , avaient raté leurs tirs sur la Bête . Les fusils faisaient long feu et la poudre était mouillée , uniquement en présence de la Bête , mais pas pour percer la peau de ces pauvres loups qui tombèrent par dizaines . Oui , c'est certain, on a essayé de nous prendre , vous comme nous , pour des innocents .

A première vue , en tous cas , le comte de Morangiès n'avait pas la moindre compassion pour la Bête , et détestait ceux du Malzieu , qui avaient mis sa chasse en échec. Cela met à mal les hypothèses des auteurs qui avaient vu en lui un sadique et le maître de la Bête . A moins , bien entendu , qu'il laissait dans cette affaire parler son esprit emprunt de la Comédia dell'arte !? Quelques-uns on vu dans les meurtres de la Bête une vengeance des protestants puisque les victimes étaient en principe majoritairement catholiques . Cette voie n'est pas non plus à écarter , en prenant comme référence l’insupportable exécution des trois frères Greniers à Toulouse en 1762 , au moyen de la redoutable lame du Damas des Capitouls , dont nous avons été les premiers à en parler comme la possible arme à décapiter employée dans certains crimes de l'affaire de la Bête . L'intérêt prend encore davantage de poids lorsqu'on découvre que la famille Grenier était unie à une famille de verriers de la Margeride au temps de la Bête , mais aussi directement à celle des de Boissieu . La famille du subdélégué de l'intendant d'Auvergne à Langeac , qui va bien curieusement s'enfuir vers l'Île-de-France , lorsque François Antoine donna un coup de pied dans la fourmilière au cours de l'été 1765 . Ce qui est très étrange , c'est que , comme l'a très justement souligné dans l'un de ses livres le professeur Jean-Marc Moriceau , la sœur de ce subdélégué de Langeac sera obligée de cacher le nom de son frère pour parvenir à se marier , et que cette famille va ensuite s'exiler de la région où elle vivait pourtant depuis plusieurs siècles . Curieux non ? Curieux également que madame de Boissieu donna aussi du crédit aux affirmations des Chastel pour décrédibiliser monsieur de la Védrine en prétendant qu'il n’avait tiré qu'un gros chien , mais pas la Bête . En clair , que Monsieur de la Védrine , s'il n'était pas de Marseille , avait tendance à gonfler les faits pour se donner de l'importance . Étrange aussi ce cousin par plusieurs branches , et par union en 1765 , d'une ancienne famille cathare à la famille Morangiès , à qui le comte de Moret de Peyre avait octroyé un de ses fiefs dit ''du diocèse de Mende'', et qui s'était pareillement enfui vers l'Île-de-France à la même époque , en compagnie de sa sœur également tout juste mariée . Est-il besoin de préciser que cette famille racheta au XIX e siècle ce premier château du Gévaudan qui avait si longtemps appartenu à son ami le comte de Peyre . Ce personnage était connu comme un maître de justice dans sa Généralité du Tarn . On est en droit de se demander pour quelle raison sa présence apparaît-elle en filigrane dans l'histoire du Gévaudan ? Ce qui est aussi assez déroutant , c'est que la lettre d'Auvergne nous apprend par exemple que la rumeur populaire du pays des gabales disait que la Bête était un juge des environs !? Bien curieux que cet étrange parallèle . L’ensemble de ces faits sont historiquement connus et prouvés et jamais un historien ne viendra prendre le risque de les contredire de peur de se voir ridiculisé devant les multiples preuves qui étayent ces faits historiques . Mais pourtant aucun ouvrage ne vous en parle , en dehors de celui de Marc Saint-Val . Posez vous la question de savoir pour quelle raison . Après , si vous préférez demeurer dans la lecture des petits livres de la Bête , niveau école primaire , c'est votre droit , mais ne faites pas semblant dès lors de vous intéresser aux tréfonds de cette histoire . Libre à vous également de vous limiter à écouter le bloc des ''taiseurs de vérité'' , avec un bilan identique à la clef . Le choix est entre vos mains , mais il est inutile de vous ''souiller'' comme le font trop de personnes en tentant de ré-crédibiliser les ''menteurs intéressés'' de l'affaire . Là où se trouve le rapport au bénéfice par l'utilisation de l'histoire de la Bête , vous les trouverez en grand nombre .

Bien entendu nous pourrions aussi vous parler de la grande machination qui fut montée pour éliminer ''la Bête venue de Navarre'', titre attribué par ce courant extrême à l'un de nos rois panaché , et que l'on retrouve d'ailleurs dans l'une des études d'un membre de ces familles au sujet de la Bête du Gévaudan . Nous pourrions vous parler de ce Duc d'Epernon , un Nogaret de La Valette , impliqué dans tout ceci , et qui voulait que sa famille soit impérativement rattachée à celle du terrible Guillaume de Nogaret , l'ancêtre des Morangiès . Mais nous pourrions pareillement évoquer son ami à la funeste destinée, le sieur Ravaillac, de son vrai nom de Marigny ! Et oui , les patronymes de Nogaret et de Marigny, cela ne vous rappelle t-il pas quelque chose à propos de l'élimination du Temple ? Aussi, nous n'oublierons pas à la mémoire de cette histoire , ce Jean Chastel d'Auvergne , envoyé en premier assassiner ce roi panaché , qui échoua de peu et connut une fin toute aussi funeste que celle de Ravaillac, allias de Marigny , dont l'ancêtre avait fini pendu au gibet de Montfaucon en 1315 (deux rouquins). Un nom peu enviable car entaché de sang , mais qui fut pourtant repris avec son titre de marquis par le frère de madame de Pompadour lorsqu'il commença à s’élever en société . Nous serions aussi autorisés à vous parler de ces noms qui seront souvent cités dans d'autres affaires louches , comme celui de La Mothe qu'on retrouvera dans l'affaire des poisons sous Louis XIV , mais aussi d'Antraigues , originaire d'un fief tout proche du Gévaudan qui ne montra pas plus que cela sa fidélité au roi .

Nous pourrions nous étendre sur le contenu de ces couloirs de l’Histoire durant des heures entières, mais nous n'avons ici ni le temps ni l'espace .
Nous allons donc de ce pas en terminer ici avec les chasses des soldats de Clermont-Prince et de leur capitaine Duhamel , en Gévaudan .

 

Malgré cet échec dans la traque de la Bête ce jeudi 7 février 1765 , dont nous avons antérieurement parlé en détail , le capitaine aide-major Jean-Baptiste-Louis-François Boulanger Duhamel ne désarma pas pour autant et entreprit comme prévu la chasse du lundi 11 février , jour de la Sainte Julienne , qui se déroula de la levée du jour (7 h 11mm) jusqu'à la tombée de la nuit , (16 h 49 mm). Selon les lettres des autorités , dont celle du sieur Étienne Lafont , cette immense chasse ressembla un effectif de 20. 000 hommes . Cette titanesque traque fut ainsi la plus grande jamais réalisée dans l'ensemble de l'Histoire de l'Humanité à la poursuite d'un animal invisible . Car si quelques loups pointèrent bien le bout de leur museau et tombèrent malheureusement pour eux , sous les balles des chasseurs qui cette fois là n'étaient pas charmées (sic) , la Bête , elle , ne fut ni débusqué , ni tirée , mais brilla tout simplement par son absence durant l'ensemble de la journée . Le temps était froid , il neigeait , le vent était glacial et violent ... sans doute préféra t-elle demeurer bien au chaud avec sa bouillotte !?

A Versailles , les critiques de la Cour furent sans aucune retenue ni complaisance à l'égard de l'échec des soldats du comte de Clermont dans cette énième chasse à la Bête .

Cependant , le 1er mars 1765 , la Bête fut aperçue par un cavalier de Clermont-Prince , et ce dernier eut le temps de lui envoyer un tir de sa carabine et un coup de pistolet , mais elle continua sa course comme si de rien était .


Quoi qu'il en soit , ce second échec répétitif sonna le glas pour Duhamel et ses hommes . Les Bourgeois du Malzieu triomphaient sans vergogne et leur ami Vaumesle d'Enneval , qui s'était proposé au roi par deux intermédiaires , allait maintenant venir briller en Gévaudan et pousser vers la sortie ces soldats de Clermont-Prince et leur capitaine d'état-major . La cohabitation sur le terrain se passa de mal en pis entre Duhamel et les d'Enneval , et le 7 avril 1765 , les ordres de l'état-major , sous la pression de Versailles , tombèrent comme un coup de massue pour Duhamel et ses hommes : ils devaient se mettre en route pour quitter le Gévaudan au plus vite afin de gagner leur nouveau casernement à Pont-Saint-Esprit , sur la rive droite du Rhône , avant de remonter vers Longwy pour rejoindre leur régiment . On sait qu'ils passèrent ensuite à Philippeville (Belgique - pays d'origine de ce régiment) où ils se trouveront en garnison en 1766 avec leur régiment jumeau de la Légion de Soubise (le futur régiment de chasseurs du Gévaudan ). Les dernières compagnies de cavaliers de Clermont-Prince , qui étaient stationnées à Langogne, les avaient précédés à Pont-St-Esprit depuis le 17 mars . Elles furent ensuite remplacées à Langogne par une compagnie du régiment de Bourbon-Cavalerie en provenance du Puy , où se trouvait stationné la totalité de ce régiment de ligne . Puis ce sera au tour de quatre compagnies de la Légion du Haynault , provenant également du Puy, de les y remplacer . Certains cavaliers et officiers de Clermont-Prince qui se trouvaient à Mende , tel le lieutenant Delmas , avaient aussi déjà rejoint antérieurement Pont-St-Esprit . Duhamel est sa compagnie d'élite passeront par Mende en cours de route afin de laisser , à l'Hôpital de Monseigneur de Choiseul , un de leur fourrier blessé .

Il n'avaient pourtant pas ménagé leurs efforts pour tenter d’éliminer les bêtes qui désolaient la contrée , mais dès le 13 mars , la décision royale de leur renvoi semblait être sans appel .


Détenteurs d'un ordre royal , les d'Enneval étaient désormais les seuls chasseurs officiels de la Bête sur le champ d'action .

Duhamel avait eu de sévères propos critiques à leur égard et celui de leurs chiens , en précisant que selon lui ils ne gagnaient pas davantage que leurs maîtres à être connus . Il est vrai que les bouilles plutôt austères de leurs six dogues danois de chasse , hauts de plus de 80 centimes au garrot , n'invitaient sans doute pas plus que cela à un ressenti de tendresse et d'affection . Le comte de Morangiès ne manqua pas non plus de se déchaîner sur leur personnes par tous les moyens , en les qualifiant de ''normands qui n'avaient d'humain que la face'' et qui s'étaient réfugiés chez ''les crapules du Malzieu'' . Mais les d'Enneval étaient maintenant les rois de la place et entendaient bien le montrer . Il est vrai , comme nous l'avons dit , qu'au Malzieu ils étaient un peu chez eux puisque la famille du prince de Conti était amie avec celle des Montesson du Maine (elle sera aussi unie aux Orléans), dont le comte , un louvetier reconnu , avait prêté à ses camarades les Vaumesle d'Enneval , un de ces dogues dirigé en Gévaudan par un valet de limier de sa maison . Les d'Enneval avaient aussi dans leurs relations , le marquis d'Oilliamson , le Louvetier du Perche . Cette grande famille d'origine écossaise avait succédé , à une époque , à la suite des grands templiers les Sinclair , à la tête de la Loge du rite écossais , qui était directement issue de l'Ordre du Temple écossais . La boucle fraternelle était bouclée . Regardez donc ce qu'étaient et sont encore les blasons des villes d'Argentan et d'Alençon , dont provenaient les d'Enneval , et comparez les avec celui de cette famille de louvetiers . Et pour finir revenez un instant au blason de l'Ordre du Temple et à celui de du Guesclin . Étudiez aussi un peu l'historique des ces cités et faites de vous même la liaison . Vous aurez certainement dès lors compris l'essentiel au sujet de ces seigneuries de Normandie . Il n'est donc pas étonnant que ces louvetiers normands étaient un peu chez eux sur les terres du prince de Conti , au Malzieu . Ils allaient maintenant entrer dans la danse gabalaise . ( Pour en savoir davantage à leur sujet , se reporter au dossier d'Enneval ).


 

Quoi qu'il en soit , cette disgrâce qui touchait le capitaine Duhamel et ses soldats , et leur départ précipité qui s'en suivit , laissa le diocèse dégarni de la moindre troupe , et le Syndic Étienne Lafont ne manqua pas de le faire savoir et de s'en plaindre aux autorités à travers ses missives .

 

Gévaudan , la campagne militaire des chasses : novembre 1764 - avril 1765

Suite à un évident manque de place sur ce dossier , nous faisons le choix de reporter l'étude des armes des chasseurs de la Bête à un futur autre dossier . Merci de votre compréhension .

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article